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Culture - Débat

« Vice » aux Oscars : yes or no ?

Christian Bale est Dick Cheney. DR

La 91e cérémonie des Academy Awards, qui récompense les œuvres cinématographiques de l’année 2018, aura lieu le 24 février. Cinq œuvres sont nommées pour le trophée tant convoité du meilleur film. Il est évident que jamais un film n’aura l’unanimité de tous les publics. Premier long métrage ausculté : « Vice », d’Adam McKay.

POUR / « Vice », un biopic survitaminé

Hugo ALTMAYER

Si la figure vociférante de Donald Trump semble aujourd’hui pouvoir envahir les écrans et esprits de tout un chacun, Vice est une injection de rappel : les heures sombres de la Maison-Blanche sont une longue histoire. Celle du septième film d’Adam McKay, c’est celle de Dick Cheney, bonhomme ventripotent qui, tapi dans l’ombre du siège de vice-président des États-Unis, a été le chef d’orchestre des dérives les plus conservatrices, sécuritaires et impérialistes de la première puissance mondiale. Livrant un biopic survitaminé, McKay reprend la formule de son précédent The Big Short pour raconter à nouveau les fléaux dont l’Amérique a été à la fois la scène et l’auteur. Steve Carrel, Amy Adams, Christian Bale, mais surtout un montage hyperactif truffé d’autant d’images d’archives que de scènes-métaphores délirantes. De cette recette efficace résulte un double portrait : derrière celui de l’ascension fulgurante d’un péquenaud inculte aux rangs du pouvoir le plus inégalable de notre siècle, se dessine celui de la descente aux enfers d’une nation aussi dupe que son président de l’époque, George W. Bush. En la personne de Dick Cheney, Vice vient révéler le visage méconnu de l’oppression moderne.

Afin de se munir de joues suffisamment bouffies pour contenir d’innombrables beignets, steaks et ordres de bombardement, Christian Bale a encore une fois brillamment transformé son corps. Une volonté typiquement Actor’s Studio d’incarner aussi explicitement que possible l’oppresseur du XXIe siècle, ce vieil homme blanc, riche et puissant, dont rien ne semble pouvoir arrêter le désir avide de pouvoir, que ce soit le droit international ou une série de crises cardiaques.

Résolument dynamique, tourné vers le divertissement plutôt que le désarroi, Vice tire un comique irrésistible du décalage entre les atrocités impunies de Cheney et l’impuissance du peuple américain, qui n’a d’égal que l’ignorance illimitée de W. Bush, tel que le représente le film. Le rire jaune de McKay n’épargne personne, sans doute parce que dans cette True Story si américaine, chacun est coupable de ses actes comme de sa passivité. De quoi faire écho, sans jamais le mentionner directement, aux sérieux dangers qui se cachent derrière le ridicule distrayant auquel s’adonne chaque jour l’actuel chef d’État américain.

CONTRE / Faire du burlesque avec du grave

Colette KHALAF

Vice va aux Oscars avec huit nominations dont quatre majeures (meilleur film, meilleur réalisateur, meilleur scénario et meilleur acteur). Comment le réalisateur Adam McKay a-t-il atterri dans l’univers sombre de Dick Cheney alias Vice ? Car outre la performance énorme de Christian Bale – j’en conviens – dans tous les sens du terme, au niveau du physique (puisqu’il a pris plus de 20 kilos) et du talent, le film ne convainc pas. Plus que cela, il déroute l’audience, la laissant durant deux heures dans une sorte de brouillard. Ceci est certainement dû au parcours assez cabossé de l’auteur et réalisateur Adam McKay. De la télévision où il participait à une émission avec Michael Moore, dénonçant des hommes d’affaires et autres politiciens qui se servent de la population à des fins démagogiques ou économiques, au cinéma, en passant par l’émission comique Saturday Night Live où il collabore avec Will Ferrell, Adam McKay, scénariste et réalisateur, ne parvient pas à trouver sa voie ou sa voix. Surfant entre comédie ou même burlesque, il a su convaincre le public avec The Big Short où il faisait le profil de la crise économique de 2008 en racontant le casse du siècle. Mais quand il s’agit de Vice, c’est une autre histoire.

Choisir un personnage comme Dick Cheney était déjà une gageure. Voici un homme qui malgré son allure monolithique a réussi à gravir les échelons du pouvoir tout en douceur et à manipuler, du moins à conseiller George W. Bush, président de la plus grande puissance mondiale. Devenu ainsi l’homme le plus influent du pays, il a largement contribué à imposer un nouvel ordre mondial dont on ressent encore les conséquences... Adam Mc Kay a bien fait ses recherches. Il a bien étudié son sujet. Mais lorsqu’il est venu pour le mettre sur papier, il en a fait un grand désordre. Ni exactement comique, ni vraiment dramatique, la première partie (avant que Dick Cheney n’arrive à la présidence) est franchement lente et finit par lasser.

On attendait plus du réalisateur de The Big Short, à l’écriture intelligente et drôle et à la réalisation également syncopée. Quant à Vice, il semble que le sujet ne se prêtait pas à ce genre d’exercice. Il s’agit-là du profil d’un homme quasi monstrueux, avide de pouvoir. Le cinéaste veut-il nous le faire aimer ? Veut-il nous faire comprendre ses aspirations et ses ambitions ? Toujours est-il que le scénario est si cafouilleux qu’on se perd dans cet imbroglio.


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commentaires (1)

il peut aussi jouer le role de michel samaha !

Gaby SIOUFI

11 h 42, le 31 janvier 2019

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Commentaires (1)

  • il peut aussi jouer le role de michel samaha !

    Gaby SIOUFI

    11 h 42, le 31 janvier 2019

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