Rechercher
Rechercher

Moyen Orient et Monde - Diplomatie sportive

L’hymne israélien va-t-il retentir sur le sol qatari ?

Dans le cadre de sa stratégie diplomatique et sportive, le Qatar cherchera à éviter tout dérapage lié à la participation israélienne aux championnats du monde de gymnastique prévus fin octobre.

Nasser al-Khater, dirigeant du comité d’organisation du Mondial 2022 au Qatar, le 18 mai 2017 au stade Khalifa International de Doha. Karim Jaafar/Archives AFP

Dans les jours qui viennent, l’hymne israélien pourrait retentir sur le sol qatari. En attendant d’accueillir la prochaine Coupe du monde de football qui se déroulera sur son sol durant l’hiver 2022, l’émirat organise, du 25 octobre au 3 novembre, la 48e édition des championnats du monde de gymnastique. Une édition particulière, puisque la compétition se déroulera pour la première fois sur le sol moyen-oriental depuis sa création en 1903.

Mais le pays accueillant ces championnats n’est pas la seule particularité de cet événement. Parmi les 80 nations qui participent à la compétition figure la délégation israélienne composée des gymnastes Artem Dolgopyat, Andrey Medvedev et Alexander Shatilov, donnés favoris pour remporter l’or dans de nombreuses épreuves. Or, selon la tradition, l’athlète ayant remporté l’or dans une discipline monte sur la plus haute marche du podium, alors qu’est hissé son drapeau et que retentit l’hymne de son pays. En cas de victoire d’un athlète israélien, le Qatar, pétromonarchie arabe, se risquera-t-il à exposer le drapeau israélien et faire raisonner la Hatikva (l’hymne national) dans l’Aspire Dome de Doha où se dérouleront les épreuves ?

Selon des propos rapportés par le quotidien Haaretz, la Fédération internationale de gymnastique (FIG), l’organe directeur de ce sport, assure que lors de la compétition au Qatar, une victoire israélienne sera célébrée comme la victoire d’un autre pays. « Il y a eu des échanges très amicaux entre les fédérations de gymnastique du Qatar et d’Israël avant l’événement et les organisateurs ont clairement indiqué qu’ils garantiraient la sécurité et l’égalité de traitement à toutes les équipes/athlètes participants arrivant dans le pays et qu’ils considèrent le sport comme un moyen d’unir le monde. (…) L’hymne national d’Israël sera joué et le drapeau du pays sera hissé lors de la cérémonie de remise des médailles en cas de victoire ou de médaille d’un gymnaste israélien », confirme Meike Behrensen, membre de l’équipe de communication de la FIG, contactée par L’Orient-Le Jour. Le Qatar, engagé dans une véritable diplomatie du sport, devrait dès lors se démarquer de certains athlètes arabes qui ont refusé de saluer ou d’affronter, ces dernières années, des athlètes israéliens lors de compétitions internationales, surtout lors de disciplines de combat.


(Lire aussi : La bombe à retardement d’al-Jazira sur les lobbies pro-israéliens)


Plusieurs précédents
Le cas qui a fait couler le plus d’encre concerne le judoka égyptien Islam el-Chéhabi opposé, en 16es de finale, à l’Israélien Or Sasson, lors des Jeux olympiques de Rio en 2016. À l’issue du combat, l’athlète israélien, déclaré vainqueur, s’était approché de son concurrent pour lui serrer la main. M. Chéhabi avait néanmoins refusé la poignée de main et ne s’était résigné au salut traditionnel (en s’inclinant légèrement) qu’après un rappel à l’ordre de l’arbitre. Le comportement d’Islam el-Chéhabi avait suscité un certain malaise, et les autorités égyptiennes avaient tenté de rattraper la chose avec Tel-Aviv, en envoyant notamment une lettre de félicitations en guise d’excuses au gouvernement israélien pour l’attitude de leur athlète. Liés par un traité de paix depuis 1979, l’Égypte et Israël entretiennent des contacts diplomatiques réguliers, notamment au sujet de la situation dans la bande de Gaza. Mais les relations ne sont pas complètement normalisées. L’année dernière, lors du tournoi de judo du Grand Chelem d’Abou Dhabi, aux Émirats arabes unis, c’est le judoka israélien Tal Flicker qui est sorti victorieux. Mais une fois l’athlète sur la première marche du podium, les organisateurs du tournoi, au lieu de la Hatikva, ont lancé la musique officielle de la Fédération internationale de judo (FIJ). En lieu et place du drapeau israélien, c’est une bannière portant le logo de la FIJ qui a été hissée. L’athlète israélien a tout de même tenu à chanter son hymne national.

