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Culture - En librairie

Quel est le secret de Chopin ?

Le dernier livre d’Éric-Emmanuel Schmitt est un moment de bonheur.

Le dernier livre d’Éric-Emmanuel Schmitt, Madame Pylinska et le secret de Chopin (Albin Michel, 119 pages), est un petit récit alliant poésie, culture musicale et histoire d’amour entre un piano et un jeune homme ! Septième volume du Cycle de l’invisible, cet opus, dès les premières pages, en toute simplicité, mais avec un brio dans l’écriture et la narration, capte l’attention et l’intérêt du lecteur. Intrigue vite nouée avec ce vieux piano (un Shiedmayer) qui trône au salon, qui a toutes les allures d’un chien méchant et qu’un petit garçon regarde avec peur et séduction à la fois. Mais, très vite, la présence d’une savoureuse tante sans mari ni enfants, qui vient fêter son anniversaire tout en caressant les touches d’ivoire jaunies et assoupies, réveille la féerie et les sortilèges du clavier. Une onde séductrice sonore s’échappe alors devant les convives comme un djinn s’échapperait hors de sa lampe magique…

Envoûté, le petit Schmitt est saisi de passion pour le piano et les mélodies de Chopin. Il voudrait en jouer convenablement, sans accéder à la virtuosité. Direction Madame Pylinska (une Polonaise des plus farfelues, bien sûr, mais parfaitement efficace dans son métier de pédagogue), professeure extravagante et fantasque, qui fait plier ses élèves en despote, non seulement aux exercices des gammes et aux défrichages, mais surtout à l’apprêt spirituel et physique, pour rentrer, comme dans un temple sacré, dans la partition d’un compositeur… Et pour le prince et poète du clavier, il faut ce romantisme échevelé : écouter le vent dans les arbres, faire des ronds dans l’eau d’un étang, regarder sa compagne de cœur droit dans les yeux, surtout quand on fait l’amour, ne jamais vivre d’insatisfaction sexuelle, fouler les feuilles mortes, humer l’air des parcs, observer les êtres et se rapprocher au plus près de la vie.

Cette initiation est livrée sur un ton presque badin, mais où le sérieux est toujours de rigueur, plein d’humour, de drôlerie, de réflexions et de commentaires amusants, et pourtant si pertinents, sur la musique et les musiciens! Et se noue entre l’élève et la maîtresse une amitié, une complicité, une compréhension qui au départ n’étaient guère évidentes pour le pianiste apprenti…

L’émotion, en oubliant les pointes comiques de ces scènes pour maîtriser chromatisme, arpège et rubato, vient aussi de l’histoire de tante Aimée, figure attachante par son amour de femme stérile et viscéralement liée à un homme qui aime les progénitures nombreuses… Un livre qui renoue avec les beaux récits d’Éric-Emmanuel Schmitt, comme Oscar et la Dame rose ou Monsieur Ibrahim et les fleurs du Coran. Un vrai conte initiatique dont on aimerait prolonger la lecture tant les mots pétillent, les répliques sont vives, les situations d’une délicieuse drôlerie et l’intelligence et la culture omniprésentes. Tout cela avec un impayable humour et un sens de la légèreté pour mieux aborder la vie...


Le dernier livre d’Éric-Emmanuel Schmitt, Madame Pylinska et le secret de Chopin (Albin Michel, 119 pages), est un petit récit alliant poésie, culture musicale et histoire d’amour entre un piano et un jeune homme ! Septième volume du Cycle de l’invisible, cet opus, dès les premières pages, en toute simplicité, mais avec un brio dans l’écriture et la narration, capte l’attention...

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