Photo REUTERS/Guglielmo Mangiapane
Le chef du gouvernement libyen internationalement reconnu, Fayez al-Sarraj, a fustigé l'"hypocrisie" de l'Europe sur les migrants et réclamé plus de coopération, dans un entretien jeudi au Corriere della sera.
"Je vois tant d'hypocrisie dans les demandes européennes à notre pays. Vous nous demandez de maintenir à l'intérieur de nos frontières plus de 600.000 migrants, dont seulement 30.000 se trouvent dans les camps officiels", a déclaré M. Sarraj au quotidien italien.
"Mais vous, qui êtes infiniment plus riches que nous, refusez d'en accueillir même un seul. Vous chassez les rares qui arrivent chez vous", a-t-il relevé, alors que l'Union européenne soutient, finance et équipe les garde-côtes libyens pour empêcher les départs. "Je voudrais une plus grande coopération", a-t-il ajouté. "D'autant que parmi (ces migrants), il pourrait y avoir des infiltrés de l'EI (le groupe jihadiste Etat islamique). Nos polices et services de renseignement doivent travailler ensemble s'ils veulent éviter le pire", a-t-il insisté.
M. Sarraj a en revanche salué les efforts italiens sur la Libye et le "véritable succès" -- sans vraiment préciser en quoi -- de la conférence internationale du début de semaine à Palerme, en Sicile.
Cette conférence a pourtant été plombée par les divisions persistantes avec le boycott du maréchal Khalifa Haftar, l'homme fort de l'est de la Libye, et le coup de colère de la Turquie qui a claqué la porte de la conférence.
"La prochaine étape sera la conférence nationale en Libye organisée par l'émissaire de l'ONU Ghassan Salamé, j'espère dès janvier pour aller aux élections d'ici à juin 2019", a-t-il ajouté.
Le responsable libyen a aussi assuré que la situation s'améliorait à Tripoli. "La communauté internationale exagère le problème des milices. En fin de compte, à Tripoli nous pouvons voyager et travailler. Il y a des violences et trop de criminels en liberté, c'est vrai, mais ce n'est pas si grave", a-t-il déclaré.
"Je me déplace dans la capitale escorté de quelques agents armés, comme dans n'importe quel pays européen", a-t-il affirmé.
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