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Moyen Orient et Monde - Iran

Khamenei bombe le torse face aux pressions américaines

Le guide suprême iranien réitère le refus de son pays de négocier avec les États-Unis et promet de trouver une solution aux problèmes économiques.

Le guide suprême iranien, l’ayatollah Ali Khamenei, à la husseiniyé Imam Khomeyni à Téhéran, le 13 août 2018. Site Web officiel de Khamenei / Document distribué par Reuters

Pour la première fois depuis la mise en application des sanctions américaines contre la République islamique la semaine dernière, le guide suprême iranien, l’ayatollah Ali Khamenei, est sorti hier de son silence pour évoquer, à travers un discours cité par la télévision publique, la mauvaise gestion de l’économie et les tensions avec les États-Unis.
Ces derniers mois, au même titre que les membres du gouvernement iranien, Khamenei a fait l’objet de sévères critiques de la part de la population iranienne. Celle-ci manifeste contre les conditions de vie difficiles et la détérioration de l’économie. Le rial, la devise nationale iranienne, est dans un piteux état et aucune réponse n’a été apportée par le régime des mollahs. Les manifestants n’ont pas hésité à qualifier le guide suprême, plus haute autorité politique et religieuse du pays, de « dictateur », et ont même été jusqu’à glorifier l’âme de Reza Chah, père du dernier chah d’Iran, Mohammad Reza Pahlavi, renversé en 1979 lors de la révolution islamique. C’est dans ce contexte de pression sociale et économique que Khamenei a pris les devants pour tenter de calmer les ardeurs de la population. S’il n’a pas l’habitude de s’exprimer publiquement sur ce genre de sujet, laissant la plupart du temps le président Hassan Rohani et/ou le ministre des Affaires étrangères Mohammad Javad Zarif le faire pour lui, l’ayatollah Khamenei a tenu à s’exprimer en personne et a admis, lors de son discours, que la mauvaise situation financière du pays était en réalité due à des problèmes internes.


(Lire aussi : « Il n’est pas sûr qu’au sein du système iranien, il y ait une solution pour répondre à l’escalade US »)



Lutte anticorruption
 « Plus que les sanctions, la mauvaise gestion de l’économie fait pression sur les Iraniens moyens (...). Je ne dis pas que c’est de la trahison, mais une énorme erreur de gestion », a dit hier le guide suprême, comme pour rappeler que son agenda n’est pas dicté par des considérations externes. « Avec une meilleure gestion et une meilleure planification, nous pourrons résister aux sanctions et les surmonter », a-t-il ajouté. Une meilleure gestion qui, selon Khamenei, passerait notamment par un renforcement de la lutte contre la corruption, qui a atteint un niveau endémique dans le pays. Une campagne anticorruption a d’ailleurs été décidée par les autorités pour tenter d’endiguer ce phénomène, décrite par le guide suprême comme une « hydre à sept têtes ». Le pouvoir central a annoncé l’arrestation de plus d’une soixantaine de personnes soupçonnées de corruption et interdit à une centaine de fonctionnaires de quitter le territoire iranien. Le guide suprême a également approuvé la création de « tribunaux révolutionnaires » pour juger plus rapidement les suspects de crimes économiques. « Les corrompus doivent être punis avec fermeté », a insisté le guide suprême dans son allocution.
Ce dernier a néanmoins lancé une énième pique contre le gouvernement et le président Hassan Rohani, qu’il accuse de n’avoir rien fait pour lutter efficacement contre la corruption. Certains éléments des milieux conservateurs ont carrément demandé la démission de Rohani. Mais Khamenei semble toutefois plus nuancé et sait qu’il n’est pas dans l’intérêt du pays que le président iranien quitte son poste. Hassan Rohani, qui représente l’aile modérée du pouvoir et dont la cote de popularité est au plus bas, doit rester en place pour garantir une certaine image du régime auprès des Européens. Le guide suprême a donné l’impression de vouloir rappeler tout le monde à l’ordre, en critiquant ceux qui s’en sont directement pris à Rohani, accusés de faire « le jeu de l’ennemi ». « Le gouvernement doit rester en place et accomplir vigoureusement ses fonctions pour régler les problèmes », a-t-il insisté. Les ambitions du guide suprême sont donc simples : atténuer les effets des sanctions et ne surtout pas se soumettre aux pressions américaines.


