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Diaspora - Rencontre

Rafael Radi veut participer à des initiatives scientifiques au Liban

Ce médecin et biochimiste d’origine libanaise vise, par ses recherches sur les molécules, à élargir les frontières des connaissances universelles de la pathologie.

Le Dr Rafael Radi. Photo Revista Galeria

Durant toute sa carrière biomédicale, Rafael Radi, médecin et biochimiste en Uruguay, mène un parcours couronné de succès : il a été le premier Uruguayen intégré comme associé à l’Assemblée nationale des sciences des États-Unis (NAS) 2015. Lauréat du Prix mexicain de science et technologie en 2016, il est considéré comme un des plus prestigieux scientifiques latino-américains. Il a également reçu le prix Von Humboldt 2010, décerné par le gouvernement allemand, entre autres prix et reconnaissances internationaux pour ses apports à la biomédecine.

Il est le petit-fils d’immigrés libanais, Philip Radi et Amalia Khoury, qui s’étaient établis à Montevideo dans les années 1920, où ils ont été reçus par des membres de leur famille déjà installés dans la capitale uruguayenne. Grâce à leur persévérance et malgré la pauvreté dans laquelle ils vivaient, ces jeunes mariés ont débuté leur vie comme marchands de vêtements dans un quartier modeste de Montevideo et ont fondé une famille formée de six enfants : trois filles et trois garçons.

« L’ambassade du Liban en Uruguay et la Société libanaise de Montevideo, dont mon père faisait partie durant plusieurs années, m’avaient fait l’honneur de m’inviter à plusieurs rencontres et événements, explique Rafael Radi à L’Orient-Le Jour. Le Liban, comme m’avait dit un jour un ambassadeur libanais, est un rocher sur la Méditerranée, c’est le pays merveilleux des cèdres et des montagnes. »

Maté et kebbé

« Il est vrai que je ne connais pas grand-chose du Liban, avoue-t-il, mais je maintiens des connexions avec les institutions mondiales de la diaspora libanaise et je sais que c’est un pays particulier de la région, dont la société, moderne sans doute, ne cesse de se développer. Je n’ai pas encore reçu une invitation officielle pour visiter le Liban, mais je prendrais en considération toute invitation à participer à des initiatives en faveur de la science de ce pays. Ainsi, je souhaiterais concrétiser mon double désir de connaître de près la culture et le monde académique scientifique libanais. »

Rafael Radi reste marqué par la culture libanaise. « Ma famille libanaise m’avait inculqué des valeurs traditionnelles : le sacrifice pour le travail, l’honnêteté, la persistance, la coopération et le renforcement des liens familiaux. C’est aussi là, au centre de ces réunions chaleureuses familiales, sous la vigne, tous les après-midi, que je garde mes plus beaux souvenirs d’enfance et d’adolescence, où la famille entière se réunissait pour dialoguer, s’amuser, partager le maté uruguayen et goûter la kebbé libanaise. »

Avec une double formation doctorale en médecine (1988) et une autre en sciences biologiques, cette dernière avec une orientation biochimique (1991) de l’Université de la République (Udelar)-Montevideo, Radi a suivi un post-doctorat de l’Université d’Alabama (UAB), à Birmingham, aux États-Unis en 1992. Actuellement, il est professeur titulaire, directeur du département de biochimie et du centre de recherches biomédicales (Ceinbio) de la faculté de médecine de l’Université de la République-Montevideo. Il est de même président de l’Académie nationale des sciences (Anciu).

« Le Ceinbio est dédié à repousser les frontières de la connaissance vers une recherche plus profonde sur les causes et la prévention de la maladie, ainsi que les alternatives qui pourraient être développées dans le cadre du traitement, en vue de prolonger la vie en préservant sa qualité », affirme-t-il.

Recherches innovantes

Rafael Radi, avec son équipe, effectue des recherches médicales sur les bases biochimiques moléculaires de la pathologie, et tente d’explorer des possibilités de nouvelles interventions thérapeutiques. Il a mené des contributions exceptionnelles dans le domaine de la biochimie, en particulier des pathologies associées au stress oxydant et de son extrapolation au niveau clinique. Ses recherches se concentrent sur la fonction des mitochondries et la production de substances toxiques à partir du métabolisme de l’oxygène (processus respiratoire), appelées radicaux libres. La génération de radicaux libres est étroitement liée à un nombre important de pathologies, qui sont le centre focal de ses recherches : maladies liées à la respiration, aux problèmes cardiovasculaires, maladies infectieuses, vieillissement et pathologies neurodégénératives comme la maladie d’Alzheimer.

Pour le Dr Radi, ce qui importe dans une carrière, c’est de « se fixer des objectifs ». Il a en fait concentré ses efforts sur la contribution au monde académique, à la connaissance universelle scientifique et au développement de la biochimie en Uruguay et dans la région latino-américaine. À noter qu’il avait contribué à la formation de 30 médecins et chercheurs et que le Ceinbio, qu’il avait fondé en 2004, bénéficie actuellement d’un niveau international en termes de qualité. « De nos jours, les sociétés capitalistes présentent une image erronée du succès et tentent de lui donner un sens matériel, dit-il. Le vrai succès est une série d’objectifs qui, une fois concrétisée, se renouvelle. En fait, le chemin du succès n’a pas une cible bien fixée, c’est plutôt un long chemin lent et le fruit d’efforts illimités, c’est comme se diriger vers l’utopie : plus on croit s’en approcher, plus on découvre qu’on s’en éloigne. »

Durant toute sa carrière biomédicale, Rafael Radi, médecin et biochimiste en Uruguay, mène un parcours couronné de succès : il a été le premier Uruguayen intégré comme associé à l’Assemblée nationale des sciences des États-Unis (NAS) 2015. Lauréat du Prix mexicain de science et technologie en 2016, il est considéré comme un des plus prestigieux scientifiques...