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Moyen Orient et Monde - Gaza

Gaza : les recommandations de Guterres risquent de rester lettre morte

Dans son rapport demandé par l’Assemblée générale, le secrétaire général de l’ONU met en avant quatre points visant à renforcer la protection des civils palestiniens dans les territoires occupés.

Le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, lors d’une conférence de presse à Moscou le 21 juin 2018. Yuri Kadobnov/AFP

Vendredi dernier, le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a présenté à l’Assemblée générale quatre propositions destinées à améliorer la protection des civils dans les territoires palestiniens occupés par Israël. Dans la terminologie onusienne qui se base sur les frontières de 1967, ces territoires sont la bande de Gaza et la Cisjordanie, avec Jérusalem-Est. Le rapport de quatorze pages contenant ces propositions avait été demandé par l’Assemblée générale le 13 juin dernier dans une résolution condamnant l’usage excessif de la force par Israël contre les civils palestiniens, un mois après le début de la grande marche du retour à Gaza, alors que l’armée israélienne avait causé la mort de plus d’une centaine de Palestiniens et en avait blessé des milliers d’autres. 

En plus de la condamnation, la résolution « prie » le secrétaire général de lui soumettre un rapport sous soixante jours, contenant des « propositions sur les moyens de garantir la sécurité, la protection et le bien-être de la population civile palestinienne se trouvant sous occupation israélienne, et en particulier des recommandations relatives à un mécanisme de protection international ». C’est désormais chose faite, mais l’histoire pourrait bien s’arrêter là et le rapport rejoindre les multiples résolutions et documents onusiens concernant le conflit israélo-palestinien qui se trouvent dans les archives. 


Selon les informations relayées par l’AFP, les quatre propositions mises en avant par M. Guterres sont les suivantes : 

– Apporter une « présence plus solide de l’ONU sur le terrain », avec des observateurs des droits de l’homme et des observateurs des affaires politiques chargés de faire le point sur la situation. 

– Élargir l’aide humanitaire et l’aide au développement afin « d’assurer le bien-être de la population ».

– Créer une mission civile d’observation qui serait présente dans des zones sensibles, comme les check-points et près des colonies israéliennes, avec pour mandat de rendre compte sur les questions de protection.

– Déployer une force policière ou militaire, sous mandat de l’ONU, afin d’apporter une protection physique aux civils palestiniens.

Ces propositions ne sont pas mutuellement exclusives et, s’il y a volonté de les adopter, tous les détails, du politique à la logistique en passant par le financement et le technique, devront passer par les vrais décideurs aux Nations unies : les États membres. En particulier les permanents au Conseil de sécurité, l’organe qui a « la responsabilité principale du maintien de la paix et de la sécurité internationale », selon la Charte des Nations unies, et qui détient à lui seul le pouvoir exécutif de l’organisation. 


(Lire aussi : Entre Israël et le Hamas, un accord incertain)


Pas en mesure d’accepter une mission de l’ONU
Le secrétaire général a affirmé avec réalisme que pour que ces propositions puissent être mises en œuvre, il faut un accord des deux parties. L’État d’Israël, unique pays membre concerné directement par ces quatre propositions, la Palestine n’ayant qu’un statut d’observateur dans l’organisation, n’a pas tardé à réagir à la publication de ce rapport. Son représentant permanent à l’ONU, Danny Danon, a déclaré samedi dernier qu’« au lieu de soumettre des recommandations délirantes sur la façon de protéger le peuple palestinien de l’État d’Israël, l’ONU devrait demander des comptes aux dirigeants palestiniens sur le mal qu’ils infligent à leur propre peuple », rejetant ainsi les propositions du secrétaire général. La presse israélienne déplore de son côté que le Hamas ait été ignoré dans le rapport. « Le déploiement de troupes onusiennes » pour protéger les civils palestiniens « est idéal pour les Palestiniens, mais hors de question pour Israël, qui poursuit une annexion rampante de la Cisjordanie et qui veut garder toutes les options en ce qui concerne ce territoire », note pour L’Orient-le Jour Gilbert Achkar, professeur de relations internationales à la School of Oriental and African Studies (SOAS) de l’Université de Londres, qui rappelle qu’il n’y a aucune souveraineté palestinienne sur les territoires mais plutôt une auto-administration : ils ne sont donc pas en mesure d’accepter une mission de l’ONU sur leurs territoires.

Sans l’accord israélien, la probabilité de voir une mission onusienne en Israël et dans les territoires palestiniens occupés est donc nulle. L’allié américain, dont le fameux « plan du siècle » pour régler le conflit israélo-palestinien se fait toujours attendre, posera probablement son veto à toute résolution du Conseil de sécurité que le gouvernement de droite israélien jugera défavorable, comme il l’a fait le 1er juin dernier avec la résolution de Koweït, qui était similaire à celle adoptée plus tard par l’Assemblée générale. La proposition la plus probable d’être appliquée est l’élargissement de l’aide humanitaire, que Jared Kushner, conseiller et gendre du président américain Donald Trump, aurait déjà évoqué, selon les informations concernant le mystérieux plan de paix américain à venir qui ont pu être filtrées jusque-là.




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Vendredi dernier, le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a présenté à l’Assemblée générale quatre propositions destinées à améliorer la protection des civils dans les territoires palestiniens occupés par Israël. Dans la terminologie onusienne qui se base sur les frontières de 1967, ces territoires sont la bande de Gaza et la Cisjordanie, avec Jérusalem-Est. Le...

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PEUT-IL LES IMPOSER ? NON ! DONC, LETTRES MORTES...

LA LIBRE EXPRESSION

16 h 23, le 21 août 2018

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Commentaires (1)

  • PEUT-IL LES IMPOSER ? NON ! DONC, LETTRES MORTES...

    LA LIBRE EXPRESSION

    16 h 23, le 21 août 2018

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