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Liban - Environnement

Décharge de Costa Brava : audiences « houleuses » lors de la procédure juridique

Un des experts chargés par la justice d’évaluer la situation de la décharge de Costa Brava a mis en garde contre le danger d’une explosion due aux émanations de méthane, rapporte un membre du groupe ayant porté plainte contre le promoteur et le CDR.

La décharge de Costa Brava, au centre d’une polémique juridique. Photo d’archives « L’OLJ »/Ramzi Moucharrafieh

Les audiences au Palais de justice se sont poursuivies ces derniers jours dans le cadre des plaintes déposées par le groupe de la société civile Mouttahidoun qui conteste les travaux d’agrandissement de la décharge côtière de Costa Brava, tout en dénonçant les méfaits des activités du site sur l’environnement et la santé publique. Mouttahidoun, qui a décidé de mener la bataille devant plusieurs instances juridiques, prévoit une conférence de presse mercredi prochain pour exposer les développements du dossier aux niveaux légal, environnemental et financier.

Hier, la juge des référés de Aley Roula Chamoun a tenu une audience durant laquelle elle a examiné l’objection du Conseil du développement et de la reconstruction concernant sa décision antérieure, le 17 juillet dernier, de geler les travaux d’agrandissement de la décharge, avant de revenir sur cette décision début août. Le CDR avait fait valoir que la décharge nécessitait des travaux de maintenance. Le groupe Mouttahidoun avait alors accepté la reprise momentanée des travaux et refusé d’être tenu responsable du possible retour des ordures dans la rue. La juge Chamoun a levé l’audience jusqu’au jeudi 4 octobre, date à laquelle elle devrait écouter les conclusions des experts environnementaux qu’elle avait chargés de dresser un état des lieux.


« Ils ne savent pas gérer une décharge »

Lundi, la procureure générale spécialisée dans les affaires d’environnement pour le Mont-Liban, Ghada Aoun, avait écouté Mouttahidoun ainsi que le promoteur en charge de l’agrandissement, al-Jihad Group for Commerce and Contracting, représenté par Me Tarek Jabbouri, et le CDR qui était représenté par Me Fady Mahfouz. L’avocat Ghassan Jarrah, qui représentait le directeur du CDR Nabil el-Jisr, était également de la partie. La séance devait se tenir mercredi dernier mais elle a été ajournée à la demande de M. Jisr pour cause de voyage. La juge Aoun a également écouté les experts désignés par la juge Chamoun, Jihad Abboud, David Abi Saab et Wilson Rizk, qui lui ont présenté leur rapport final.

« La séance était houleuse, le groupe al-Jihad et le CDR se sont renvoyé la balle, le CDR a même fait assumer la faute au gouvernement, a confié Rami Alleik, un des avocats de Mouttahidoun, à L’Orient-Le Jour. Ils ont dit que le tri était effectué de manière satisfaisante, avant de se rétracter en reconnaissant qu’ils recevaient plus de déchets au centre de tri de Amroussié qu’ils ne pouvaient normalement accueillir. » « Une grande partie des déchets ménagers organiques ne sont donc pas triés mais envoyés tels quels à Costa Brava. Ces déchets atterrissent dans la décharge avec le liquide qu’ils émanent (lixiviat) qui est très polluant », a souligné Me Alleik.

Pire encore, Me Alleik évoque les mises en garde de l’expert environnemental Wilson Rizk qui craint une explosion due au méthane émanant des déchets empilés à Costa Brava. « Le CDR et al-Jihad Group for Commerce and Contracting disent qu’il y a des fissures dans la membrane qui protège la décharge. M. Rizk a mis en garde contre le fait que ces fissures peuvent favoriser la propagation du méthane émis par les déchets, ce qui pourrait à terme causer une explosion et menacer l’aéroport, les transports aériens et l’environnement », a indiqué Me Alleik, ajoutant que le Costa Brava arrivera à saturation « dans moins d’un an et demi ». « Ils ne savent pas comment gérer une décharge. Comment voulez-vous donc qu’ils puissent gérer des incinérateurs ? » a-t-il ajouté, en référence au projet de loi sur la gestion des déchets voté lundi par le Parlement.

« La correspondance entre al-Jihad Group for Commerce and Contracting et le CDR depuis 2016 montre qu’un budget a été prévu pour effectuer les travaux de maintenance nécessaires dans les centres de tri mais rien n’a été fait », explique pour sa part un communiqué de Mouttahidoun publié hier.

Le CDR a rejeté en bloc les révélations de Mouttahidoun concernant l’audience du lundi. Dans un communiqué publié hier, le CDR a assuré que « le communiqué (publié lundi par Mouttahidoun sur l’audience menée par la juge Aoun) exprime les visions du groupe et ne reflète aucunement ce qui s’est passé lors de l’audience. Ce dossier est entre les mains de la juge Ghada Aoun en qui nous avons confiance et nous ne commenterons pas les détails tronqués du communiqué de Mouttahidoun ».

Par ailleurs, Mouttahidoun a rappelé hier dans son communiqué que l’enquête se poursuivait dans le cadre de la plainte présentée au procureur général financier Ali Ibrahim pour « détournement de fonds publics » de la part d’al-Jihad Group for Commerce and Contracting. Le juge Ibrahim avait sur ce plan entendu Jihad el-Arab, propriétaire du groupe, le 14 août dernier.


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commentaires (1)

les autorites judiciaires -je m'adresse en particulier aux juges - doivent savoir que les citoyens n'ont pas recouvre confiance a ce jour. Raison principale: beaucoup d'enquetes ouvertes.... aucun jugement annonce. par ailleurs C'est qd meme tres inquietant, au cas ou C la lenteur des procedures qui en est responsable, ils leur est demande IMPERATIVEMENT de les moderniser, amender ou je ne sais quoi et de faire de sorte -techniquement parlant- que ces proces ne s'eternisent pas . Car Sinon le citoyen est en droit de se poser des questions- ces memes- qu'il se pose depuis des decennies.

Gaby SIOUFI

13 h 11, le 27 septembre 2018

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Commentaires (1)

  • les autorites judiciaires -je m'adresse en particulier aux juges - doivent savoir que les citoyens n'ont pas recouvre confiance a ce jour. Raison principale: beaucoup d'enquetes ouvertes.... aucun jugement annonce. par ailleurs C'est qd meme tres inquietant, au cas ou C la lenteur des procedures qui en est responsable, ils leur est demande IMPERATIVEMENT de les moderniser, amender ou je ne sais quoi et de faire de sorte -techniquement parlant- que ces proces ne s'eternisent pas . Car Sinon le citoyen est en droit de se poser des questions- ces memes- qu'il se pose depuis des decennies.

    Gaby SIOUFI

    13 h 11, le 27 septembre 2018

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