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Économie - Rapport

La Banque mondiale exhorte le Liban à ne plus perdre de temps

La conjoncture au niveau local et mondial réduit la marge de manœuvre du pays.


La Banque mondiale a présenté mardi son dernier rapport trimestriel sur l’économie libanaise lors d’une conférence organisée à Beyrouth. Photo P.H.B.

Moins d’un mois après avoir abaissé ses prévisions de croissance pour le Liban, la Banque mondiale a une nouvelle fois exhorté les politiques libanais à lancer sans plus attendre les réformes que le pays s’est engagé à mener lors de la conférence dite CEDRE à Paris et qui sont préconisées depuis plusieurs années par ses soutiens et ses créanciers.

L’institution a lancé cet appel, mardi, à l’occasion de la présentation de son dernier rapport trimestriel sur l’économie libanaise lors d’une conférence organisée mardi soir à l’Université américaine de Beyrouth (AUB) à laquelle a notamment participé son directeur régional pour le Moyen-Orient, Saroj Kumar Jha. Les grandes lignes du rapport avaient été révélées à l’issue de l’assemblée d’automne de la Banque mondiale avec le Fonds monétaire international (FMI), lors de la première quinzaine d’octobre à Bali.

« Le Liban fait face à un défi existentiel. La Banque mondiale n’abandonne pas et se tient prête à apporter son expertise au pays (…) mais c’est à ses dirigeants de lancer les réformes attendues », a déclaré Saroj Kumar Jha à la fin de la conférence, modérée par Alia Moubayed, directrice de département à la banque d’investissement américaine Jeffries International.

Changement de ton

Plus que le fond de son diagnostic, c’est le ton employé par la Banque mondiale qui tranche avec celui employé avant la crise de novembre 2017, qui a mis à jour la vulnérabilité du système libanais face aux chocs, insiste l’institution. Ce revirement avait été amorcé en avril, en amont de la publication du précédent rapport sur l’économie du pays, en marge des réunions de printemps entre la Banque mondiale et le FMI.


(Lire aussi : La Banque mondiale prête à aider le Liban à réformer le secteur de l’électricité)


Pour les auteurs du rapport, parmi lesquels figure notamment l’économiste de la Banque mondiale Wissam Haraké, également présent à l’AUB, la situation est d’autant plus urgente que « la convergence d’un certain nombre de facteurs négatifs au niveau local et mondial a sensiblement aggravé le risque-pays », réduisant ainsi la marge de manœuvre de ses décideurs. Les tensions politiques qui bloquent la formation du nouveau gouvernement près de six mois après les législatives, les répercussions du conflit syrien qui dure depuis 2011, ou encore les difficultés posées par les huit hausses successives des taux d’intérêt américains depuis 2015 – alors que le Liban doit continuellement attirer des dollars pour maintenir l’indexation de sa monnaie sur le billet vert – font partie des principaux facteurs conjoncturels cités. Le rapport rappelle de plus que les interventions de la Banque du Liban (BDL) pour « gérer activement l’économie et les défis financiers » auxquels le pays fait face n’ont offert que des « répits temporaires » et sont de plus en plus risquées au niveau macro-financier.

Les mêmes « défaillances »

Les réformes attendues doivent pour leur part cibler les principales « défaillances » structurelles du modèle de croissance du pays, comme le manque de productivité et de compétitivité (voir encadré) de son économie, sa dépendance aux transferts de ses expatriés ou encore le déséquilibre de ses finances publiques. « Nous avions soulevé les risques liés à ces faiblesses il y a deux ans. Mais la conjoncture était plus favorable et leurs effets avaient pu alors être limités », indique Wissam Haraké à L’Orient-Le Jour. « La principale motivation de ce rapport est de rappeler pour quelles raisons le pays est dans cette situation et pourquoi son modèle économique ne peut actuellement survivre sans perfusion. Les pistes pour redresser l’économie sont connues et tout ce qu’il faut, c’est la volonté politique de les mettre en œuvre », poursuit-il. Les réformes qui devraient être lancées en priorité concernent sans surprise le secteur de l’électricité – gourmand en subventions sur le carburant – et les finances publiques, alors que le déficit budgétaire devrait frôler les 10 % du PIB cette année. « Ce sont les chantiers les plus urgents, mais pas les seuls », précise encore Wissam Haraké.

Également présent à la conférence, le directeur affecté au département des opérations financières de la BDL, Youssef Khalil, qui a déploré que les politiques n’aient pas mis à profit le temps que les initiatives de la Banque centrale avait permis de gagner. Une référence directe aux opérations financières aussi appelées ingénieries financières (à l’image de celles de 2016) ou des dispositifs de soutien à la demande interne – comme les mécanismes de subventions des intérêts sur les prêts au logement, dont la suspension cette année a plongé le secteur immobilier dans la crise.

La croissance libanaise ne devrait pas dépasser 1 % en 2018 pour la Banque mondiale, soit un point de moins que sa projection publiée en avril. Le ratio dette / PIB est attendu à 154,6 %, soit un des ratios les plus élevés du monde.



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commentaires (2)

Ils paniquent trop vite ces économistes de la banque mondiale. Je les conseille de venir s’entraîner à l'endurance chez nous. 6 mois sans gouvernement c'est rien. Sur notre tableau de chasse il y a 30 mois de fermeture de parlement et 24 d'attente pour une élection présidentielle. Plus sérieusement si ces experts vont devoir s'occuper de nous on risque de regretter les mainmises iraniennes et saoudiennes. Ils ont désossé la Grèce avant de la faire sortir de la crise. Quand ils commencent à voyager fréquemment dans un pays ce n'est pas pour déguster "les mezzés".

Shou fi

18 h 20, le 01 novembre 2018

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Commentaires (2)

  • Ils paniquent trop vite ces économistes de la banque mondiale. Je les conseille de venir s’entraîner à l'endurance chez nous. 6 mois sans gouvernement c'est rien. Sur notre tableau de chasse il y a 30 mois de fermeture de parlement et 24 d'attente pour une élection présidentielle. Plus sérieusement si ces experts vont devoir s'occuper de nous on risque de regretter les mainmises iraniennes et saoudiennes. Ils ont désossé la Grèce avant de la faire sortir de la crise. Quand ils commencent à voyager fréquemment dans un pays ce n'est pas pour déguster "les mezzés".

    Shou fi

    18 h 20, le 01 novembre 2018

  • LA BANQUE MONDIALE ET TOUS CONSEILLENT LE LIBAN DE NE PLUS PERDRE DU TEMPS POUR JOUIR DES 11,5 MILLIARDS DE DOLLARS DE DONS ET D,INVESTISSEMENTS DE LA CEDRE POUR REFORMER L,ECONOMIE ET LES INFRASTRUCTURES DU PAYS. TOUS LE SAVENT. TOUS LE VEULENT. SEULS, NOS ABRUTIS L,IGNORENT ET S,EN FOUTENT !

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 17, le 01 novembre 2018

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