Rechercher
Rechercher

Moyen Orient et Monde - Yémen

La coalition met en œuvre sa stratégie d’étouffement contre les houthis à Hodeida

Riyad et Abou Dhabi espèrent ramener, sous la pression, les rebelles à la table des négociations.

Des rebelles houthis se rassemblant à Sanaa, la capitale du Yémen, le 25 juin 2018. Mohammad Huwais/AFP

Quelques jours après l’échec des pourparlers de Genève, la coalition antihouthis emmenée par l’Arabie saoudite semble déterminée à intensifier la pression sur les rebelles yéménites en encerclant la ville portuaire de Hodeida. Hier, une source proche de la coalition soutenant les forces progouvernementales yéménites a annoncé à Reuters la reprise de la route reliant Hodeida à la capitale Sanaa, toutes deux occupées par les rebelles houthis soutenus par Téhéran. « La principale sortie de Hodeida menant vers Sanaa a été fermée, les forces (yéménites) appuyées par les Émirats arabes unis ayant pris le contrôle de la route », a précisé cette source. La reprise de cette voie importante pour l’approvisionnement des houthis s’inscrit dans la stratégie de pression mise en place par l’Arabie saoudite et son allié émirati après les échecs successifs des pourparlers visant à trouver une solution au conflit yéménite, notamment du dernier round qui était prévu à Genève la semaine dernière. Celui-ci n’a pas pu se tenir en raison du refus de la délégation représentant les rebelles de s’y rendre. Ces derniers avaient posé des conditions à la dernière minute pour participer à la réunion de Genève. Cette absence a été dénoncée mercredi par le ministre d’État émirati aux Affaires étrangères, Anwar Gargash, qui a affirmé sur twitter que « la non-venue des houthis à Genève était une preuve supplémentaire que la libération de Hodeida est ce qui est nécessaire pour les amener (les houthis) à la raison et s’engager de manière constructive dans le processus politique ». « Hodeida est le changement qui permettra d’assurer la fin de l’agression houthie », complétait-il.


(Lire aussi : Au Yémen, les Sudistes veulent faire entendre leur voix)


Ainsi, face à l’impossibilité de mettre fin ou d’instaurer une pause dans le conflit dans l’immédiat, la coalition a repris ses bombardements sur la ville portuaire qui avait connu un sursis ces deux derniers mois grâce à un accord de cessez-le-feu. Ces pilonnages ont causé la mort de plus de 80 personnes ces trois derniers jours.

Mercredi, la brigade dite des « Géants », l’unité des forces spéciales de l’armée yéménite affectée dans la zone de Hodeida, a repris le contrôle de la route appelée “Kilo 16”, importante voie d’approvisionnement des houthis reliant la ville portuaire à plusieurs autres, dont la capitale Sanaa, déclarait à l’AFP Abdulrahman Saleh Abou Zaraa, chef de cette force. Par ailleurs, une autre source militaire yéménite déclarait le même jour que l’objectif des forces gouvernementales était de couper les voies d’approvisionnement aux rebelles, sans toutefois prendre la ville de Hodeida dans l’immédiat. La stratégie de la coalition est donc simple : couper le flux de sang que pompe le cœur afin de l’affaiblir et ainsi ramener les houthis à la table des négociations.


(Lire aussi : Au Yémen, les forces anti-rebelles veulent prendre l'ascendant après l'échec de Genève)


« Prêts à se battre jusqu’à la mort » 
À quoi sert cette stratégie d’étouffement, alors que la coalition ne s’est pas privée de bombarder directement la ville portuaire ces trois derniers jours ? Selon des propos rapportés par le quotidien émirati The National, la coalition est persuadée que la solution au Yémen ne peut être que politique. Mais si la majorité des acteurs semblent également convaincus que la libération de Hodeida est la clé pour mettre fin à la guerre que subit le pays depuis maintenant plus de trois ans, celle-ci risque d’être difficile, étant donné la volonté des houthis de conserver ce port, point de passage essentiel de leur ravitaillement. « La coalition espère exercer une pression militaire intensive suffisante pour pousser les houthis à négocier, mais à ce stade il n’y a pas vraiment de réponse de leur part. » La coalition veut prendre Hodeida car ils ne veulent surtout pas que les houthis contrôlent des ports, surtout celui-là, mais les houthis ne semblent pas vouloir se retirer de Hodeida sans se battre et ils n’accepteront pas d’y renoncer (…). Ils sont prêts à se battre jusqu’à la mort s’il le faut », explique à L’Orient-Le Jour Adam Baron, chercheur à l’European Council on Foreign Relations et spécialiste du Yémen et de la péninsule Arabique. « Donc, pour le moment, je pense que l’on va vers des actes militaires très réguliers », ajoute-t-il.


Lire aussi
L’ONU épingle coalition et houthis, qui continuent comme si de rien n’était...

Raid ayant tué 40 enfants au Yémen : la coalition reconnaît des "erreurs"

Yémen: la coalition menée par Riyad accuse l'ONU de faire le jeu des rebelles

Aucune grande puissance ne veut parvenir à la paix au Yémen, selon un expert

Les Émirats veulent « briser » el-Qaëda dans le sud du Yémen

L’appui du Hezbollah aux houthis

Quelques jours après l’échec des pourparlers de Genève, la coalition antihouthis emmenée par l’Arabie saoudite semble déterminée à intensifier la pression sur les rebelles yéménites en encerclant la ville portuaire de Hodeida. Hier, une source proche de la coalition soutenant les forces progouvernementales yéménites a annoncé à Reuters la reprise de la route reliant Hodeida à la...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut