Rechercher
Rechercher

À La Une - Etats-Unis

Guerre au Yémen : coup de semonce du Sénat US contre le soutien militaire à Riyad

Le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo et le ministre de la Défense Jim Mattis n'auront visiblement pas su trouver les bons arguments pour défendre l'Arabie saoudite.

Le ministre de la Défense Jim Mattis en train de parler aux journalistes, à l'extérieur du Pentagone, le 28 novembre 2018, à Washington. AFP / Thomas WATKINS

Très remontés depuis le meurtre du journaliste Jamal Khashoggi, les parlementaires américains ont adressé un coup de semonce à l'administration Trump: une résolution pour cesser tout soutien militaire à Riyad dans la guerre au Yémen a franchi mercredi un premier obstacle au Sénat.

Le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo et le ministre de la Défense Jim Mattis, qui avaient fait le déplacement au Congrès dans la matinée pour les convaincre de rester au côté de l'Arabie saoudite, n'auront visiblement pas su trouver les bons arguments.

Dans l'après-midi, 63 sénateurs républicains et démocrates -- contre 37 -- ont donné leur feu vert à un débat sur la résolution bipartisane. Cette large majorité ne préjuge pas du vote final sur le texte, qui pourrait n'intervenir que la semaine prochaine, mais donne une idée du malaise des élus. En mars, cette même résolution avait échoué au Sénat, n'obtenant que 44 voix.

Mercredi, plusieurs sénateurs ont affirmé que cette fois, une majorité semblait s'esquisser, de nombreux parlementaires ayant fait part de leur écoeurement après l'assassinat du journaliste saoudien et de leur frustration face à la réponse de Donald Trump.


Aucune "preuve irréfutable"

Ce vote est d'ailleurs le premier acte concret du Congrès, qui menace de prendre plusieurs mesures pour sanctionner le royaume saoudien alors même que le président des Etats-Unis s'est révélé être le plus solide soutien du puissant prince saoudien Mohammad ben Salmane, ou MBS.

Devant cette pression accrue, Mike Pompeo et Jim Mattis ont défendu l'alliance avec Riyad. Ils ont d'abord partagé avec le Sénat, à huis clos, leur connaissance des informations confidentielles sur l'assassinat de Jamal Khashoggi début octobre au consulat saoudien à Istanbul.

"Je crois avoir lu tous les éléments du renseignement", "il n'y a aucun élément direct liant le prince héritier à l'ordre de tuer Jamal Khashoggi", a dit à la presse Mike Pompeo, alors que, selon plusieurs médias américains, la CIA estime que MBS a commandité le meurtre. "Il n'y a pas de preuve irréfutable", a renchéri Jim Mattis.

De nombreux sénateurs des deux camps ont vivement déploré que la directrice de la CIA Gina Haspel ne soit pas venue en personne leur présenter les preuves dont elle dispose. Le républicain Lindsey Graham, en première ligne pour accuser MBS d'avoir ourdi l'assassinat, a menacé de ne pas voter les prochains textes "clés", y compris budgétaires, tant que l'agence de renseignement extérieur n'aura pas directement informé le Congrès.

Mike Pompeo a ensuite critiqué le "timing" de la résolution parlementaire, estimant qu'elle risquait de "nuire" aux efforts de paix de l'ONU, qui espère réunir début décembre autour d'une même table le gouvernement yéménite, soutenu par une coalition sous commandement saoudien, et les rebelles Houthis, épaulés par l'Iran -- ennemi commun de Riyad et Washington.

Dans ce même esprit, les Etats-Unis ont demandé au Conseil de sécurité de l'ONU de repousser un projet de résolution appelant à une trêve au Yémen, où la guerre a fait au moins 10.000 morts depuis 2015 et provoqué une crise humanitaire dramatique.


(Lire aussi : « Être la s… de Riyad n'est pas America first », lance une élue démocrate à Trump)



"Ce serait bien pire"

"La souffrance au Yémen m'attriste, mais si les Etats-Unis n'étaient pas impliqués au Yémen, ce serait bien pire", a lancé le secrétaire d'Etat aux sénateurs. "Si les Etats-Unis se retiraient de l'effort au Yémen", "la guerre ne cesserait pas" et cela "nuirait considérablement" à la sécurité nationale américaine, a-t-il ajouté, selon les extraits de son intervention diffusés à la presse. Selon lui, la coalition saoudienne "ne bénéficierait pas de nos conseils et de notre formation pour mieux cibler" ses tirs, "donc davantage de civils trouveraient la mort".