En décembre dernier, l’Arabie saoudite a refusé de délivrer des visas à sept joueurs d’échecs israéliens dans le cadre d’un tournoi que le royaume organisait. Au départ, cette interdiction concernait les Israéliens mais aussi des joueurs iraniens et qataris, dont les deux pays sont considérés comme « ennemis » du royaume wahhabite. Mais après une intervention de la Fédération internationale d’échecs, l’Iran et le Qatar ont pu envoyer des représentants, contrairement aux Israéliens envers qui les organisateurs saoudiens sont restés inflexibles.

Certains athlètes refusent carrément d’être opposés à un athlète israélien dans le cadre d’un combat. Lors des JO d’Athènes en 2004, le judoka iranien Arash Miresmaeili avait invoqué un excès de poids pour ne pas avoir à affronter son concurrent israélien. Plus récemment, lors des championnats du monde de judo organisés en mars dernier au Maroc, une judokate algérienne, Amina Belkadi, a refusé d’affronter son homologue israélienne pour des raisons politiques.

De tels scénarios pourraient-ils se produire à nouveau au Qatar ? « Si la délégation israélienne vient à Doha, cela veut dire qu’elle a eu des garanties de la part de l’émirat. Israël est connu pour être extrêmement attentif concernant les déplacements de ses athlètes sur des terres étrangères, mais plus encore dans des pays du Proche et Moyen-Orient », estime Jean-Baptiste Guégan, spécialiste de la géopolitique du sport, contacté par L’OLJ. « Hisser le drapeau et jouer l’hymne national n’est pas en soi quelque chose de dangereux, car on reste dans le cadre du sport et il n’y a pas, durant ces championnats, des sports d’affrontement. On aura au maximum des cris ou des sifflements si les Israéliens gagnent », ajoute-t-il, précisant que la délégation israélienne sera assurément encadrée par des membres des services de sécurité israéliens en contact constant avec les services de sécurité qataris. Doha n’a, en effet, pas intérêt à ce que des débordements aient lieu : c’est son image de pays organisateur de grands tournois internationaux qui est en jeu dans ces championnats.


(Lire aussi : Netanyahu : La paix avec les Palestiniens passe par la "normalisation" avec les pays arabes)


En quête de légitimité
« C’est une partie de la politique sportive qatarie qui est en jeu ici. Certes, ces championnats du monde sont un événement de moindre importance par rapport à la Coupe du monde 2022, mais les Qataris peuvent noircir le tableau si la situation dérape avec les Israéliens. Et ni Israël ni le Qatar n’ont envie de s’exposer à ce genre de chose, surtout pour des championnats de gymnastique », explique Jean-Baptiste Guégan.

Par ses investissements considérables dans le sponsoring, les médias et les clubs sportifs, le Qatar est devenu un acteur de premier plan sur la scène sportive internationale. Il fait du sport une de ses stratégies de rayonnement, non seulement au Moyen-Orient mais également dans le monde. Doha mise désormais sur le sport pour exister sur la scène diplomatique internationale mais aussi comme vitrine de son ambition, malgré le blocus qui lui est imposé depuis 16 mois par les pétromonarchies du Golfe, lui reprochant ses liens avec l’Iran et le financement du terrorisme.


Pour mémoire
Jérusalem : Riyad rappelle sa position et met les points sur les i

Dans les jours qui viennent, l’hymne israélien pourrait retentir sur le sol qatari. En attendant d’accueillir la prochaine Coupe du monde de football qui se déroulera sur son sol durant l’hiver 2022, l’émirat organise, du 25 octobre au 3 novembre, la 48e édition des championnats du monde de gymnastique. Une édition particulière, puisque la compétition se déroulera pour la...

commentaires (1)

tres drole la situation et le statut du qatar et celui du Liban . pays qui abrite une Enorme base militaire americaine , pays qui a abrite/monnaye les pires jihadistes qui soient - qui continue peut etre a le faire, pays qui fait la guerre aux pays du GCC et du coup ameliore ses relations avec leur ennemi jure, pays qui reconnait Israel ouvertement, sans honte ni crainte des reactions des autres arabes- allez comprendre ces derniers -,LORSQUE CHEZ NOUS, une jeune fille est mise a mort parce qu'ayant commis le crime sacrilege ultime de se faire prendre en photo avec une jeune palestino israelienne !

Gaby SIOUFI

16 h 36, le 23 octobre 2018

Tous les commentaires

Commentaires (1)

  • tres drole la situation et le statut du qatar et celui du Liban . pays qui abrite une Enorme base militaire americaine , pays qui a abrite/monnaye les pires jihadistes qui soient - qui continue peut etre a le faire, pays qui fait la guerre aux pays du GCC et du coup ameliore ses relations avec leur ennemi jure, pays qui reconnait Israel ouvertement, sans honte ni crainte des reactions des autres arabes- allez comprendre ces derniers -,LORSQUE CHEZ NOUS, une jeune fille est mise a mort parce qu'ayant commis le crime sacrilege ultime de se faire prendre en photo avec une jeune palestino israelienne !

    Gaby SIOUFI

    16 h 36, le 23 octobre 2018

Retour en haut