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Moyen Orient et Monde - Conflit

Washington ferme son canal direct avec les Palestiniens à Jérusalem

L’administration Trump va intégrer sa représentation auprès de l’Autorité palestinienne dans son ambassade en Israël.

Le consulat américain à Jérusalem. Thomas Coex/AFP

Washington a rompu jeudi le 18 octobre un canal de discussion de premier ordre avec les Palestiniens. Dans un communiqué, le secrétaire d’État américain Mike Pompeo a annoncé la fermeture du consulat général des États-Unis à Jérusalem. Depuis des décennies, cette mission diplomatique située rue Agron, dans la partie ouest de la ville, assurait un lien permanent avec les officiels palestiniens. En lieu et place, un nouveau service dédié aux « affaires palestiniennes » devrait être intégré à l’ambassade des États-Unis en Israël, dont le déplacement à Jérusalem en mai dernier avait provoqué l’ire de la communauté internationale. Tout en justifiant cette décision par un souci d’ « efficacité », Mike Pompeo a assuré qu’elle n’aurait aucune incidence sur la ligne politique de l’administration américaine, qui « continuera à mener un large éventail de rapports et de programmes en Cisjordanie et à Gaza ». Difficile, pourtant, de ne pas y voir une dégradation du statut des Palestiniens aux yeux de Washington, comme l’explique Élisabeth Marteu, chercheuse à l’International Institute for Strategic Studies (IISS) et spécialiste du conflit. « Pour les États-Unis, c’est la relation avec Israël qui prime, et la question palestinienne n’est plus qu’un sous-dossier. Petit à petit, on s’achemine vers un déni total, notamment du statut de réfugié palestinien », décrypte-t-elle pour L’Orient-Le Jour.

En réponse, l’Autorité palestinienne a dénoncé une décision « idéologique » des États-Unis qui « ne peuvent jouer aucun rôle dans l’effort de paix », selon le numéro deux de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), Saëb Erakat. Contacté par L’Orient-Le Jour, le responsable de l’ONG Human Rights Watch en Israël et dans les territoires palestiniens, Omar Shakir, n’est pas surpris de la tournure prise par les événements : « Les Palestiniens ont bien senti que cette administration n’agirait pas en leur faveur… Et rien n’augure un éclaircissement des relations entre Washington et Ramallah. » Jusqu’ici sous l’autorité de la consule générale Karen Sasahara, les liens avec les représentants palestiniens seront désormais assurés par l’ambassadeur des États-Unis en Israël, David Friedman. Connu pour ses positions en faveur de l’extension des colonies en Cisjordanie, cet ancien avocat personnel de Donald Trump n’entretient pas des relations paisibles avec l’Autorité palestinienne. En mars dernier, son président Mahmoud Abbas n’avait pas hésité à qualifier M. Friedman de « fils de chien » lors d’un discours. Le soutien sans faille de Donald Trump au gouvernement de Benjamin Netanyahu a profondément dégradé les relations entre Palestiniens et Américains. « Les politiques de l’OLP et du Fateh ont étendu leurs dissensions sur les autres sujets pour refuser en bloc toute négociation où les États-Unis seraient à la table », ajoute Élisabeth Marteau depuis Bahreïn.


(Lire aussi : Conflit israélo-palestinien : la solution à deux Etats et les alternatives)


« Mettre à genoux les Palestiniens »

Déjà bien mornes, les relations avec les États-Unis ne cessent de distendre depuis la reconnaissance unilatérale de Jérusalem comme capitale officielle de l’État hébreu en décembre 2017. Mécènes historiques de l’Unrwa, les États-Unis ont annoncé fin août l’arrêt de leur contribution au budget de cette agence des Nations unies qui vient en aide aux réfugiés palestiniens depuis 1948. En septembre encore, la Maison-Blanche a exigé la fermeture de la représentation diplomatique de l’OLP à Washington. Pour Omar Shakir, « la situation est très délicate sur le terrain depuis l’interruption des financements américains aux hôpitaux palestiniens. Sans parler des violations des droits humains fondamentaux par Israël, que les États-Unis se refusent à dénoncer ». En asphyxiant petit à petit la possibilité d’une solution à deux États, « l’administration américaine montre clairement sa volonté de mettre à genoux les Palestiniens pour en finir avec cette question, explique Élisabeth Marteu. « Si un accord est trouvé, il ne sera pas signé sur un pied d’égalité. »



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