(Lire aussi : Bloquer le détroit d’Ormuz : carte maîtresse ou coup de bluff iranien?)


« Temps long »
« Des responsables américains parlent de nous avec cynisme depuis quelque temps. Au-delà des sanctions, ils parlent de guerre et de négociations. À cet égard, laissez-moi dire à ce propos quelques mots au peuple : IL N’Y AURA PAS DE GUERRE, NI DE NÉGOCIATIONS AVEC LES ÉTATS-UNIS », a tweeté en anglais hier le guide suprême, se mettant ainsi à la mode des tweets en majuscules, tendance depuis quelques semaines entre Washington et Téhéran. Khamenei s’inscrit ainsi dans la lignée des réponses négatives iraniennes, émises ces dernières semaines contre les pressions américaines et dit une bonne fois pour toutes « non » à la main tendue du président américain Donald Trump. Ce dernier avait proposé, après une série d’échanges musclés via Twitter, une rencontre avec son homologue iranien, comme pour reproduire la stratégie mise en place avec la Corée du Nord. Mais l’invitation a été immédiatement déclinée par les Iraniens. Le président Rohani avait d’ailleurs déclaré que « lorsqu’on blesse une personne avec un couteau et qu’on veut négocier, on doit d’abord enlever le couteau ».
Khamenei semble donc vouloir jouer la montre considérant que « l’Iran ne veut pas raisonner Donald Trump, il le fera avec son successeur ». Le régime ne s’est pas privé de faire savoir qu’il garderait la même politique régionale et militaire qu’auparavant. « L’Iran ne changera pas de politique régionale sous la pression des sanctions et des menaces », a assuré hier le chef de la diplomatie iranienne, selon des propos rapportés par la chaîne de télévision qatarie al-Jazira. Parallèlement à ces déclarations, le ministre iranien de la Défense, Amir Hatami, a dévoilé un nouveau type de missile balistique de courte portée de type Fateh Mobin. Ce missile, selon la télévision d’État Irib, est capable d’atteindre des cibles au sol et en mer. Si le guide suprême a garanti qu’il n’y aurait pas de guerre avec les États-Unis, la divulgation de cette nouvelle artillerie risque d’attiser davantage les tensions dans la région, notamment pour les autres ennemis de l’Iran tels Israël ou l’Arabie saoudite.


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commentaires (3)

"...que la mauvaise situation financière du pays était due à des problèmes internes..." Ce cher guide suprême iranien semble oublier (à son âge c'est normal !) les millions dépensés pour entretenir des guerres en Irak, Syrie, et au Yémen, sans oublier notre "parti divin" et sa milice "résistante" sur notre territoire libanais, dont chaque dollar pour son entretien est offert gracieusement par cet Iran généreux, selon les propres aveux de Hassan Nasrallah... Alors...d'où viennent une partie des vrais problèmes financiers de la République d'Iran et de son peuple ??? Irène Saïd

Irene Said

09 h 20, le 14 août 2018

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Commentaires (3)

  • "...que la mauvaise situation financière du pays était due à des problèmes internes..." Ce cher guide suprême iranien semble oublier (à son âge c'est normal !) les millions dépensés pour entretenir des guerres en Irak, Syrie, et au Yémen, sans oublier notre "parti divin" et sa milice "résistante" sur notre territoire libanais, dont chaque dollar pour son entretien est offert gracieusement par cet Iran généreux, selon les propres aveux de Hassan Nasrallah... Alors...d'où viennent une partie des vrais problèmes financiers de la République d'Iran et de son peuple ??? Irène Saïd

    Irene Said

    09 h 20, le 14 août 2018

  • SUICIDE PLUTOT QUE NEGOCIATIONS ! DU JIHAD POLITIQUE ! LE TREPASSE ICI LE PAYS N,IRA PAS AU CIEL JOUIR DES 72 VIERGES...

    LA LIBRE EXPRESSION

    08 h 10, le 14 août 2018

  • Trêve de bla bla ... mettez en exécution vos menaces

    Bery tus

    02 h 14, le 14 août 2018

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