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Santé - Endocrinologie

Bien s’informer pour mieux se protéger du diabète

Au cours des deux prochaines années, la famille sera au cœur de la campagne mondiale de sensibilisation à la maladie.

Le diabète est contrôlé lorsque le HbA1c est inférieur à 6,5 % chez les personnes jeunes et se situe aux alentours de 7 % chez les personnes âgées ou qui ont un diabète de longue durée. Photo Bigstock

« Un diabète bien contrôlé est la cause majeure de rien. » Ces propos tenus par William Polonsky, président et fondateur du Behavioral Diabetes Institute aux États-Unis, en disent long sur l’importance d’un bon contrôle de la maladie pour en éviter les complications majeures, à savoir les maladies cardio-vasculaires, les accidents vasculaires cérébraux, la cécité, l’insuffisance rénale et l’amputation des membres inférieurs. Selon la Fédération internationale du diabète (FID), la maladie touche 425 millions d’adultes dans le monde. Un chiffre qui devrait atteindre les 522 millions d’ici à 2030, si des stratégies nationales pour lutter contre le diabète de type 2 – essentiellement lié au mode de vie – ne sont pas mises en place.

Au Liban, 12 % de la population serait diabétique, selon une étude menée en 2016 par le Dr Salim Adib, professeur d’épidémiologie et de santé publique à l’Université américaine de Beyrouth, en collaboration avec le Dr Ibrahim Bou Orm, coordinateur des activités pour les maladies non transmissibles au ministère de la Santé. Or le diabète de type 2 peut être réversible dans de nombreux cas. Malheureusement, les nombreuses idées reçues entourant toujours le diabète freinent la lutte contre la maladie. Pour tirer au clair ces questions, la Dr Carole Saadé-Riachi, endocrinologue, répond aux questions de L’Orient-Le Jour, à l’occasion de la Journée mondiale du diabète fixée au 14 novembre.


Quand le diabète est-il contrôlé ?

Une personne est diabétique lorsque le taux de l’hémoglobine glycosylée (HbA1c) – une valeur qui permet de déterminer la concentration du glucose dans le sang sur les trois derniers mois – est supérieur à 6,4 % et que le taux de glucose à jeun est supérieur à 126 mg/dl. On est prédiabétique lorsque le HbA1c se situe entre 5,7 et 6,4 % et la glycémie à jeun entre 100 et 126 mg/dl. Une personne ne souffre pas de diabète si son HbA1c est inférieur à 5,7 % et son taux de glycémie à jeun à 100 mg/dl. Le diabète est contrôlé lorsque le HbA1c est inférieur à 6,5 % chez les personnes jeunes et se situe aux alentours de 7 % chez les personnes âgées ou qui ont un diabète de longue durée.

Une personne prédiabétique peut revenir à un état de glycémie normale si elle adopte un mode de vie sain basé sur une alimentation équilibrée (trois repas par jour à des heures régulières), faible en matières grasses et en sucres rapides et une activité physique régulière. Il est conseillé de faire des exercices physiques à visée cardio-vasculaire à raison de trente minutes par jour en moyenne, comme la marche, la natation, le jogging, le vélo. Il faut savoir que l’activité physique « efface » le prédiabète et permet de contrôler le diabète. En effet, le sport en lui-même améliore le HbA1c et, par conséquent, l’action de l’insuline. En outre, le diabète est mieux équilibré et mieux contrôlé par les médicaments, sans oublier que l’activité physique par elle-même diminue les risques cardio-vasculaires. Il faut toutefois éviter les hypoglycémies. Pour ce faire, il faut bien manger avant de s’entraîner. Il est ainsi conseillé de prendre une part d’hydrates de carbone (pommes de terre, pain…) avec son sport.


La famille a-t-elle un rôle à jouer dans la prise en charge de la maladie ?

Absolument. Pendant longtemps, le diabète était vécu comme une maladie « individuelle » qui ne concerne que le patient. Cette année toutefois – et celle qui suit – la Journée mondiale du diabète place la famille au cœur de ses activités, et ce parce que chacun a un rôle à jouer pour aider le patient à mieux gérer sa maladie, mais aussi pour prévenir la survenue du diabète chez les autres membres de la famille. En effet, de nombreux cas de diabète de type 2 peuvent être évités si toute la famille adopte un mode de vie sain. Cela est possible au Liban, puisque dans notre culture sociale, on vit toujours avec ses parents. De ce fait, un même mode alimentaire sain peut être adopté par tous. Ainsi, en réduisant les risques pour le patient, c’est l’ensemble de la famille qui va être protégé contre la maladie.


Comment peut-on aider la personne diabétique dans sa famille ?

Il est recommandé de se renseigner sur les complications de la maladie pour l’aider à mieux la contrôler. Il faut aussi la soutenir sur le plan psychologique et éviter de la stigmatiser. Certains patients n’osent pas parler de leur maladie, parce que leur entourage exerce une pression continue à leur encontre. Or c’est la chose à ne pas faire. Il faut au contraire aider le patient en lui facilitant la vie, d’autant qu’il s’agit d’une maladie chronique. Par ailleurs, si on a dans sa famille une personne diabétique, il faut penser à se faire dépister, puisque le facteur génétique augmente le risque du diabète de type 2. Idéalement, il faut penser à faire un bilan sanguin général une fois l’an pour s’assurer que tout est dans les normes. Par ailleurs, si on passe souvent aux toilettes, si on ressent une soif continue, si on maigrit rapidement d’une manière inexpliquée et qu’on a la bouche constamment sèche, il faut penser à consulter un spécialiste. Cela signifie que le diabète est déjà installé.


