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Liban - Drame

Abandonné par sa femme, il tue ses deux enfants et se suicide

Mohammad Charab habitait Aïn el-Remmaneh depuis trois mois, il était chauffeur de taxi et amenait tous les matins son fils et sa fille à l’école.

L’entrée de l’immeuble à Aïn el-Remmaneh, peu après la découverte du crime.

Trois ambulances, pour trois cadavres. Il était 17h hier quand la police a retiré les corps sans vie de Mohammad Ibrahim Charab et ses deux enfants, Hussein, 11 ans, et Tia, 7 ans, de l’appartement qu’ils habitaient à Aïn el-Remmaneh. Le père, un réfugié palestinien de Chatila, séparé de sa femme, a tué ses enfants à l’aide d’un fusil de chasse avant de retourner l’arme contre lui et de se suicider.

Les trois corps ont été découverts hier vers midi, quand la famille de Mohammad, qui s’inquiétait de son absence, a forcé la porte pour découvrir le drame.

Hier, les habitants de la rue Boueiz et Matar qui abrite l’immeuble où le crime a eu lieu, ainsi que les voisins qui résident dans le même bâtiment que Mohammad Charab, étaient bien surpris par les événements. Mohammad Ibrahim Charab était un nouveau venu dans le quartier. Il est arrivé il y a trois mois avec ses deux enfants, mais sans sa femme. Personne ne le connaissait vraiment.

« Il est chauffeur de taxi. Il a une Kia noire. Tous les matins, il amène ses enfants à l’école et tous les après-midi, il les raccompagne », raconte un homme dans un café face à l’immeuble théâtre du crime. Selon plusieurs témoins, les enfants étaient toujours propres et bien coiffés.

« C’est aujourd’hui que nous avons appris son nom. Tout ce qu’on sait, c’est qu’il était chauffeur de taxi et qu’il vivait seul avec ses enfants. Il devait avoir trente ans ou un peu plus », note un voisin.

Selon des sources concordantes, Mohammad Charab a tué ses enfants le vendredi, les surprenant dans leur sommeil. Avec son fusil de chasse, il a visé la tête des petits après y avoir placé un coussin, probablement pour étouffer le bruit des balles et réduire les éclaboussures.

« Sa voiture n’a pas bougé depuis vendredi dernier. Puis dimanche, elle a disparu. Son frère nous a raconté qu’il était venu dimanche frapper à sa porte, mais que Mohammad n’avait pas ouvert. Ayant le double des clés de la voiture, il a conduit le véhicule pour travailler », note Noéline, une voisine qui habite le deuxième étage.

« Aujourd’hui, son frère est venu à nouveau, tôt le matin, il y avait une odeur qui se dégageait de l’appartement. La famille n’a pas eu de nouvelles de Mohammad et de sa famille depuis vendredi. Je lui ai dit d’aller voir la police. Ce qu’il a fait. Les policiers lui ont alors dit que s’il forçait la porte en présence de la mère de la personne qui habite l’appartement, il n’y aura pas effraction car une mère ne peut pas nuire à son enfant. L’homme est revenu donc avec sa mère, son frère et deux de ses sœurs », raconte Yousra, sa voisine.


Linge étalé sous la pluie

Noéline renchérit : « Le linge des enfants est étalé à sécher depuis vendredi. Je me suis demandée pourquoi cet homme ne l’a pas ramassé alors qu’il pleut à torrents depuis des jours. À y penser, il était fébrile au début de la semaine dernière. Généralement, il accompagne ses enfants à l’école le matin, les raccompagne l’après-midi et repart travailler dans son taxi. Mais au début de la semaine dernière, il quittait la maison et revenait de nombreuses fois par jour… Puis on ne l’a plus revu. »

Personne n’a entendu les coups de feu. L’appartement qui fait face à la scène du crime est habité par un vieux couple de sourds-muets, et selon les voisins, leurs enfants devaient dormir ou être hors de chez eux au moment du crime.

Ce n’est que dimanche qu’une odeur de tissus décomposés s’est dégagée jusqu’aux cinquième et sixième étages. « Nous avons cru que c’était une odeur d’ordures ménagères », raconte Maguy, qui habite le cinquième étage. Elle était présente hier vers midi quand la famille de Mohammad Charab forçait la porte. « J’ai été ameutée par le bruit. J’ai couru au sixième étage… Ils ont forcé la porte pour découvrir l’horreur. Sa mère a commencé à crier, à insulter la femme du meurtrier en disant que c’est sa faute si ce dernier a tué ses enfants et s’est suicidé », dit-elle.

D’autres voisins, nullement gênés de jouer les voyeurs, ont filmé la mère en état de choc pleurant son fils et ses petits-enfants et proférant les pires insultes contre l’épouse ou l’ex-épouse de ce dernier.

Il est 17h30. Les corps ont été retirés de l’immeuble et trois femmes de ménage lavaient à grande eau l’ascenseur et les escaliers. L’appartement témoin du crime a été mis sous scellés pour les besoins de l’enquête.

« Nous avons enlevé le sapin et la crèche qui décoraient l’entrée de l’immeuble. Il y a eu beaucoup de monde et certains santons se sont cassés... Je me demande comment faire pour faire disparaître l’odeur », soupire Yousra qui, présente dans le bâtiment depuis la découverte du crime, ne se rend pas compte que l’entrée de l’immeuble, son ascenseur et le palier où se trouve son appartement dégagent désormais une très forte odeur de détergent. Lisant une information concernant le crime sur son écran de téléphone, elle s’insurge : « C’est faux. L’homme du sixième ne s’est pas suicidé à cause de son loyer. La propriétaire lui avait même fait un prix. Il s’est donné la mort à cause de sa femme qui l’a quitté, cela je comprends. Mais pourquoi a-t-il donc assassiné ces pauvres enfants ? »

C’est cette incompréhension qui règne dans le quartier, comment un homme apparemment sans histoires peut-il tuer ses propres enfants ? Les habitants du quartier évoquent en arabe ce qu’on appelle « lahzet takhallé », soit en français « un moment d’égarement ». Yousra se souvient d’un crime perpétré aussi en raison d’un « moment d’égarement » et dont avait été victime une voisine. Elle raconte l’histoire : « Elle avait les yeux verts, les cheveux bouclés et elle avait 23 ans. Un homme était tombé amoureux d’elle, mais elle l’avait refusé. La vie de ce dernier était devenue un enfer, jusqu’au jour où après l’avoir suivie il l’a tuée par balle alors qu’elle partait au travail. »

Trois ambulances, pour trois cadavres. Il était 17h hier quand la police a retiré les corps sans vie de Mohammad Ibrahim Charab et ses deux enfants, Hussein, 11 ans, et Tia, 7 ans, de l’appartement qu’ils habitaient à Aïn el-Remmaneh. Le père, un réfugié palestinien de Chatila, séparé de sa femme, a tué ses enfants à l’aide d’un fusil de chasse avant de retourner l’arme...

commentaires (2)

TRISTE HISTOIRE. UN DRAME.

LA LIBRE EXPRESSION

05 h 32, le 08 janvier 2019

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Commentaires (2)

  • TRISTE HISTOIRE. UN DRAME.

    LA LIBRE EXPRESSION

    05 h 32, le 08 janvier 2019

  • Que dieu lui pardonne et que ses enfants reposent en paix.

    Wlek Sanferlou

    01 h 48, le 08 janvier 2019

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