Jim Mattis, selon le texte de sa déclaration devant le Sénat, a relevé que les Etats-Unis avaient "rarement la liberté de travailler avec des partenaires impeccables". "L'Arabie saoudite, du fait de sa situation géographique et de la menace iranienne, est fondamentale pour maintenir la sécurité régionale et d'Israël, et nos intérêts dans la stabilité au Proche-Orient", a-t-il souligné.

Plusieurs sénateurs n'ont guère été convaincus par les ministres. Que le royaume soit impliqué ou non dans la mort du journaliste, "nous combattons une guerre au Yémen que nous n'avons jamais déclarée et que le Congrès n'a jamais autorisée", a affirmé le républicain Mike Lee, coauteur de la résolution, assurant que les interventions gouvernementales ne lui avaient "pas fait changer d'avis". "Le Sénat des Etats-Unis doit impérativement dire aujourd'hui à l'Arabie saoudite et au monde que nous n'allons pas continuer à prendre part à ce désastre humanitaire", a abondé l'autre coauteur, l'indépendant Bernie Sanders


Riyad, "puissant pôle de stabilité au Moyen-Orient"

Réduire les relations avec l'Arabie saoudite serait une erreur pour la sécurité des Etats-Unis et n'aurait pas d'effet sur la politique de Riyad, a aussi estimé mercredi le secrétaire d'Etat américain, évoquant l'assassinat de Khashoggi. 

"Le meurtre du ressortissant saoudien Jamal Khashoggi en Turquie a relancé les critiques au Congrès et dans les médias, mais une révision à la baisse des relations américano-saoudiennes serait une grave erreur pour la sécurité nationale des Etats-Unis et de leurs alliés", a écrit Mike Pompeo dans une tribune publiée par le Wall Street journal. Il promet toutefois que de nouvelles sanctions seront envisagées "si davantage de faits concernant le meurtre de Khashoggi sont révélés".

"Le royaume est un puissant pôle de stabilité au Moyen-Orient. L'Arabie saoudite s'emploie à protéger la fragile démocratie irakienne et à faire en sorte que Bagdad reste fidèle aux intérêts de l'Occident, et non à ceux de Téhéran", souligne Mike Pompeo dans cette tribune.

"Est-ce une coïncidence si ceux qui exploitent le meurtre de Khashoggi pour condamner la politique du président Trump à l'égard de l'Arabie saoudite sont les mêmes qui ont soutenu le rapprochement de Barack Obama avec l'Iran - un régime qui a tué des milliers de personnes dans le monde, dont des centaines d'Américains, et malmène son propre peuple ?", s'interroge-t-il, tout en faisant l'éloge de la monarchie wahhabite.

"Riyad aide à gérer le flot de réfugiés fuyant la guerre civile syrienne en collaborant avec les pays d'accueil, en coopérant étroitement avec l'Égypte et en renforçant les liens avec Israël. "L'Arabie saoudite a également alloué des millions de dollars à la lutte que les Etats-Unis mènent contre l'Etat islamique et d'autres organisations terroristes", rappelle le secrétaire d'Etat, selon lequel "la production pétrolière saoudienne et la stabilité économique sont des éléments clés de la prospérité régionale et de la sécurité énergétique mondiale".


Lire aussi

Malgré les critiques, Trump veut rester un « partenaire indéfectible » de Riyad

Ankara accuse Trump de « fermer les yeux » sur le meurtre de Khashoggi

Très remontés depuis le meurtre du journaliste Jamal Khashoggi, les parlementaires américains ont adressé un coup de semonce à l'administration Trump: une résolution pour cesser tout soutien militaire à Riyad dans la guerre au Yémen a franchi mercredi un premier obstacle au Sénat.Le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo et le ministre de la Défense Jim Mattis, qui avaient fait...

commentaires (2)

LES BETISES DU SENAT !

LA LIBRE EXPRESSION

13 h 12, le 29 novembre 2018

Tous les commentaires

Commentaires (2)

  • LES BETISES DU SENAT !

    LA LIBRE EXPRESSION

    13 h 12, le 29 novembre 2018

  • Arrêtez votre théâtre de médiocre qualité, les amerlocks , c'est comme pour le Vietnam, quand vous avez réalisé que cela vous coûtait trop cher en fric et en mercenaires , vous commencez à trouver les mots et les prétextes pour arrêter les frais . NE NOUS PRENEZ PAS POUR DES PERDREAUX NÉS DE LA DERNIÈRE PLUIE ET DÉGAGEZ DE LÀ AVEC VOS SBIRES .

    FRIK-A-FRAK

    09 h 08, le 29 novembre 2018

Retour en haut