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Culture - Musique

IAM : C’est assez émouvant de venir jouer à Beyrouth

Des artistes qui font l’actualité dans le paysage musical de l’Hexagone sont à l’affiche de la première édition du festival French Vibes. Le groupe marseillais IAM, l’une des formations pionnières du rap français, ouvrira le bal le 9 octobre au MusicHall Waterfront.

Les musiciens membres du groupe IAM. Photo Didier D Daarwin

Porte-parole de toute une génération, le flow indémodable d’IAM continue de parler et de toucher une large frange de la population. Depuis 1984, les Marseillais qui constituent le groupe n’ont jamais cessé de clamer haut et fort leur engagement et leur goût pour la vie qu’ils ont décidé de rêver en musique. Aujourd’hui en tournée pour célébrer les vingt ans de l’album L’école du micro d’argent (Victoire de la musique), ils font une escale très attendue à Beyrouth dans le cadre du premier festival French Vibes, organisé par Karim Ghattas et Michel Éleftériadès au MusicHall Waterfront. Pour l’occasion, Akhenaton, le rappeur du groupe, a répondu aux questions de L’Orient-Le Jour.

Vous êtes en tournée à l’occasion des vingt ans de votre album « L’école du micro d’argent ». Comment qualifieriez-vous votre évolution durant ces deux décennies ?

C’est compliqué d’avoir un point de vue sur les vingt dernières années, parce qu’on a fait tellement de choses. On a vécu des moments joyeux, mais aussi des épreuves difficiles. Si on nous avait dit en 1984, quand on a fondé le premier groupe, qu’on se retrouverait à faire des concerts au Liban, au Japon, aux États-Unis et dans tous les Zénith de France, avec des concerts à Bercy, on ne l’aurait sûrement pas cru à l’époque. C’est un privilège de pouvoir vivre sa passion et d’en vivre.

Vous tirez partiellement votre inspiration de la culture égyptienne et vous vous dites « passionnés par les civilisations ». D’ailleurs, votre surnom est inspiré d’un pharaon...

Akhenaton était en effet un pharaon monothéiste et surtout révolutionnaire. C’est le côté progressiste du personnage historique qui m’a intéressé. Il a accompli sa révolution amarnienne face au clergé d’Ammon qui dominait l’Égypte depuis des millénaires.

Donner un concert pour la première fois au Liban, ça a une saveur particulière ?

Pour moi qui connais l’histoire du Liban, qu’elle soit antique, médiévale ou moderne, ce concert est quelque chose de très important. Au début des années 90, on nous avait demandé de venir, mais cela ne s’était pas fait et c’était le groupe les Négresses vertes qui était venu à notre place. Depuis, on n’a plus jamais eu l’occasion de donner un concert au Liban. Pour nous, c’est une immense fierté et, d’un point de vue historique, assez émouvant de venir jouer à Beyrouth... C’est la première fois donc que nous nous produisons ici, mais ça a toujours été dans mes objectifs. Je me suis toujours dit : « À un moment donné, je vais visiter le Liban, la Syrie, l’Irak et la Jordanie. » Je voulais vraiment faire un tour des lieux historiques, voir les ruines romaines ainsi que les sites mésopotamiens ; voir la forteresse de Masyaf (en Syrie) ou les montagnes qui surplombent Beyrouth, parce que ces montagnes-là ont vu défiler toutes les grandes civilisations. Malheureusement, l’histoire moderne de la région a, jusque-là, fait avorter ce projet.

Sensible à l’histoire et à la culture du pays, suivez-vous de près la situation géopolitique de la région ?

Bien entendu, déjà parce qu’on est proches géographiquement de la région. Et puis, cette région du monde fait partie de l’histoire de notre pays, nos histoires sont entremêlées. C’est quelque chose qui me touche et m’interpelle. Mais justement, les moments où l’on peut arriver à jouer de la musique, ces moments où l’on se rassemble autour de l’art et de la culture sont importants pour moi. Au-delà du discours, l’art en général trace une sorte de trait sur des différences que l’on peut avoir au quotidien. On s’aperçoit qu’elles sont anecdotiques parce que l’art sublime et nous fait voler vers quelque chose de beaucoup plus grand, qui rapproche de l’art suprême – de la création même, qui n’est pas humaine pour moi.

À quel public vous attendez-vous à Beyrouth ?

Je n’en ai aucune idée. Mais puisqu’on a eu la chance d’avoir des albums dans les années 90 qui ont été très écoutés ici, j’espère qu’il y aura beaucoup de Libanais, si possible de toutes les confessions, de tous les âges et de tous les sexes. Nous avons joué récemment au Japon, et nous étions très contents de constater une grande diversité dans le public. En Égypte, à Alexandrie, il y avait beaucoup de gamins. C’était touchant et émouvant de pouvoir parler avec eux. Ils nous disaient : « On a fait le trajet jusqu’à Alexandrie, on est venus en train pour vous voir », et ça c’est vraiment super. Pour moi, un concert d’IAM, ça doit être ça, il n’y a pas de règles ou de public, pas de catégorie particulière.

Vous intéressez-vous à la scène rap/hip-hop libanaise ?

Il y a quatre ans, j’ai fait un morceau sur les migrants intitulé Marche avec Edd Abbas, un rappeur libanais, et Stormtrap Asifeh, un rappeur d’origine palestinienne. Par ailleurs, je m’y suis intéressé indirectement parce que j’ai fait une exposition sur le hip-hop à l’Institut du monde arabe à Paris, qui s’appelait « Du Bronx aux rues arabes ». Via cette exposition, j’ai pu à la fois exposer des groupes que je connaissais et en découvrir d’autres.

Quels sont vos projets après Beyrouth ?

On fait une petite tournée en Allemagne, puis on joue début décembre à la salle Pleyel à Paris avec un orchestre philharmonique. Ensuite, après un an passé sur les routes, on espère boucler cette tournée par un concert en Afrique, au Sénégal.

C’est un vrai plaisir d’aller jouer à l’étranger, on remet les compteurs à zéro. On ne joue pas forcément devant un public conquis. Moi, j’aime bien de temps en temps me remettre en danger, dans des conditions un peu plus proches de ce qu’on avait au début. Et comme cela arrive parfois dans des pays comme la Chine ou le Japon, jouer devant des gens qui ne nous connaissent pas forcément.

Porte-parole de toute une génération, le flow indémodable d’IAM continue de parler et de toucher une large frange de la population. Depuis 1984, les Marseillais qui constituent le groupe n’ont jamais cessé de clamer haut et fort leur engagement et leur goût pour la vie qu’ils ont décidé de rêver en musique. Aujourd’hui en tournée pour célébrer les vingt ans de l’album...

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