Il est vrai que le mois d’août est particulièrement sec et chaud. Que le pays est en pleine période d’étiage. Que le rationnement d’eau est normalement plus sévère que le reste de l’année. Il n’en reste pas moins que les Beyrouthins subissent depuis un certain temps des coupures d’eau totales et permanentes. Ce qui les a poussés à multiplier les appels à la ligne verte, pour se plaindre du manque d’eau. Certains abonnés ont carrément fait état d’abus, de vol de l’eau des réservoirs de l’Office des eaux de Beyrouth et du Mont-Liban (OEB), et de détournement de cette eau pour la revendre à des citernes privées. Des plaintes qui ont éveillé les soupçons de la députée Roula Tabch Jaroudi (Beyrouth, courant du Futur), la semaine dernière, au point d’en alerter le Premier ministre, Saad Hariri, lequel a donné ses instructions.
(Pour mémoire : Mais qu’avons-nous fait, nous Libanais, de toute notre eau...)
« Nous avons de fortes raisons de croire que des sociétés privées commettent des abus. Qu’elles remplissent leurs citernes d’eau des réservoirs de l’OEB. Qu’elles volent donc cette eau pour la revendre aux abonnés victimes de la pénurie », révèle à L’Orient-Le Jour Mme Jaroudi. « Il est vrai que nous sommes en période d’étiage et que l’eau manque. Mais la situation était anormale », ajoute-t-elle. Et de préciser qu’« une enquête est en cours », afin de vérifier le bien-fondé des soupçons. « Nous cherchons à identifier les personnes ou les entreprises qui ont volé l’eau, en nous basant sur les images des caméras de vidéosurveillance, explique-t-elle, insistant sur la nécessité de déterminer une éventuelle complicité de la part de fonctionnaires de l’OEB. »
Car non seulement est-il « impératif d’améliorer l’approvisionnement des foyers en eau potable » dans la capitale. Mais il semble que « cette situation n’est pas nouvelle, qu’elle dure depuis un certain temps déjà ». Assurément, promet la parlementaire, « le dossier est à l’étude ». Et, dans le cadre de l’enquête, d’aucuns pourraient être sanctionnés, des têtes pourraient tomber, et « d’autres dossiers pourraient être ouverts et étudiés plus en profondeur ». Avec pour objectif à long terme, « de mieux collecter l’eau, de mieux la stocker et de trouver des solutions radicales » au manque d’eau durant la saison sèche.
Pour l’heure, l’intervention de la députée de Beyrouth a poussé les responsables de l’OEB à « augmenter l’alimentation en eau des abonnés de 45 000 mètres cubes à 60 000 mètres cubes ». Elle promet de ne pas s’arrêter en si bon chemin.
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Encore un scandale qui restera impuni
Antoine Sabbagha
23 h 26, le 13 août 2018