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Liban - Astronomie

Dormir sous une pluie d’étoiles filantes, à Tannourine

Une centaine de personnes ont campé dans la réserve naturelle de Tannourine pour observer les Perséides, un phénomène céleste qui va encore durer quelques jours.

Une vision magique du ciel, samedi, lors de la « Nuit des étoiles filantes » organisée par UniversCiel et Lebanese Adventure. Photo Élie Georges

À 1 500 mètres d’altitude, à la jonction de la réserve naturelle des cèdres de Tannourine et de la route sinueuse pour s’y rendre, des familles arrivent, tentes et tapis de sol à la main. Dans un paysage tout à fait idyllique, elles viennent passer la nuit dans la nature pour observer les Perséides.
Pour initier les jeunes comme les plus grands à l’astronomie et au plein air, UniversCiel et Lebanese Adventure ont organisé la neuvième édition de la « Nuit des étoiles filantes ». À l’horizon, une quarantaine de tentes sont installées, et 120 personnes profitent de ce moment d’évasion dans la nature.
Au programme : différents jeux pour les enfants, un atelier sur l’astronomie et une randonnée le lendemain matin. La soirée quant à elle est libre. Pour les passionnés d’astronomie se trouvent quelques télescopes, et surtout les experts à qui ils peuvent poser leurs multiples questions. À l’écart du campement se trouve un feu de camp pour réchauffer les frileux et ceux qui souhaitent griller quelques guimauves. Dans cette nuit froide, chandail chaud, foulard et pantalon chaud sont au rendez-vous.


(Lire aussi : Apprendre à contempler le ciel, le temps d’une nuit)


Un atelier dans l’obscurité
Le soleil est enfin couché. Dans un amphithéâtre naturel en pierre entouré de cèdres, l’astronome Roger Hajjar débute l’atelier. Première consigne : éteindre tout appareil électronique. Un « wow » se fait entendre. Le ciel étoilé, plus clair que jamais, éblouit. Dans l’obscurité, il raconte brièvement l’histoire de l’astronomie. Puis, à l’aide d’un laser vert, il pointe les différentes planètes et étoiles étincelantes dans le ciel. « Il devrait y avoir environ 70 météorites par heure », explique l’astronome, pendant qu’une étoile file au-dessus de sa tête. Les yeux rivés sur la voûte céleste, la bouche grande ouverte, les petits comme les grands contemplent avec émerveillement le système solaire.
 « Les étoiles filantes ne sont pas des étoiles qui tombent. C’est de la poussière de rochers qui se trouvent dans le système solaire que la Terre balaie dans sa trajectoire, dans son orbite autour du Soleil, explique Roger Hajjar. À cause de la vitesse énorme avec laquelle la poussière pénètre dans l’atmosphère, elle va chauffer, quasiment s’évaporer et laisser cette trainée lumineuse. » S’ensuit l’explication du phénomène des Perséides, qui est en fait « un nuage de poussière » plus dense, que la Terre traverse de juillet à mi-août. « Si nous retraçons la trajectoire des étoiles filantes, nous avons l’impression qu’elles sortent d’un point qui se trouve dans la constellation de Persée, d’où le nom de Perséides, précise-t-il. Mais, en fait, il s’agit de grains de poussière laissés par la comète Swift Tuttle (qui doit son nom aux deux astronomes qui l’avaient découverte) dans son périple autour du Soleil. »


Pour plusieurs participants, c’est la première fois qu’ils se retrouvent dans un environnement où le ciel est aussi défini. La petite Sarah, 7 ans, admire la Voie lactée. « Je n’avais jamais vu des étoiles filantes. C’est très joli », constate-t-elle, rêveuse, la tête rivée vers le haut. « Il y avait de l’émerveillement dans l’air. Ils ont découvert qu’il y avait un ciel étoilé, surtout quand Roger Hajjar leur a demandé d’éteindre toutes les lumières. Cela veut dire qu’ils ne mettent pas souvent le nez en haut pour regarder », explique le directeur de Lebanese Adventure, Serge Soueid, heureux du résultat.
Pour Anne Meyour Sloukgi qui est venue avec sa famille, ces ateliers astronomiques lui permettent de développer ses connaissances scientifiques. « C’était une expérience enrichissante et une découverte surprenante parce que je ne m’attendais pas à apprécier autant la qualité des informations de la conférence », affirme-t-elle.
Pour Rima Yazbeck, enseignante de français, ce genre de sortie lui apporte un enrichissement tant sur le plan personnel tout comme professionnel. « Cela me permettra de transmettre à mes élèves les connaissances que j’ai apprises sur l’astronomie », explique-t-elle en indiquant qu’elle souhaite refaire ce genre de sortie en plein air.
Depuis une vingtaine d’années, l’astronome remarque ce genre de réactions auprès des Libanais. « C’est un ciel que nous ne voyons plus puisque ce n’est plus un ciel de tous les jours, déplore-t-il. C’est devenu un ciel pour lequel il faut se déplacer, voire payer pour arriver dans un endroit aussi isolé. Nous sommes en train de le perdre, car nous ne faisons pas attention à l’impact de la pollution lumineuse que nous produisons. »

Sortir du quotidien
C’est pour sensibiliser les familles à la nature et à l’astronomie que ce genre d’activité est organisé. « Il manque d’initiatives de plein air. Il faut initier les gens et les pousser à faire le trajet Beyrouth-Tannourine, explique le président de l’association libanaise UniversCiel, Jean-Pierre Saghbini. Nous sommes pris par le stress de la ville et nous oublions que la nature nous attend. » Cette escapade en plein air est aussi bénéfique chez les plus jeunes. « Quand je suis dans les montagnes, je me sens bien. Je suis tout le temps en ville, mais je préfère la nature », témoigne Chloé, 14 ans. Même constat pour Tarek, 11 ans, qui était à sa première expérience de camping en famille. « C’est mieux d’être dehors qu’à la maison sur nos objets électroniques. Cela me donne le goût de le refaire. L’astronomie me permet de comprendre ce qu’il y a dans l’Univers et qu’il reste beaucoup d’exploration à faire », confie-t-il, les yeux brillants par ce qu’il a appris.
Pour rendre l’astronomie plus accessible, UniversCiel organisera en octobre le Festival d’astronomie de Fleurance au Liban. « Populariser l’astronomie, c’est populariser les sciences, souligne Roger Hajjar. Cela permet aux gens d’être cultivés scientifiquement, de mieux pouvoir discerner le vrai du faux pour ainsi être capable de fonctionner dans le monde d’aujourd’hui. »


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