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Moyen Orient et Monde - Diplomatie

Pompeo au Moyen-Orient pour payer les pots cassés

Le secrétaire d’État devrait notamment échanger avec ses intelocuteurs sur la Syrie, le Yémen, l’Iran et le Qatar.

Le secrétaire d’État américain, Mike Pompeo, et le prince héritier saoudien, Mohammad ben Salmane, en octobre dernier. Getty Images/AFP

L’objectif principal de la visite est simple : rassurer les alliés de Washington au Moyen-Orient. Quelques semaines après la décision de Donald Trump de retirer les troupes américaines de Syrie, le secrétaire d’État américain, Mike Pompeo, entame aujourd’hui une tournée de sept jours au cours de laquelle il doit se rendre en Jordanie, en Égypte, à Bahreïn, à Abou Dhabi, au Qatar, en Arabie saoudite, à Oman et enfin au Koweït. Un passage par l’Irak, prévu le 11 janvier, avait également été mentionné le mois dernier par la porte-parole de la Maison-Blanche mais n’a pas été confirmé dans le communiqué de presse officiel du département d’État américain donnant les détails de la tournée de M. Pompeo. « Le voyage du secrétaire dans la région est axé sur deux thèmes principaux. Premièrement, les États-Unis ne quittent pas le Moyen-Orient. En dépit des informations contraires et fausses entourant la décision sur la Syrie, nous n’irons nulle part », a affirmé un officiel américain lors d’un briefing via téléconférence avec des journalistes vendredi dernier. « Deuxièmement, le régime iranien est l’acteur dangereux dans la région. Il n’y a pas de plus grande menace à la stabilité que le régime iranien », a-t-il insisté.

« Les attentes de cette visite devraient être peu élevées, ce n’est pas un voyage pour faire des annonces dramatiques », indique à L’Orient-Le Jour Aaron David Miller, vice-président au Centre Wilson à Washington, ancien analyste du département d’État et négociateur au sein d’administrations républicaines et démocrates.

Le secrétaire d’État américain semble venir ramasser les pots cassés du locataire de la Maison-Blanche. M. Trump a notamment déclaré la semaine dernière que « l’Iran fait sortir des gens de Syrie, mais ils peuvent, franchement, faire ce qu’ils veulent là-bas », semant un peu plus la confusion quant à la teneur de la politique américaine au Moyen-Orient. « Notre position militaire en Syrie est peut-être en train de changer, mais nos objectifs généraux en Syrie restent les mêmes (...), dont le retrait de toutes les forces commandées par l’Iran en Syrie », a souligné un autre officiel américain. « Nous continuons d’avoir d’autres moyens, autres que notre position militaire dans le nord-est de la Syrie, pour nous attaquer à ce problème, et nous continuerons à le faire », a-t-il précisé. Lors de son déplacement au Caire, M. Pompeo doit insister sur le dossier iranien dans un discours portant sur « l’engagement des États-Unis en faveur de la paix, de la prospérité, de la stabilité et de la sécurité au Moyen-Orient », indique le communiqué du département d’État. M. Trump a notamment tweeté hier que les troupes américaines « quitteront (la Syrie) à un rythme adapté tout en continuant en même temps à combattre l’EI et à faire ce qui est prudent et nécessaire pour tout le reste ».


(Lire aussi : Les armes chimiques restent une ligne rouge pour les USA, affirme Bolton)



Tâche difficile

Le choix des destinations de M. Pompeo doit lui permettre d’évoquer d’autres dossiers régionaux tout en insistant sur les liens bilatéraux qui unissent Washington aux différentes capitales moyen-orientales, notamment dans le Golfe. Le blocus imposé par l’Arabie saoudite et ses alliés au Qatar depuis le 5 juin 2017 est vu d’un mauvais œil par Washington qui estime que la crise permet à Téhéran de renforcer son assise dans la région. M. Pompeo s’apprête par conséquent à visiter les pays du Conseil de coopération du Golfe un par un puisqu’ « il ne peut pas rencontrer les membres du GCC ensemble », précise M. Miller. En ce sens, il « soulignera l’importance de l’unité du Conseil de coopération du Golfe », a noté un officiel américain vendredi avant d’ajouter que « le clivage n’aide pas nos objectifs plus larges et nous avons fait valoir cela aussi pour les objectifs de la région du Golfe ».

