Rechercher
Rechercher

Liban - Crise de la presse

Melhem Riachi vole au secours des quotidiens en butte aux difficultés financières

Les projets de loi bloqués au gouvernement devraient être soumis au Parlement sous le chapitre dit de la législation de nécessité.

Melhem Riachi a tenu hier une réunion avec les représentants de la presse écrite. Photo ANI

Le ministre sortant de l’Information Melhem Riachi a décidé hier de saisir directement le Parlement des projets de loi qu’il avait soumis au gouvernement pour venir en aide aux organes de la presse écrite, qui traversent dans leur ensemble une crise financière. Ces textes avaient été présentés l’an dernier au Conseil des ministres, mais ils restent bloqués pour des raisons qui demeurent inconnues. Il a aussi mis en place un comité ad hoc qui assurera le suivi nécessaire auprès des trois pôles du pouvoir et des responsables concernés.

La décision de voler au secours de la presse a été prise hier, au terme d’une réunion que M. Riachi a tenue avec des représentants des journaux libanais qui continuent de paraître, alors qu’un quatrième quotidien venait de mettre la clé sous la porte. Il s’agit comme on le sait d’al-Anouar, un titre du groupe de presse as-Sayyad qui arrête en même temps la diffusion de tous les magazines publiés par la maison à cause de pertes financières que le groupe dit essuyer.

Trois autres quotidiens libanais ont déjà tiré leur révérence : as-Safir, al-Balad et al-Ittihad. Le quotidien panarabe al-Hayat a pour sa part fermé ses bureaux à Beyrouth.

Faute d’avoir réussi à sensibiliser ses collègues au sein du Conseil des ministres au sujet de l’urgence d’une politique de préservation de la presse écrite locale, le ministre sortant de l’Information se tourne donc vers le Parlement. Les propositions de loi devraient être prêtes dans les quelques jours qui suivent. Le comité ad hoc qu’il préside aura pour mission d’effectuer une tournée auprès des trois pôles du pouvoir pour les alerter sur l’urgence d’une intervention réfléchie.

Le comité est composé, outre M. Riachi, du directeur général du ministère Hassan Falha, des présidents de l’ordre de la presse Aouni el-Kaaki et du syndicat des rédacteurs Élias Aoun, ainsi que des responsables des principaux quotidiens libanais, Nayla Tuéni, Michel Touma, Nadim Ladki, Ibrahim el-Amine, Khalil Khoury, Amer Machmouchi, Georges Bkassini et Radwan el-Dib.

« Réservoir stratégique de l’audiovisuel et du numérique »

Plusieurs idées susceptibles de permettre à la presse de surmonter ce qu’il est convenu d’appeler « la crise du papier » ont été évoquées au cours de la réunion, au terme de laquelle Melhem Riachi a tenu une conférence de presse pour expliquer que le comité de suivi, chargé d’élaborer les propositions de loi, aura terminé sa mission dans les prochaines 72 heures, après quoi, le comité ad hoc entamera sa tournée auprès des présidents de la République Michel Aoun, du Parlement Nabih Berry, et du Premier ministre désigné Saad Hariri. « Le Liban sans information sera sans rôle, sans message et sans aucune vitrine sur la Méditerranée et l’Orient », a insisté le ministre, en soulignant que « le Liban et la liberté d’expression vont de pair ».

Après avoir relevé que la presse écrite libanaise « représente aujourd’hui le principal réservoir stratégique des médias audiovisuels et numériques », M. Riachi a averti que « si celle-ci vacille, c’est tout le secteur de l’information qui risque de s’effondrer ». Il a rappelé avoir soumis au Conseil des ministres, depuis sa nomination à la tête du ministère de l’Information, de nombreux textes de loi bénéficiant aux médias audiovisuels ainsi qu’à la presse écrite. « Je n’ai pas réussi cependant à les faire inscrire à l’ordre du jour d’aucun Conseil des ministres », a-t-il soutenu. Une des raisons de cet échec réside dans le fait que les médias concernés n’ont pas entrepris le lobbying qu’il faut pour soutenir l’action du ministre et pousser le gouvernement à plancher sur leurs problèmes. Une lacune qui devrait cependant être comblée par le comité ad hoc formé hier.

