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Diaspora - Portrait

À Washington, Lyne Sneige casse les frontières culturelles

Au Middle East Institute à Washington, Lyne Sneige a fondé et mis en place le programme Art and Culture permettant à des centaines d’artistes arabes de conquérir la scène culturelle américaine.

Photo Aaron-Salcido

Lyne Sneige a le regard rieur, des étincelles qui brillent dans les yeux et le charme de l’Orient qui a su se faire une belle place en Amérique. Cette femme n’hésite pas, ne doute pas. Sa tranquillité et sa sincérité sont rassurantes. Sans tabou, elle se confie sur son départ du Liban et sa vie aux États-Unis.

Il y a un plus de sept ans, Lyne Sneige vivait encore dans son pays d’origine, le Liban. Elle était responsable des projets régionaux pour les arts et la culture au British Council à Beyrouth. Durant quinze ans, elle a tenu en main le dossier du Moyen-Orient. S’occupant de la stratégie, la planification et la gestion de projets dans ce secteur, elle a dirigé plusieurs initiatives, telles que les programmes d’économie créative et de leadership. Fervente partisane du rôle important que jouent les artistes au sein de leur pays, elle a contribué efficacement à faire évoluer ce secteur. De toutes ces expériences qu’elle a vécues, Sneige a voulu tirer le meilleur.

« À Beyrouth, je faisais partie profondément de tout le bouillon artistique que cette ville offre, et je profitais de sa richesse culturelle illimitée, dit-elle. Mais après de nombreuses et belles années, le moment était venu d’émigrer aux États-Unis avec mon mari et mes enfants. Ce fut une décision très importante. » Un moment de silence. Lyne Sneige sourit, regarde l’horizon et se sent prête à relater les difficultés et les défis auxquels on fait face lorsqu’on se pose à des milliers de kilomètres de chez soi. « Après avoir affronté la réalité et tout ce que ce changement implique sur mon parcours professionnel, j’ai pris du temps pour moi, raconte-t-elle. Le temps de réfléchir. Il est vrai que cela n’est pas facile. Surtout lorsqu’on aime son travail, qu’on a le sentiment de contribuer fortement à sa société d’origine. Qu’on a établi des liens étroits avec des artistes. Mais je pense que ce qui m’a aidée à voir le côté positif de cette situation, c’est le moment où j’ai compris que je n’avais pas à couper les liens entre mon expérience antérieure et ce que je pourrai faire ici. »

Les voix de la région
Ce moment a été décisif dans sa carrière. Elle a commencé à observer, vivre et faire partie de la scène artistique et culturelle washingtonienne en se demandant comment faire profiter les autres de tout ce qu’elle sait sur le Moyen-Orient. Lors d’un événement auquel elle participait, elle a rencontré des responsables du Middle East Institute. « Nous avons échangé des idées, j’ai dit comment je voyais les choses et une confiance s’est établie entre nous », se souvient-elle.

Cet institut propose des recherches exactes et rigoureuses, des données fiables, et veut garantir une représentation des différents points de vue et un large éventail d’opinions. Ses publications et ses événements ont pour objectif de garantir une compréhension plus équilibrée des problèmes régionaux. « Il se caractérise par la richesse de sa longue histoire de 70 ans, estime Lyne Sneige. Il est le premier, à Washington, à mieux faire connaître le Moyen-Orient aux Américains. » À l’intérieur du Middle East Institute, on peut travailler dans une bibliothèque, lire des recherches en continu, suivre des cours de langue et des conférences. Et surtout se rendre compte que c’est ici qu’a été publié le premier journal académique exclusivement consacré à la région, Le Journal du Moyen-Orient.

Le département d’art et de culture a pour vocation de faire découvrir aux Américains à quel point les artistes de cette région sont talentueux, avant-gardistes. En leur ouvrant la porte des États-Unis, le département donne à ces derniers la possibilité de se connecter avec les autres bien au-delà du seul événement auquel ils ont participé. Depuis sa création, le département d’art et de culture s’assure régulièrement du fait que les romanciers et les poètes du Moyen-Orient sont entendus.

Régulièrement ont lieu des projections de films et de documentaires, des tables rondes et des conférences sur le rôle des arts et l’importance de préserver la culture et le patrimoine dans le monde arabe. Parmi les artistes, citons la Libanaise Tania el-Khoury, la photographe et journaliste Tanya Habjouqa, l’artiste égyptienne Lara Baladi ou encore le peintre palestinien Taysir Batniji. La liste est longue et les programmes à venir sont nombreux. Preuve que lorsque la directrice du programme agit pour sa région, rien ne peut l’arrêter.


Sneige, au-delà de Washington...

Lyne Sneige est membre du séminaire mondial de Salzbourg. Elle est chargée des nominations pour le prix Art Jameel, international et dédié à l’art contemporain organisé en collaboration avec le Victoria and Albert Museum de Londres. Sneige est aussi consultante du Musée d’art de Beyrouth (BeMA), qui devrait ouvrir ses portes en 2022. Elle siège à l’assemblée générale de Action for Hope, qui propose des programmes d’aide et de développement culturel pour répondre aux besoins sociaux, culturels et psychologiques des personnes nécessiteuses au Liban.

Cette page est réalisée en collaboration avec l’Association RJLiban. E-mail : monde@rjliban.com – www.rjliban.com


Pour mémoire
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Lyne Sneige a le regard rieur, des étincelles qui brillent dans les yeux et le charme de l’Orient qui a su se faire une belle place en Amérique. Cette femme n’hésite pas, ne doute pas. Sa tranquillité et sa sincérité sont rassurantes. Sans tabou, elle se confie sur son départ du Liban et sa vie aux États-Unis.Il y a un plus de sept ans, Lyne Sneige vivait encore dans son pays...