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Culture - Musicales de Baabdath

Romain Leleu : J’ai la chance de faire de ma passion mon métier...

Sacré « Révélation instrumentale » des Victoires de la musique classique en 2009, ce trompettiste de haut vol est, pour la troisième fois, au Liban pour deux concerts* avec les Musicales de Baabdath. Avant l’avalanche des notes, confidences et explications.

Romain Leleu et l’Ensemble Convergences. Photo DR

Avec quelles impressions ou (pré-)sentiments abordez-vous ces rives ?

Ce n’est pas mon premier voyage au Liban, je suis venu deux fois dans la dernière décennie. Cette fois-ci, c’est pour les Musicales de Baabdath et je me réjouis de donner ces concerts avec mes collègues et amis François Dumont, Ghislain Leroy et mon Ensemble Convergences. Chaque voyage au Liban est différent. Cela a beaucoup changé, comme j’ai pu le constater il y a deux ans avec joie. Et, ce que je préfère, hormis l’excellente cuisine libanaise et la chanteuse Feyrouz, c’est le contraste permanent. Je trouve que le peuple libanais est très accueillant, joyeux, et il me semble très positif de manière générale. C’est le sentiment que j’ai à chaque voyage au Liban, donc pas de pré-sentiments particuliers, mais simplement hâte de revenir !


Pourquoi avoir choisi la trompette parmi tous les instruments de musique ?

La trompette m’a été proposée par hasard par mes parents lorsque j’avais six ans. Mais j’avais été ébloui par un concert de Maurice André à peu près au même âge. Lorsque je l’ai entendu, j’ai tout de suite eu envie d’apprendre à en jouer. Cette envie ne m’a jamais quitté, et j’ai la chance de faire de ma passion mon métier. Mais au-delà de la trompette, c’est la musique qui m’intéresse ! J’aime la diversité et je pense qu’avec la musique classique, on peut tout se permettre, du moment que nous faisons les choses avec authenticité et avec le cœur. La trompette est un instrument avec lequel on peut presque tout faire et dans tous les styles. Son répertoire s’élargit peu à peu et, pour moi, le grand avantage de ne pas avoir autant de répertoire que le piano, c’est justement d’avoir l’impression d’horizon devant soi. Ce qui permet donc de ne rien s’interdire !


Comment s’est opérée la première rencontre avec cet instrument ?

J’ai écouté Maurice André en concert dans une petite ville proche de Lille, d’où je suis originaire. J’ai été subjugué par sa sonorité, et son pouvoir, bien au-delà de la séduction, qui pour moi ne fonctionne pas dans la musique ! Lorsque j’ai essayé, j’ai tout de suite aimé l’impression de devoir « fabriquer » sa sonorité. C’est à la fois le grand plaisir et la grande difficulté de cet instrument !


Quels sont vos trompettistes favoris? Et quelles sont les partitions que vous jugez exceptionnelles pour la trompette ?

Il y a plusieurs trompettistes que j’apprécie : Maurice André, Wynton Marsalis, Reinhold Friedrich (avec qui j’ai étudié) et, parmi les gens de ma génération, Ibrahim Maalouf. Nous étions étudiants au même moment au Conservatoire de Paris. Nous avons joué ensemble l’année dernière au Théâtre des Champs-Élysées. Il joue de la trompette orientale de façon exceptionnelle ! Il y a plusieurs partitions que je trouve exceptionnelles : le Concerto de Joseph Haydn par exemple, celui d’Henri Tomasi également, et puis la Légende de Georges Enesco. Ce sont des œuvres que je fais travailler à mes étudiants du Conservatoire national supérieur de musique de Lyon très souvent. Plus proche de nous, la Sequenza de Luciano Berio. Et puis plein de répertoires que j’affectionne aussi, pas nécessairement composé pour mon instrument.


À part le souffle, quelles qualités artistiques faut-il pour être un bon trompettiste ?

Je ne pense qu’il faille plus de souffle pour jouer de la trompette que pour jouer de la flûte, mais il faut apprendre à canaliser sa manière de souffler, cela reviendrait à « se placer », comme pour un chanteur d’opéra. Il faut aussi entretenir son endurance musculaire. Et rester souple également. Du point de vue artistique, il faut, à mon avis, être à l’écoute de soi, et surtout des autres, pour avancer et progresser chaque jour ! Être assidu, travailler avec abnégation et surtout garder une fraîcheur et une motivation permanentes !


Quel programme avez-vous concocté pour les Musicales de Baabadth ? Y a-t-il une ligne directrice particulière ?

Nous avons orienté les programmes sur des formations et axes différents. Dans le récital trompette et orgue avec Ghislain Leroy, nous avons construit un programme tenant compte des caractéristiques de l’orgue. Nous jouerons donc du Bach, car je suis fan de sa musique, et cela fonctionne très bien dans ce duo. Puis nous ferons entendre et découvrir au public des œuvres romantiques, la plupart du temps transcrites pour le duo, comme la Vocalise de Rachmaninov, une pièce de concert de Brandt, qui était un trompettiste russe, ou encore une fantaisie de Ponchielli, en allant jusqu’à Jean Michel Damase, qui a vécu au XXe siècle à Paris, et dont l’écriture subit les influences de Gabriel Fauré. Avec l’Ensemble et François, nous avons construit un programme autour du Septuor de Camille Saint-Saëns, mais le public nous entendra aussi en duo dans du répertoire original de Charlier et Enesco. La seconde partie sera consacrée au programme que je donne avec mon ensemble, Convergences, que j’ai créé pour ouvrir la musique classique au public le plus large possible, et pour renouveler en quelque sorte la formule du concert traditionnel. Avec le recul que j’ai maintenant, je sais que nous avons réussi à attirer un nouveau public à la musique à travers ce projet. Comme il n’y avait pas de répertoire à proprement parler pour cette formation, je me suis entouré, il y a presque 10 ans, d’un arrangeur, Manuel Doutrelant, qui sera avec nous. J’ai la chance, dans ce projet phare, de pouvoir jouer la musique que j’aime, qui m’influence et me suis parfois depuis mon enfance ! Cet ensemble est une sorte de laboratoire, mais aussi de bouffée d’oxygène, qui me permet de faire aussi autre chose que ce que je fais en concerto. C’est aussi une manière de trouver un équilibre et de développer un nouveau répertoire pour mon instrument, d’accéder à d’autres styles musicaux. Nous jouerons donc des œuvres de Carlos Jobim, Astor Piazzolla et Joseph Kosma. La ligne de conduite particulière de mes programmes, où que ce soit, c’est le plaisir et l’authenticité ! On peut tout jouer et tout entendre, si c’est fait avec le cœur…


*Avec l’ensemble Convergences, mercredi 31 octobre à 20h, à l’église Saint-Antoine-de-Padoue, Baabdath**. Avec Gislain Leroy, le jeudi 1er novembre, à 20h, à l’Assembly Hall de l’AUB.



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commentaires (1)

Excellent trompettiste! Et les deux concerts qu'il a donnés(le premier à Baabdath, mercredi, le second à l'Assembly Hall hier) furent très appréciés du public. Bravo Romain Leleu et le reste des musiciens...et un grand bravo pour Les Musicales de Baabdath!

Georges MELKI

12 h 15, le 02 novembre 2018

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Commentaires (1)

  • Excellent trompettiste! Et les deux concerts qu'il a donnés(le premier à Baabdath, mercredi, le second à l'Assembly Hall hier) furent très appréciés du public. Bravo Romain Leleu et le reste des musiciens...et un grand bravo pour Les Musicales de Baabdath!

    Georges MELKI

    12 h 15, le 02 novembre 2018

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