Invitée sur le plateau de Sar el-waket sur la MTV jeudi soir, Élissa, de son vrai nom Élyssar Khoury, a réussi à enchanter le public présent en studio ainsi que les téléspectateurs, qu’ils soient des fans ou non. La jeune femme rayonnante et confiante a évoqué son expérience avec le cancer en faisant à sa façon une campagne de sensibilisation, elle qui a lancé un vidéoclip dénonçant les violences conjugales avec sa chanson Mrayti. La chanteuse originaire de Deir el-Ahmar n’a pas sa langue dans sa poche et ne tarde pas à afficher dès les premières minutes de l’émission une personnalité d’acier, une confiance inébranlable en tant qu’artiste et comme défenseur des droits de la femme. Elle s’est maintes fois positionnée par le passé en tant qu’activiste en dénonçant les violences conjugales commises contre les femmes et le harcèlement sous toutes ses formes et ses coutumes. Cette survivante d’un cancer du sein qui, elle l’avoue, n’était pas des plus dangereux, et ambassadrice désignée par le ministère de la Santé publique, a tenu à rester discrète sur sa maladie misant, grâce à une foi imperturbable, dès le début, sur sa guérison qui n’a pas été un chemin facile si ce n’était le groupe restreint d’amis et de parents qui l’ont soutenue. Ces personnes qui l’ont entourée sont venues témoigner en direct de son parcours et l’ont aidée par la suite à en réaliser une œuvre artistique, un album (ila koul yalli
bihebbouni – à tous ceux qui m’aiment), qui constitue un message fort à tous les souffrants auxquels elle veut redonner goût à la vie, condition sine qua non pour guérir selon elle.
L’artiste qui connut son heure de gloire grâce à son apparition pour le moins qu’on puisse dire choquante à la télé enroulée dans un simple drap blanc à la fin des années 90, reçut le titre bien mérité de reine du sentiment, elle qui se consacre surtout aux chansons d’amour. Bien qu’elle ait demandé en direct à Marcel Ghanem d’éviter les questions complexes en insinuant que l’interrogatoire a intérêt à rester simple afin qu’elle puisse y répondre, le mastodonte des talk-shows sociopolitiques, conquis dès le début par cette chanteuse farouche et passionnée, diplômée en sciences politiques, ne l’a aucunement ménagée pour le plus grand plaisir des téléspectateurs qui ont pu voir en cette artiste une femme forte, transparente, patriotique, intelligente et empathique. La spontanéité d’Élissa et son charisme qui fait d’ailleurs son succès selon le représentant de la compagnie musicale qui la parraine, Rotana, ont finalement eu raison du monopole charismatique habituel de Marcel Ghanem d’ailleurs complètement obnubilé. La facilité avec laquelle la star répondait à des questions qui n’avaient rien d’innocent a dévoilé une présence d’esprit, une vigilance intellectuelle et une culture exceptionnelle, une belle surprise chez une interprète de chansons populaires qui n’a jamais été vraiment prise au sérieux derrière son micro et ses robes de scènes.
Face à un Marcel Ghanem visiblement charmé par tant de franchise et par une spontanéité presque enfantine, Élissa parle avec une grande simplicité de sa maladie, de la radiothérapie, de ses blessures et, enfin, de sa ménopause forcée par un traitement hormonal agressif. Son but n’était pas d’apitoyer quiconque sur son sort, au contraire, elle voulait manifestement montrer la face humaine des artistes loin de tout fard ou artifice et mettre un visage célèbre sur cette maladie qu’elle n’a jamais considérée comme une malédiction divine. Partisane inconditionnelle de la cause des Forces libanaises et de son chef Samir Geagea, l’artiste qui a participé à la révolution du Cèdre, a pu se déchaîner avec le plus grand sourire et un calme royal sur le groupe de politiciens qui mènent depuis une bonne décennie les Libanais vers le gouffre en pointant du doigt toutes les crises qui s’abattent sur le pays sans oublier de relever l’échec du mandat actuel.
De mère syrienne, Élissa ne cache pas son désaccord avec le régime syrien et assume le veto qui lui a été imposé par ce dernier quant à ses visites en Syrie. Patriotique jusqu’au bout des ongles et engagée politiquement, elle dénonce en direct le manque de liberté et de démocratie qui inhibent la liberté d’expression qu’elle a pourtant bien exercée durant l’émission. Reste à voir selon ses propres termes si elle sera pénalisée ou pas. À la fin du programme, Élissa a entonné de sa voix mélodieuse une chanson exclusivement pour la MTV, Bokra btechrou2 chemss el-eid (demain se lèvera le soleil de la fête et annoncera un nouveau jour) une reprise d’une chanson composée par Roméo Lahoud et interprétée par Sabah. Si nous devions retenir une seule leçon du passage éblouissant de positivité d’Élissa, ce serait celle de vivre au jour le jour dans l’amour, car demain ne nous appartient pas, un message puisé des paroles de sa dernière chanson.
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commentaires (5)
J'ai regardé l'émission sur YouTube et j'ai été conquise par Elissa. Elle est d'un naturel désarmant et d'une grande spontanéité . Elle répond du tac au tac à toutes les questions et d'une manière très pertinente. Et elle a les pieds sur terre malgré les millions de disques vendus. Une vraie découverte! C'est dommage qu'elle soit aussi liftée. Son visage ne lui "ressemble" pas.
Marionet
23 h 40, le 29 décembre 2018