Non moins de six projets de loi avaient été présentés en 2017 par Melhem Riachi au gouvernement. Des textes que son équipe de travail avait élaborés en se basant sur des propositions qui avaient été faites par son prédécesseur, Ramzi Joreige. M. Riachi prévoit notamment des exonérations fiscales et sociales, qui permettront de réduire sensiblement les dépenses des organes de presse et de permettre à ces derniers de remonter la pente. L’État, a-t-il proposé dans un des textes de loi, pourrait pendant une période provisoire, étalée sur deux ou trois années, se substituer aux employeurs des quotidiens pour verser à la Caisse nationale de Sécurité sociale (CNSS) les cotisations sociales des journalistes.

Le ministre propose également d’amender les lois portant sur la TVA et les cotisations municipales. Ainsi, les journalistes exerçant effectivement le métier seraient exonérés de la taxe sur la consommation de l’eau et de l’électricité, parmi d’autres services. Les journalistes ne paieraient plus de taxes sur les immeubles qu’ils occupent, tout comme leurs employeurs seraient exonérés des taxes sur les immeubles qu’ils occupent, qu’il s’agisse de la presse écrite ou des médias audiovisuels.

Outre la réduction des dépenses, Melhem Riachi envisage une augmentation des recettes des quotidiens libanais, grâce à une subvention assumée par l’État. Celui-ci versera à chaque organe de presse 500 livres libanaises pour chaque numéro vendu « effectivement ». « Les propriétaires des quotidiens seront tenus de dresser des bilans hebdomadaires indiquant le nombre de journaux vendus, et de les remettre au Conseil national de l’information chaque semaine », selon un des projets de loi de Melhem Riachi. Les mesures proposées par le ministre n’entraînent pour l’État que des charges budgétaires de moins de 7 millions de dollars par an.

Si jamais le lobbying qui sera effectué par le comité ad hoc porte ses fruits, les propositions de loi devront être inscrites à l’ordre du jour de la prochaine réunion parlementaire parce qu’elles s’inscrivent dans le cadre de la législation dite de nécessité. Pour cela, les membres du comité n’envisagent pas de se rendre seulement auprès des trois pôles du pouvoir, mais vont étendre leur démarche aux membres du bureau de la Chambre, ainsi qu’aux présidents des principales commissions parlementaires.

Le ministre sortant de l’Information Melhem Riachi a décidé hier de saisir directement le Parlement des projets de loi qu’il avait soumis au gouvernement pour venir en aide aux organes de la presse écrite, qui traversent dans leur ensemble une crise financière. Ces textes avaient été présentés l’an dernier au Conseil des ministres, mais ils restent bloqués pour des raisons qui...

commentaires (3)

Une presse forte, indépendante est le signe de la bonne santé démocratique d'un pays.... Reste à trouver cet équilibre indispensable pour sa survie... Les temps sont durs et des mutations professionnelles sont en cours ... Espérons le meilleur à la presse libanaise.

Sarkis Serge Tateossian

10 h 54, le 02 octobre 2018

Tous les commentaires

Commentaires (3)

  • Une presse forte, indépendante est le signe de la bonne santé démocratique d'un pays.... Reste à trouver cet équilibre indispensable pour sa survie... Les temps sont durs et des mutations professionnelles sont en cours ... Espérons le meilleur à la presse libanaise.

    Sarkis Serge Tateossian

    10 h 54, le 02 octobre 2018

  • L,AIDE FINANCIERE NE LES SAUVERAIT POINT. IL LEUR FAUT FERMER BOUTIQUE OU CHANGER LEUR FACON DE TRAVAIL. LA GRECE AVAIT DANS LE TEMPS FAIT L,ERREUR D,INVESTIR L,ARGENT DE LA SECURITE SOCIALE ET L,ARGENT DU CONTRIBUABLE POUR SAUVER LES ENTREPRISES EN DIFFICULTE FINANCIERE... DEPUIS ONT COMMENCE SES DEBOIRES ECONOMIQUES ET PROBLEMES FINANCIERS POUR ARRIVER A L,AUJOURD,HUI...

    LA LIBRE EXPRESSION

    10 h 17, le 02 octobre 2018

  • esperons qu'ils n'iront pas jusqu'a faire casquer le citoyen en déboursant des aides financieres a des institutions qui ne pourront QUE deposer le bilan un jour ou l'autre . Triste et desolante que ca puisse l'etre ,la verite est telle qu'aucun sou ne devrait etre perdu en investissant la-dedans.

    Gaby SIOUFI

    09 h 13, le 02 octobre 2018

Retour en haut