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À La Une - France

La diplomatie française va devoir se serrer la ceinture

Face à la nouvelle donne budgétaire, les ambassadeurs vont devoir désormais agir en "managers", dans une logique de "start-up", et proposer chacun rapidement une nouvelle organisation de leur "équipe", relève un diplomate.

Le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian (première rangée, au centre) et des ambassadeurs français lors de la conférence annuelle des ambassadeurs, à Paris, le 29 août 2018. / AFP / POOL / Thibault Camus

La France, en quête d'économies tous azimuts, va réduire les moyens de son réseau diplomatique d'ici 2022 malgré les ambitions affichées du président Emmanuel Macron sur la scène internationale.

Le Premier ministre Edouard Philippe a planté le décor devant les ambassadeurs réunis cette semaine à Paris pour la traditionnelle rentrée diplomatique, en dénonçant une "addition de strates" et en appelant à "revenir aux fondamentaux". L'objectif visé est une contraction de 10% de la masse salariale d'ici à 2022, soit 100 millions d'euros, l'Etat employant 20.000 agents à l'étranger tous métiers confondus (diplomates, militaires, enseignants, acteurs économiques...). "On peut réfléchir à une meilleure répartition des implantations des opérateurs de l'Etat à l'étranger et de leurs modes d'action (...) sans remettre en cause ni vos missions, ni la qualité de vos conditions de travail", a-t-il lancé.

Si les contours du coup de rabot restent flous - notamment le nombre de postes menacés - les diplomates ruent déjà dans les brancards.
"Sur trente ans, le ministère a perdu 53% de ses effectifs et un tiers en 10 ans", soit "un effort sans comparaison avec les autres ministères", souligne une note interne du Quai qui a fuité en juin dans plusieurs médias. Les efforts déjà menés - y compris la fermeture de consulats et la cession de bâtiments prestigieux - ne peuvent se poursuivre sans "compromettre la capacité d'action du ministère" et "l'ambition forte pour la France" portée par Emmanuel Macron, ajoutait-elle.


(Lire aussi : En Syrie, les chèvres et les choux de la diplomatie française)


Ambassadeurs "managers"
Face à la nouvelle donne budgétaire, les ambassadeurs vont devoir désormais agir en "managers", dans une logique de "start-up", et proposer chacun rapidement une nouvelle organisation de leur "équipe", relève un diplomate.

Le gouvernement veut notamment réduire les fonctions support (logistique, ressources humaines, système d'information..). Les fonctionnaires expatriés pourront aussi être remplacés par des agents de droit local, en particulier dans les services culturels et économiques.

Pour faire passer la pilule, le ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian préfère mettre l'accent sur la hausse de certains moyens, au service d'une diplomatie "sûre d'elle-même" et "agile". "2019 sera une année de reconquête de nos moyens (...) l'ensemble des leviers concrets de notre action vont être accrus", a promis mercredi le chef de la diplomatie française, habitué à des arbitrages plus favorables lorsqu'il était à la Défense (2012-2017), devant les ambassadeurs.

Les dons pour les projets de développement vont ainsi quadrupler à 1,3 milliard d'euros l'an prochain. Les crédits pour des actions humanitaires, inférieurs à ceux de pays comme la Belgique, vont augmenter de 40% à 100 millions d'euros.
Les contributions volontaires aux agences de l'ONU, tombées sous les 50 millions d'euros ces dernières années, vont aussi remonter à 100 millions d'euros.

Dès son arrivée au pouvoir, Emmanuel Macron s'était engagé à doper l'aide française au développement, tombée à 0,38% du revenu national brut (RNB) en 2016, pour la faire passer à 0,55% à la fin de son quinquennat, en 2022. Ce niveau reste toutefois en-deçà de l'objectif international de 0,7% atteint par le Royaume-Uni et l'Allemagne.

Dans un tout autre registre, le ministre a aussi promis 100 millions d'euros sur deux ans pour sécuriser ambassades et lycées français à l'étranger, de plus en plus exposés au risque terroriste.

Dans ce contexte difficile, la nomination au poste de consul général de France à Los Angeles de l'écrivain Philippe Besson, ami d'Emmanuel et Brigitte Macron, risque de faire grincer quelques dents. "Il n'y a chez moi aucun copinage pour services rendus", a assuré Emmanuel Macron. L'écrivain, qui l'a suivi dans les coulisses de la campagne présidentielle en 2017, narre dans son dernier roman sa conquête de l'Elysée.
"Ce sont des postes à la discrétion du gouvernement", relève-t-on au Quai sans plus de commentaires. Le ministère vient d'ajouter 22 postes de consuls généraux "particulièrement importants" à la liste des emplois ouverts à des non fonctionnaires.


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"... les nationalistes syriens, encore aujourd'hui, considèrent que la Syrie historique a été amputée..." Aux temps de la Syrie historique, la Syrie actuelle s'appelait "Bilad ech-Cham". La Syrie historique comprenait la Palestine, la Jordanie, l'Iraq, Bilad ech-Cham et le Liban. Bilad-ech-Cham s'est accaparée le nom de Syrie qui, logiquement, ne devrait plus exister. Un chant napoléonien "Partant pour la Syrie" datant de 1795, démontre que la Palestine était partie de la Syrie historique. La Syrie actuelle est amputée du Sandjak d'Alexandrette depuis 1939, il a été "offert" par la France à la Turquie pour des motifs stratégiques. Ce territoire est considéré comme "L'Alsace-Lorraine" syrien. Il a 125km de façade maritime et deux ports Antioche et Iskandarun à quelques petits kilomètres d'Alep. Qu'attendent les nationalistes syriens pour le récupérer, et ficher la paix au Liban ?

Un Libanais

20 h 45, le 30 août 2018

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Commentaires (1)

  • "... les nationalistes syriens, encore aujourd'hui, considèrent que la Syrie historique a été amputée..." Aux temps de la Syrie historique, la Syrie actuelle s'appelait "Bilad ech-Cham". La Syrie historique comprenait la Palestine, la Jordanie, l'Iraq, Bilad ech-Cham et le Liban. Bilad-ech-Cham s'est accaparée le nom de Syrie qui, logiquement, ne devrait plus exister. Un chant napoléonien "Partant pour la Syrie" datant de 1795, démontre que la Palestine était partie de la Syrie historique. La Syrie actuelle est amputée du Sandjak d'Alexandrette depuis 1939, il a été "offert" par la France à la Turquie pour des motifs stratégiques. Ce territoire est considéré comme "L'Alsace-Lorraine" syrien. Il a 125km de façade maritime et deux ports Antioche et Iskandarun à quelques petits kilomètres d'Alep. Qu'attendent les nationalistes syriens pour le récupérer, et ficher la paix au Liban ?

    Un Libanais

    20 h 45, le 30 août 2018

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