Le Premier ministre libanais désigné, Saad Hariri, qui tente depuis mai dernier de former son gouvernement, a assuré hier depuis Londres que le processus était « dans les derniers 100 mètres » et que la mise sur pied du cabinet se ferait « bientôt ».
« Le gouvernement sera bientôt formé car tout le monde sait que la stabilité économique prime sur tout agenda politique. (...) Nous sommes dans les derniers 100 derniers mètres », a assuré Saad Hariri, lors d’une séance de questions-réponses organisée à Londres par le centre de réflexion Chatham House avec des étudiants et des hommes et femmes d’affaires.
« Toutes (les formations politiques) réclament d’être représentées au sein du gouvernement. Je ne pense pas que la mise sur pied du cabinet ait une dimension régionale. Il reste un obstacle, mais je crois qu’il sera surmonté. Durant les derniers jours, je n’ai pas ménagé mes efforts pour la formation du gouvernement et pour assurer une représentation équitable. Le Liban ne peut pas continuer sans gouvernement », a prévenu M. Hariri.
Tunnels du Hezbollah
Sur le plan sécuritaire, Saad Hariri a répondu à des questions sur la menace israélienne contre le Liban, à l’heure où l’État hébreu s’emploie à reboucher des tunnels qui, selon lui, ont été creusés par le Hezbollah à la frontière entre les deux pays. « Vous avez entendu parler des tunnels. Mais avez-vous entendu parler des violations israéliennes contre notre territoire, notre espace aérien et maritime ? Cela est-il juste ? La résolution 1701 (du Conseil de sécurité de l’ONU) doit être appliquée des deux côtés (libanais et israélien) », a-t-il dit.
Votée en août 2006, la 1701 a permis de mettre fin à la guerre de juillet 2006, qui a opposé Israël au Hezbollah. Elle stipule que le Liban doit étendre son autorité à l’ensemble de son territoire, conformément aux dispositions des résolutions 1559 (2004) et 1680 (2006) et de l’accord de Taëf. La résolution 1701 réaffirme le respect de la ligne bleue et indique qu’aucune force armée, à part l’armée libanaise et la Finul (Force intérimaire des Nations unies au Liban), ne doit se trouver au sud de la rivière Litani.
Abordant ses relations avec le Hezbollah, le Premier ministre désigné a déclaré : « Je ne pourrai pas faire changer au Hezbollah sa position vis-à-vis de l’Iran, et le Hezbollah ne peut pas me faire changer d’avis au sujet de l’Arabie saoudite, et c’est pour cela que nous avons mis de côté nos divergences sur ce plan. » En outre, Saad Hariri a abordé la question du conflit en Syrie voisine et ses conséquences sur le Liban. « Notre armée et nos forces de sécurité sont en constante alerte afin d’empêcher toute infiltration terroriste. Le Liban reste une source de stabilité dans la région. Nous devons œuvrer à éviter que le conflit en Syrie s’étende au Liban. Mais cette tâche s’avère ardue avec la présence de plus d’un million de réfugiés syriens sur le territoire libanais », a souligné Saad Hariri.
CEDRE et lutte anticorruption
Sur le plan économique, Saad Hariri a indiqué que sa « stratégie consiste à préparer l’infrastructure libanaise afin qu’elle soit le point de départ des compagnies étrangères qui prendront part à la reconstruction de la Syrie, de l’Irak et de la Libye ». Il a une nouvelle fois insisté sur la nécessité de lutter contre la corruption et de mettre en œuvre une série de réformes. « Ma principale préoccupation est d’appliquer les décisions de la conférence CEDRE. »
La communauté internationale s’est engagée à mobiliser plus de 11 milliards de dollars de prêts et de dons lors de la conférence de Paris (CEDRE) en avril dernier, en contrepartie d’une série de réformes structurelles, rappelle-t-on. Mais cet effort peut difficilement être engagé sans un nouveau gouvernement.Vendredi dernier, l’ambassadeur de France à Beyrouth, Bruno Foucher, a estimé que le Liban pouvait risquer de passer à côté des engagements de CEDRE si aucune issue n’était rapidement trouvée.Hier, Saad Hariri a appelé les hommes d’affaires britanniques à investir au Liban, malgré l’instabilité régionale et le vide gouvernemental, assurant que la région « se dirige vers une période de stabilité, de croissance et de prospérité », lors de l’ouverture du premier forum libano-britannique des affaires et de l’investissement, organisé à Londres.
commentaires (6)
On dirait plutôt 100 maîtres avec chacun ses instructions à suivre...
Wlek Sanferlou
19 h 08, le 14 décembre 2018