Le diabète apparaît-il à un âge tardif ?

Plus maintenant. De plus en plus, on diagnostique le diabète de type 2 chez des personnes jeunes, dans la trentaine, alors qu’il y a encore deux ou trois décennies, la maladie était détectée essentiellement chez des personnes âgées de plus de 45 ans. Cela est dû à la sédentarité et à l’alimentation riche en graisses et en sucre. Malheureusement, la technologie a beaucoup nui à la santé.


Peut-on manger des féculents ou du sucre quand on est diabétique ?

Il n’est pas nécessaire de supprimer le sucre de son alimentation. Il faut bien sûr bannir les sources de sucre rapide comme les friandises, les gâteaux… On peut par contre manger des pâtes, du riz, des pommes de terre, du pain, des féculents et des fruits qui sont une source de sucre lent, mais sans exagération. La quantité des aliments sera déterminée selon le cas de chaque patient par le médecin traitant et une diététicienne. Si le diabète est bien contrôlé, on peut se permettre une petite friandise, à condition de faire du sport.


Quid des édulcorants ?

On peut en prendre, mais d’une manière très modérée. Parce que ces substances peuvent avoir des effets secondaires sur le long terme. Par ailleurs, il faut éviter les produits « light » sans l’avis d’une diététicienne ou d’une endocrinologue, parce que souvent les produits qui portent le label « allégé » sont riches en sucres rapides et vice versa, ceux qui sont sans sucres regorgent de matières grasses. La vigilance est de mise.


Le sucre roux et le miel ne peuvent-ils pas remplacer le sucre raffiné ?

Non. Ces produits sont tout aussi nocifs puisqu’ils font hausser le taux de glycémie de la même façon que le sucre raffiné. Il faut savoir que tous les produits sucrés doivent être consommés en quantité raisonnable. En cas d’une hypoglycémie, il ne faut pas prendre n’importe quel produit sucré. Un simple jus ou une eau sucrée aident à réguler le taux de glycémie. Il faut surtout éviter les graisses renfermées dans le chocolat ou toute autre pâtisserie, ainsi que les yaourts sucrés parce qu’ils retardent l’absorption du sucre.


Le régime sans gluten réduit-il le risque du diabète ?

Non. Le gluten n’a aucun effet sur le diabète. C’est un produit qui doit être banni chez les personnes ayant des maladies céliaques. Ce sont des maladies qui sont diagnostiquées par un gastro-entérologue sur base de tests cliniques spécialisés combinés à une biopsie digestive. Ce régime très restrictif ne doit donc être suivi que dans ce cas.


La consommation du sucre rend-elle diabétique ?

Non, sauf si on a une prédisposition génétique à la maladie. Dans ce cas, un mode de vie sain est conseillé pour éviter la survenue de la maladie.


Une femme diabétique risque-t-elle de passer le diabète à son enfant ?

Non. Si le diabète est bien contrôlé, le fœtus évoluera normalement. De toute façon, un bébé ne peut pas naître avec un diabète. Il faut cependant veiller à transmettre à son enfant les bonnes habitudes alimentaires pour prévenir la maladie à l’âge adulte.


Le diabète gestationnel signifie-t-il que le diabète de type 2 est déjà installé ?

Il existe un risque de rester diabétique. Toutefois, une bonne prise en charge du diabète gestationnel permet d’éradiquer à jamais le diabète de type 2, à condition d’adopter un mode de vie sain.


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commentaires (1)

Article de vulgarisation et d’information générale bien documenté! Sauf que toutes ces maladies chroniques métaboliques aux conséquences dévastatrices deviennent des problèmes de société où la malbouffe et le sédentarisme sont endémiques... Il ne suffit pas d’inforner en général, mais bien d’impliquer le ministère de la santé dans des campagnes nationales de sensibilisation et surtout d’avoir des centres de diabète où l’on donne des cours structurés aux patients avec suivi régulier à l’aide d’une équipe d’éducatrices et de diététistes, ce qui manque grandement au Liban! Il faut que la Société d’endocrinologie et de diabète comble cette lacune, si on veut rejoindre les standards occidentaux de prise en charge de ce fléau.

Saliba Nouhad

00 h 50, le 11 novembre 2018

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Commentaires (1)

  • Article de vulgarisation et d’information générale bien documenté! Sauf que toutes ces maladies chroniques métaboliques aux conséquences dévastatrices deviennent des problèmes de société où la malbouffe et le sédentarisme sont endémiques... Il ne suffit pas d’inforner en général, mais bien d’impliquer le ministère de la santé dans des campagnes nationales de sensibilisation et surtout d’avoir des centres de diabète où l’on donne des cours structurés aux patients avec suivi régulier à l’aide d’une équipe d’éducatrices et de diététistes, ce qui manque grandement au Liban! Il faut que la Société d’endocrinologie et de diabète comble cette lacune, si on veut rejoindre les standards occidentaux de prise en charge de ce fléau.

    Saliba Nouhad

    00 h 50, le 11 novembre 2018

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