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Lifestyle - This is America

« Ghanilé chouaï chouaï »... Un hommage US à Oum Kalsoum

Initiés ou non-initiés, ivres de « tarab » ou pas, nul n'échappe(ra) à l'envoûtement des intonations hors normes de la « sitt » du chant arabe.

Oum Kalsoum honorée au prestigieux Musée national de l’art féminin. Photos DR

Ghanilé chouaï chouaï, ghanilé w khod aaynay ont entonné à pleine voix plus d'une centaine de personnes. Ce n'était pas à une soirée égyptienne ou libanaise, mais au prestigieux Musée national de l'art féminin à Washington, qui avait accueilli un hommage à « l'astre de l'Orient ». Et, comme d'habitude, le nom d'Oum Kalsoum étant des plus galvanisants, il y a eu une longue liste d'attente pour cet événement organisé par le musée, en collaboration avec le département art et culture du think tank Middle East Institute et financé par le Abu Dhabi Festival.

À la tête de ce département, une Libanaise, Lyne Sneige, qui possède à son actif une vaste expérience dans le domaine du développement de projets d'art et de culture du Moyen-Orient, qu'elle a notamment exercée au British Council au Liban durant quinze ans. Et c'est à elle qu'est revenu le rôle de modératrice du segment présentation-discussion de l'hommage à Oum Kalsoum, qui avait réuni quatre spécialistes de cette diva : Houda Asfour (chanteuse et compositrice palestinienne), Lubana al-Quntar (soprano syrienne), Laura Lohman (auteure américaine de l'ouvrage Oum Kalsoum, la formation d'une légende arabe) et Hazami Sayed (Libano-Égyptienne, directrice en Philadelphie du al-Bustan Seeds of Culture, pour l'apprentissage de la langue et du patrimoine arabes).

Le panel était composé de deux grandes fenêtres, l'identité d'Oum Kalsoum et son engagement socio-politique qui en avait fait la voix du nationalisme arabe. « Nous avons voulu préciser au public américain que cette incomparable chanteuse était doublée d'une véritable ambassadrice, explique Lyne Sneige. Juste après la guerre contre Israël, en I967, elle avait donné une série de concerts nationaux et internationaux, dont elle avait offert les bénéfices au gouvernement égyptien. À cette occasion, elle avait été reçue par plusieurs chefs d'État. Quand on l'entend aujourd'hui, on vibre aussi bien au tarab qu'elle a porté à son apogée qu'au souvenir d'une époque de l'histoire qu'elle a accompagné. » Lyne Sneige a également rappelé que la diffusion sur les ondes de ses concerts était un événement majeur que des millions d'Arabes ne rataient pour rien au monde, chaque premier jeudi du mois.

 

(Pour mémoire : Elisabeth Tuythof, de Kahlo à Oum Kalsoum, en passant par Bardot...)

 

Le Moyen-Orient de l'art, le bon lien
Le générique du film documentaire sur Oum Kalsoum, que réalise la célèbre artiste, vidéaste et photographe iranienne Shirin Neshat, a été projeté au cours de cette rencontre. Puis les deux cantatrices, Houda Asfour et Loubana al-Quntar, ont interprété quelques-uns des titres iconiques de la grande dame, la sitt de la chanson arabe. À noter que Loubana a des liens familiaux avec une autre célébrité de la même époque, la chanteuse Asmahan. Elle raconte que, très jeune, elle avait été marquée par Oum Kalsoum dont elle ne cessait de reprendre les airs, alors que ses parents lui répétaient : « C'est Asmahan que tu dois chanter. » Quant au refrain Ghanilé chouaï chouaï, que l'audience a été invitée à fredonner, il est tiré de ce que l'on appelle une taktouka, ou chansonnette. Un genre datant des débuts cinématographiques de la chanteuse, qui contraste avec son impressionnant répertoire marqué par une grande et éloquente poésie.

Selon Lyne Sneige, cet hommage à Oum Kalsoum répond à une soif du public américain et des Américains d'origine arabe de mieux connaître une région en ébullition, à travers ce souffle de jeunes qui aspirent à un Moyen-Orient renouvelé par l'art. Et l'occasion en or était d'aller dans le sens de la société civile qui œuvre pour faire entendre la voix des artistes de la région à travers leur peinture, leur musique et d'autres formes d'expression. Car aux USA, le public voudrait se connecter avec la région dans un autre langage que celui de la sécurité. Et L'espoir de ma vie (Amal hayati), Donne-moi ma liberté et dénoue mes mains et autres Mille et Une Nuits (Alfi leyla ou leyla), tant et si bien chantés par Oum Kalsoum, en sont le lien idéal.

 

Pour mémoire
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Ghanilé chouaï chouaï, ghanilé w khod aaynay ont entonné à pleine voix plus d'une centaine de personnes. Ce n'était pas à une soirée égyptienne ou libanaise, mais au prestigieux Musée national de l'art féminin à Washington, qui avait accueilli un hommage à « l'astre de l'Orient ». Et, comme d'habitude, le nom d'Oum Kalsoum étant des plus galvanisants, il y a eu une longue liste...

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