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Moyen Orient et Monde - Autorité palestinienne

Un nouveau gouvernement palestinien... sans le Hamas

L’annonce de la formation d’une nouvelle coalition sans le mouvement islamiste pourrait faire monter d’un cran des tensions déjà plus que palpables avec le Fateh.

Le Premier ministre palestinien démissionnaire Rami Hamdallah (au centre) siègeant entre le ministre de la Santé de l’Autorité palestinienne, Jawad Awad (à gauche), et le gouverneur de Hébron, Jibril al-Bakri, lors de la cérémonie d’ouverture d’un centre médical dans le village de Beit Ula, au nord de la ville de Hébron, en Cisjordanie, le 28 janvier 2019. Hazem Bader/AFP

Nouveau souffle pour l’Autorité palestinienne ? Dans la perspective de la création d’un nouveau gouvernement, le Premier ministre palestinien Rami Hamdallah a offert hier, pour la deuxième fois depuis 2015, sa démission au président Mahmoud Abbas. De nouveaux noms circulent déjà pour le remplacer à la tête du prochain gouvernement. Figurent ceux de Saëb Erakat, actuel secrétaire général de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), Mohammad Mustafa, président du Fonds d’investissement pour la Palestine, Mohammad Shtayyeh, haut responsable du Fateh ou encore Hussein Cheikh, ministre des Affaires civiles.

Ce nouveau gouvernement palestinien, qui devrait voir le jour dans les deux prochaines semaines, ne devrait pas comporter toutefois de membres de la faction islamiste du Hamas, rival du Fateh (dirigé par Mahmoud Abbas), et contrôlant la bande de Gaza depuis 2007. Même si le Premier ministre démissionnaire a affirmé hier que le nouveau gouvernement n’aurait aucunement l’intention de marginaliser le Hamas, d’autres voix se sont élevées pour dire le contraire.

Le comité central du Fateh a recommandé dimanche la formation d’un nouveau gouvernement formé de membres de l’OLP, entité reconnue internationalement comme représentant les Palestiniens des Territoires et de la diaspora. Le Hamas ne faisant pas partie de l’OLP, il devrait ainsi être mis à l’écart. « Nous prévoyons de former bientôt un nouveau gouvernement de factions en réponse à l’incapacité du Hamas à assumer sa responsabilité nationale en cédant la bande de Gaza à l’Autorité palestinienne légitime », a déclaré dimanche Azzam el-Ahmad, haut responsable du Fateh et de l’OLP au site d’infirmations Times of Israel, cité par la chaîne i24news. « Le Hamas a aidé à former le dernier gouvernement. Cette fois, il ne participera pas à sa formation ou n’en fera pas partie », a-t-il ajouté.

Le mouvement islamiste n’a pas attendu pour répondre et a affirmé qu’un gouvernement formé en dehors d’un consensus national « sera dépourvu de toute légitimité » et s’inscrira dans la ligne des « agissements unilatéraux du Fateh », selon un tweet d’un porte-parole du Hamas, Sami Abou Zouhri.

Ce remaniement ministériel arrive dans un contexte où les deux factions rivales sont à couteaux tirés, surtout dans la bande de Gaza où l’Autorité palestinienne met un surcroît de pressions, surtout économiques, sur le Hamas. Celles-ci visent avant tout à l’asphyxier pour l’amener à redonner au Fateh le contrôle sur l’enclave palestinienne. L’enclave de Gaza doit en plus vivre avec le blocus imposé par l’État hébreu et l’Égypte et aux frappes régulières de l’armée israélienne.


(Lire aussi : Gaza, Syrie, Liban : les casse-tête de Netanyahu)


Gaza, États-Unis, plan de paix…

« Le fait que Mahmoud Abbas n’inclue pas le Hamas dans la formation du gouvernement crée d’une part une nouvelle difficulté dans le processus de “réunification nationale” interpalestinienne et éloigne dans le même temps Gaza de la Cisjordanie en créant un sentiment de marginalisation des Gazaouis », explique Hugh Dovatt, spécialiste de la Palestine et d’Israël à l’European Council of Foreign Relations (ECFR), contacté par L’Orient-Le Jour. Il ajoute que « le timing de l’annonce d’un nouveau gouvernement est un peu étrange étant donné qu’en théorie, le tribunal constitutionnel avait déclaré que des élections auraient lieu à la mi-mai (…). Ce gouvernement se constituerait bientôt en raison de l’impossibilité d’avoir des élections dans le contexte actuel. Il y a ici l’idée de remplacer la classe politique technocratique actuelle jugée peu performante par une autre avec de nouvelles têtes plus politisées ».

Le remaniement ministériel pourrait aussi être l’occasion pour Mahmoud Abbas, considérablement affaibli tant politiquement que physiquement, de « préparer le terrain » à sa succession en faisant le ménage au sein de son administration afin que celle-ci puisse aménager « l’après-Abbas ». Il n’y a pas encore d’indices qui indiquent que Abbas prépare lui-même son départ, mais on peut envisager que ses proches sont en train d’y penser avec ce nouveau gouvernement. Mahmoud Abbas est davantage préoccupé par la consolidation de son pouvoir et sa lutte contre le Hamas », conclut-il.

L’autre mission du prochain gouvernement, en plus de la gestion de la crise interpalestinienne, sera de préserver le dialogue avec la communauté internationale et plus spécialement les États-Unis, avec qui les relations sont plus que glaciales, plus d’un an après la reconnaissance de Jérusalem comme capitale d’Israël par l’administration Trump. Depuis, les pressions financières, comme la diminution drastique des aides américaines envers les organismes onusiens d’aide aux Palestiniens, ou diplomatiques, par la fermeture du bureau de l’OLP à Washington, se succèdent les unes après les autres. M. Abbas continue de son côté de refuser de dialoguer avec Washington, ne le reconnaissant pas comme médiateur fiable dans le processus de paix avec Israël, qualifié par la Maison-Blanche d’« accord du siècle », et qui se fait par ailleurs toujours attendre.


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