Le secrétaire d’État américain devrait toutefois se concentrer sur l’Arabie saoudite, partenaire stratégique de Washington dans la région, qui a récemment provoqué un ouragan international avec l’assassinat du journaliste saoudien Jamal Khashoggi dans le consulat de son pays à Istanbul le 2 octobre dernier. En dépit des critiques du Congrès américain, le président américain a fait savoir à plusieurs reprises qu’il ne comptait pas rompre les liens avec Riyad alors que les intérêts américains avec le royaume wahhabite s’élève à plusieurs milliards de dollars.Toutefois, le secrétaire d’État « évoquera le cas du journaliste Jamal Khashoggi et continuera à faire pression pour que les dirigeants saoudiens rendent des comptes et soient crédibles à mesure qu’ils progressent dans le processus juridique entamé plus tôt cette semaine », a précisé un officiel américain. En plus des dossiers iranien et syrien, il doit aussi discuter avec les officiels saoudiens de la guerre au Yémen où le royaume mène une coalition pour appuyer les forces du président yéménite Abd Rabbo Mansour Hadi face aux rebelles houthis. Les membres républicains et démocrates du Congrès font de plus en plus pression sur le président américain depuis l’affaire Khashoggi, votant notamment une résolution pour cesser tout soutien militaire à Riyad dans le conflit yéménite.

Les derniers rebondissements du côté de l’administration américaine devraient compliquer la tâche de M. Pompeo face aux dirigeants arabes. Washington apparaît de plus en plus comme un allié peu fiable dans la région face à la parole incertaine d’un Donald Trump impulsif et pouvant faire volte-face à tout moment. Tandis que les versions et contre-versions s’enchaînent ces dernières semaines sur les plans américains au Moyen-Orient, les conseillers du président américain s’évertuent à tranquilliser les alliés de Washington dans la région. Les tâches ont été inhabituellement divisées alors que la tournée du secrétaire d’État américain intervient en parallèle à celle du conseiller pour la Sécurité nationale de la Maison-Blanche, John Bolton, présent en Israël dimanche et qui doit se rendre aujourd’hui en Turquie. Sa tâche s’avère cependant plus compliquée que celle de M. Pompeo, devant rassurer ses alliés et poids lourds de la région tout en posant un cadre clair pour le retrait des forces américaines de Syrie. Les deux conseillers du président américain doivent toutefois faire face à un défi majeur lors de leurs déplacements : assurer la crédibilité de leurs propos en parlant au nom d’une administration que leur dirigeant pourrait contredire à tout moment.



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L’objectif principal de la visite est simple : rassurer les alliés de Washington au Moyen-Orient. Quelques semaines après la décision de Donald Trump de retirer les troupes américaines de Syrie, le secrétaire d’État américain, Mike Pompeo, entame aujourd’hui une tournée de sept jours au cours de laquelle il doit se rendre en Jordanie, en Égypte, à Bahreïn, à Abou Dhabi, au...

commentaires (3)

Regardez bien où ils en sont ! Faire des tournées pour rassurer les kurdes, les USURPATEURS, les bensaouds etc.... et même les turcs...hahahahahaha.. Pourquoi ils ne viennent pas au Liban nous rassurer aussi hahahahaha.... N'en n'avons nous pas besoin ??? Lol...

FRIK-A-FRAK

13 h 29, le 08 janvier 2019

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Commentaires (3)

  • Regardez bien où ils en sont ! Faire des tournées pour rassurer les kurdes, les USURPATEURS, les bensaouds etc.... et même les turcs...hahahahahaha.. Pourquoi ils ne viennent pas au Liban nous rassurer aussi hahahahaha.... N'en n'avons nous pas besoin ??? Lol...

    FRIK-A-FRAK

    13 h 29, le 08 janvier 2019

  • Ou est le corps de Kashoggi? Comment et qui a pris et donné les ordres de l' executer? Etiez-vous au courant, voire étiez-vous briefé en temps reel du déroulement du meurtre tel que le rapport de la CIA semble le suggérer? Voilà quelques questions que Pompeo devrait poser à MBS !

    LeRougeEtLeNoir

    11 h 37, le 08 janvier 2019

  • DES TOURNEES POUR AMORTIR LES EFFETS DES MULTIPLES GAFFES DU GAFFEUR...

    LA LIBRE EXPRESSION

    05 h 37, le 08 janvier 2019

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