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Culture - Festival

Le Liban célèbre le roi des instruments pour la quatrième année consécutive

La Semaine de l’orgue au Liban (SOL), qui se déroule jusqu’au 10 février, continue à « jouer un rôle essentiel dans la renaissance et la restauration du roi des instruments ».

Après son concert hier soir à l’AUB, l’organiste Roman Perucki jouera ce lundi soir à Tripoli, el-Mina. Photo DR

« Il y a un âge où le bruit plaît plus que la musique », disait l’écrivain Louis Veuillot. Dans un pays qui écoute plus de bruit que de véritable musique, certains festivals espèrent, toutefois, mettre un peu de baume sur nos tympans en essayant de faire revivre la musique savante et de l’inscrire comme une constante dans le paysage culturel du pays. C’est dans cette perspective que s’inscrit la création de la Semaine de l’orgue au Liban (SOL) qui continue, pour la quatrième année consécutive, à « jouer un rôle essentiel dans la renaissance du roi des instruments et constitue une incitation importante à la restauration et à la mise en place de nouveaux orgues », selon son fondateur, le père Khalil Rahmé. Ce dernier, durant le concert inaugural, a annoncé que le Liban accueillera deux nouveaux membres dans la famille de l’instrument à tuyaux, l’un à l’église Saint-Louis des capucins au centre-ville et l’autre à l’école Johann Ludwig Schneller à Kherbet Kanafar, et a sollicité l’appui des donateurs pour la restauration de l’instrument « bijou » de l’église Saint-Joseph des pères jésuites.

SOL part à la découverte des compositeurs européens et explore le répertoire baroque sous ses différents aspects tout en proposant aussi des concerts où se mêlent œuvres contemporaines et œuvres sacrées et profanes. Le concert d’ouverture, un « incontournable » selon ses organisateurs, qui s’est tenu le 2 février au collège du Sacré-Cœur à Gemmayzeh à l’occasion du 125e anniversaire de l’institution, a mis en lumière la position importante de l’improvisation dans la culture d’orgue à travers la grande souplesse et l’incroyable maîtrise du jeu qu’a déployés l’organiste français Fréderic Blanc, ce maître de l’improvisation fuguée. L’ancien titulaire du grand orgue Cavaillé-Coll de l’église Notre-Dame d’Auteuil a fait jaillir toute sa passion en improvisant, sur le majestueux orgue Debierre-Gloton, les thèmes musicaux du film Où allons-nous maintenant ? de Nadine Labaki dont la projection, au sein même de l’église, a suscité certaines controverses de la part d’un nombre de croyants.

Le dimanche 3 février, l’Assembly Hall de l’AUB a accueilli le célèbre polonais Roman Perucki, organiste principal de la cathédrale de Gdańsk Oliwa (titulaire de plusieurs prix internationaux et de la plus haute distinction du Vatican décernée par le pape Benoît XVI), ainsi que la soprano Mihaela Mingheras et le contre-ténor Matteo el-Khodr qui ont présenté une sélection unique du répertoire baroque allant de Vivaldi jusqu’à Pergolesi en passant par J.S. Bach, Haendel et Gronau. Perucki qui jouera ce soir, pour une deuxième et dernière grande soirée dédiée à Vivaldi, Telemann, Pachelbel, Frescobaldi et d’autres, au monastère Saint-François à Tripoli, el-Mina, avec Farid Rahmeh sur la flûte à bec, a déclaré, dans un entretien avec L’Orient-Le Jour : « J’ai parcouru l’Europe, les États-Unis, la Russie, le Japon et plein d’autres pays, mais c’est la première fois que je visite le Moyen-Orient. Quel plaisir de pouvoir jouer au Liban! » Organiste de plus de quarante ans, il joue cent concerts en moyenne par année et insiste sur le fait que « la musique baroque, jouée par l’orgue spécialement, est en relation étroite avec la chrétienté et il serait impossible de séparer l’une de l’autre ». Il note finalement que son « premier concert au Liban serait le point de départ pour d’autres visites dans le futur ». Un concert consacré au jazz/rock mettra en vedette l’organiste et multi-instrumentiste allemand Matthias Bublath, le 5 février, au O-Club – Antélias, qui sera accompagné par le saxophoniste américain Tom Hornig, le guitariste libanais Raffi Mandalian et le batteur libano-américain Christopher Michael. L’Italien Ferrucio Bartoletti, directeur artistique de la César Frank Music Association, jouera, le 6 février au monastère de Saint-Antoine à Harissa, un programme baroque d’inspiration internationale avec l’italien Frescobaldi, les allemands Froberger et J.S. Bach, et l’allemand d’ascendance danoise Buxtehude. L’Espagnol Juan Paradell Solé, organiste du prestigieux chœur de la chapelle Sixtine, accompagnera, le 7 février, à la basilique Notre-Dame de la Médaille miraculeuse à Achrafieh, le violoniste Mario Rahi qui offre une parenthèse privilégiée au répertoire romantique, signature d’une musique centrée sur un monde luxuriant. Le 8 février, l’organiste hongroise Zita Nauratyill interprétera, dans le plus grand concert du festival tenu au monastère Notre-Dame de Louaizé, le concerto pour orgue n° 4 du compositeur libanais Naji Hakim et le célèbre Requiem en ré mineur de Fauré, accompagné de l’Orchestre philarmonique du Liban sous la houlette de Lubnan Baalbaki, du chœur de l’université Notre-Dame, de la soprano Marie-Josée Matar et le baryton Fernando Afara. Finalement, le concert de clôture aura lieu le 10 février à l’église évangélique nationale au centre-ville où une soirée concert bouquet de pièces baroque, classique et romantique seront données par le lauréat du concours Bach-Liszt, l’organiste autrichien Ulrich Walther.

Aux amoureux de l’orgue, ce festival offre des moments bienvenus de musique et de méditation religieuse.


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