Sous le slogan « 7ara2to Samana » (vous avez brûlé notre ciel), la Coalition pour la gestion des déchets, un rassemblement civil militant pour une gestion durable de cet épineux dossier, a lancé hier une vaste campagne contre le projet gouvernemental d’importer des incinérateurs.
La campagne a consisté à préparer et installer une œuvre d’art choc de 12 mètres de long, formée d’un drapeau de fumée noire, près du site supposé du futur incinérateur de déchets à Beyrouth. Le drapeau permet de visualiser l’épaisse fumée noire qui, selon les activistes, entourera la région de Beyrouth au cas où un incinérateur est installé en pleine ville.
Si les activistes s’opposent à l’installation d’incinérateurs, c’est parce qu’ils craignent les dérapages dus à la mauvaise gestion historique des installations publiques au Liban, dont la dernière preuve a été fournie par la construction de deux décharges publiques précocement sursaturées, installées en pleine mer au sud et au nord de la capitale. Que serait-ce, alors, si l’on optait pour une technologie plus sophistiquée comme l’incinération, dangereusement polluante si elle est mal gérée, se demandent-ils ?
Le drapeau représentant une fumée noire vise à sensibiliser les citoyens sur leur sort au cas où l’incinérateur est installé, précisent les activistes dans leur communiqué de presse. La coalition a veillé à ce que la fumée utilisée dans l’installation soit non toxique, par opposition à la fumée qui serait émise par les cheminées des incinérateurs, et qui pourrait contenir des gaz acides, des métaux lourds, des gaz toxiques, causant par là même des malformations congénitales et des cancers, pour ne nommer que quelques risques sanitaires.
Selon la coalition, la décision d’installer des incinérateurs en l’absence d’un système complet et durable de gestion des déchets, et alors que les ordures libanaises sont pour la plus grande partie organiques (donc très humides et difficilement incinérables), est « la plus mauvaise décision que le gouvernement puisse prendre pour faire face à la crise des déchets, et la plus lourde de conséquences ». Les activistes pensent que « les régions de Bourj Hammoud et d’Achrafieh subiront la plus lourde charge de fumée quotidienne ».
« Les gaz émis par l’incinérateur augmenteront la pollution atmosphérique, affecteront directement la santé des Libanais et réduiront la valeur économique de leurs propriétés, indique le communiqué. La construction d’un incinérateur à Beyrouth encouragera l’installation de pareilles usines, grandes et petites, dans tout le Liban. Des dizaines de projets d’incinérateurs sont prévus dans un avenir proche. »
(Rétrospective : Déchets ménagers : au Liban, la crise en sursis)
Pétition
La coalition précise avoir présenté une série de suggestions, de recommandations et de solutions alternatives aux incinérateurs. Elle souligne à nouveau « l’importance d’investir dans des alternatives et des solutions qui commencent par la réduction et la réutilisation des déchets, le tri des matériaux recyclables et leur recyclage, le traitement et la conversion des déchets organiques en compost... ». Elle appelle tous ceux qui sont convaincus que les incinérateurs envisagés au Liban ne constituent pas une solution appropriée à la crise des déchets de « visiter le site StopTheIncinerators.me et de signer aujourd’hui la pétition en faveur d’un avenir sain et sûr pour le Liban ».
Pour mémoire
Le Parlement ouvrira-t-il la voie au chaos des incinérateurs au Liban?
commentaires (4)
Peut-on imaginer que ce gouvernement pourri demande l'arbitrage d'un panel d'experts, des vrais, plutôt que l'arbitrage de ses tiroirs-caisses perso et de ses poches sans fond?
Christine KHALIL
23 h 50, le 24 janvier 2019