À l’USJ, une victoire du 14 Mars contestée par le 8 Mars

Les élections des amicales estudiantines se sont déroulées dans le calme samedi sur le campus des sciences sociales (CSC) à Huvelin, pourtant réputé pour son ambiance politique tendue, et ce malgré la bataille acharnée à laquelle les pôles du 14 Mars (Forces libanaises, courant du Futur, Kataëb et Parti socialiste progressiste), et du 8 Mars (Courant patriotique libre, Hezbollah, Amal, Marada et Parti syrien national social) se sont livrés.

La direction du campus d’Huvelin a pris cette année des mesures organisationnelles pour contenir le scrutin et éviter les débordements, ce qui n’a pas plu aux étudiants, certains allant même jusqu’à accuser la direction d’entraver le processus démocratique. Les élections ont donc eu lieu un samedi, en dehors des heures de cours, et les étudiants étaient admis à l’intérieur du campus par petits groupes. À l’extérieur, bousculades et ambiance quelque peu chaotique pour les étudiants qui s’impatientaient devant la porte d’entrée.

Interrogé par L’Orient-Le Jour, Marc Khoury, étudiant au CSC et responsable des jeunes du CPL dans les universités privées, estime que les étudiants venus voter ont été « humiliés » par les mesures de sécurité. « Ils nous ont fait entrer un à un. Les étudiants ont été humiliés et obligés d’attendre devant la porte. Certains ont été découragés et sont partis sans avoir voté. On ne comprend pas pourquoi ils ont choisi un samedi pour tenir les élections », souligne-t-il.

Pour Oliver Abi Rached, étudiant en troisième année de droit, l’ambiance est « un peu tendue puisque les 14 et 8 Mars se sont retrouvés ensemble et que l’université ne savait pas comment les contenir ». Pour lui, la politisation de ces élections estudiantines est importante puisqu’elle permet de se préparer à « entrer dans la société » une fois les études terminées. Le jeune homme, qui est un sympathisant des Kataëb, se félicite du fait que « le 14 Mars ait commencé à Huvelin ». « Nous voulons préserver l’identité de cette université et préserver la mémoire des martyrs du 14 Mars », dit-il à L’OLJ.

Une étudiante en deuxième année de gestion affirme, quant à elle, se considérer avant tout comme chiite et percevoir ces élections a priori estudiantines comme un scrutin confessionnel. « J’ai voté pour les chiites et les aounistes », a-t-elle dit, en référence au Hezbollah et au mouvement Amal. « Il n’y a pas de différence entre le Hezbollah et Amal. Nous sommes des chiites et il n’y a pas de différence entre les chiites. C’est un pays basé sur la politique et les confessions et ça ne va pas changer. Mais ces élections, c’est juste de la politique et quand ça va finir, nous allons redevenir tous amis », souligne-t-elle. Les résultats ne se sont pas fait attendre samedi et ont été annoncés durant l’après-midi. À la faculté de droit du CSC, ce sont les FL et leurs alliés qui ont été victorieux avec 6 sièges, contre 4 pour le 8 Mars et 1 seul pour les indépendants. Le 8 Mars a pour sa part raflé 8 sièges à la faculté de gestion et de management (FGM), contre 7 pour le 14 Mars. Pas d’élections à l’Institut des sciences politiques ni à l’Institut supérieur des sciences de l’assurance où des représentants ont été désignés en l’absence de listes en compétition, selon une source bien informée au sein de l’USJ.

(Pour mémoire :  Élections estudiantines : résultats serrés à l'AUB)

Bassil vs Geagea
Dans les autres campus et facultés de l’USJ, c’est la coalition du 14 Mars qui était nettement avantagée face à celle du 8 Mars, en termes de nombre de facultés où elle a finalement réussi à percer. Selon des résultats rendus officiels par le bureau des étudiants des FL, 13 facultés ont été remportées par le 14 Mars contre 6 pour le 8 Mars et une faculté pour les indépendants.

Dans la soirée de samedi, la section des jeunes du CPL a également revendiqué la victoire dans ce qu’elle considère comme étant « les grandes facultés », comme l’École supérieure d’ingénieurs de Beyrouth (ESIB), la FGM, ou encore la faculté de médecine. « Les FL se targuent d’avoir gagné en présentant les résultats selon les facultés, mais chacun sait que le nombre d’étudiants dans les facultés que nous avons remportées est supérieur au nombre d’étudiants dans les facultés que les FL ont remportées », a-t-elle affirmé dans un communiqué. « Vous nous avez apporté une grande victoire lors des élections dans votre université. Nous vous apporterons une grande victoire avec le gouvernement », a déclaré samedi soir le chef du CPL et ministre sortant des Affaires étrangères Gebran Bassil, lors d’un discours en recevant les étudiants CPL de l’USJ pour les féliciter.

De son côté, le chef des FL, Samir Geagea, a également reçu des étudiants de l’USJ affiliés à sa formation. « Ils se targuent aujourd’hui de victoires illusoires, a-t-il dit en allusion aux sympathisants du CPL. Ils essaient de faire croire que ces élections sont limitées aux facultés où ils ont gagné (…). Nous avons raflé à Beyrouth la majorité des facultés et s’ils veulent compter le nombre de voix dans l’ensemble des facultés, nous sommes prêts (…). Ceux qui ont des adversaires comme les nôtres n’ont pas à s’inquiéter pour l’avenir », a déclaré M. Geagea.

Interrogé par L’OLJ, Fouad Maroun, secrétaire général de l’USJ, a estimé pour sa part que les élections se sont déroulées « dans une bonne ambiance » sur l’ensemble des campus de l’université. « Le taux de participation a été élevé, ce qui prouve que les propos selon lesquels nous voulions entraver ces élections en les organisant un samedi étaient faux. Le plus important maintenant est que les étudiants se mettent au travail quels que soient les résultats obtenus », a-t-il indiqué.

(Pour mémoire : Bagarre entre militants du CPL et des FL à Huvelin)

Autres résultats
Au campus des sciences médicales, c’est finalement le 8 Mars qui a été victorieux à la faculté de médecine et à la faculté de nutrition. À la faculté de pharmacie, c’est le 14 Mars qui a remporté le plus de sièges ; il a également été élu d’office à la faculté des sciences infirmières et à l’École des techniciens de laboratoire d’analyses médicales ainsi qu’à l’École de sages-femmes. Les indépendants ont quant à eux réussi à remporter la majorité des sièges de la faculté de médecine dentaire.

Au campus des sciences et de la technologie, la majorité des sièges de l’ESIB et de la faculté des sciences ont été remportés par le 8 Mars. À l’Institut de gestion des entreprises et à l’Institut national des télécommunications et de l’informatique, c’est le 14 Mars qui est sorti victorieux.

Au campus des sciences humaines, pas d’élections à la faculté des sciences de l’éducation ni à l’Institut des lettres orientales ou à l’Institut supérieur des sciences religieuses. À l’Institut d’études scéniques et audiovisuelles (IESAV), ainsi qu’à l’Institut libanais d’éducateurs, c’est le 14 Mars qui a réussi à rafler les sièges. Le 8 Mars a pour sa part remporté les élections à la faculté des lettres et des sciences humaines, ainsi qu’à l’École des traducteurs et interprètes de Beyrouth.

Au campus de l’innovation et du sport, pas d’élections à l’Institut de psychomotricité et d’orthophonie. Le 14 Mars l’a emporté à la faculté de sciences économiques et à l’Institut de physiothérapie.