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Liban - Pollution

« Il faut davantage de recherches pour déterminer les sources d’eau contaminées par le plastique à Beyrouth »

« Lorsque les sacs poubelles macèrent dans l’eau de pluie, les éléments chimiques qui s’en dégagent vont finir par se retrouver quelque part, dans les puits artésiens par exemple », souligne un expert. Archives AFP

Une étude lancée par Orb Media (un groupe média numérique américain) et menée par des chercheurs de l'université du Minnesota et de l'université de l'État de New York révèle que l'eau du robinet est contaminée par des microparticules de plastique dans plusieurs capitales du monde, et notamment à Beyrouth. L'étude, dont les résultats ont été diffusés cette semaine, révèle que 94 % des échantillons en provenance de la capitale libanaise seraient pollués par des microparticules de plastique. Un taux qui place le Liban au premier rang, aux côtés des États-Unis, des pays présentant la plus forte contamination de l'eau du robinet en microparticules de plastique, parmi les 14 pays ciblés par cette étude (l'Ouganda, l'Inde, l'Indonésie, l'Équateur, les États-Unis donc, ainsi que des pays d'Europe).


Au Liban, c'est la société Difaf pour les consultations environnementales et la préservation de l'eau qui s'est chargée de collecter les échantillons, en début d'année. Alors que les résultats de l'enquête ont quelque peu alarmé les Libanais, Houssam Hawwa, fondateur et directeur de Difaf, interrogé par L'Orient-Le Jour, tient à apporter quelques nuances et précisions. « Nous avons prélevé vingt échantillons dans plusieurs quartiers de la capitale mais ces échantillons ne sont pas représentatifs de tout Beyrouth parce qu'il y a plusieurs sources d'eau qui alimentent la capitale, explique-t-il. Certaines habitations ont des puits privés, d'autres utilisent l'eau fournie par l'État, tandis que d'autres achètent encore de l'eau auprès des propriétaires de citernes ». « L'étude montre clairement qu'il y a des microparticules de plastique dans l'eau de robinet à Beyrouth, mais cela ne veut pas dire que ces microparticules y sont présentes tout le temps ni qu'elles se trouvent dans toutes les sources », ajoute-t-il.


L'analyse menée par les deux laboratoires a démontré que « 83 % des échantillons contenaient des particules de plastique », affirment les chercheurs dans un rapport intitulé « Invisible : le plastique à l'intérieur de nous ». Le nombre de microplastiques trouvés par litre allait de 0 à 57, avec une moyenne de plus de quatre par litre, et leur taille variait de 0,1 à 5 millimètres. En considérant qu'une personne boit 2 à 3 litres d'eau par jour, elle pourrait ainsi ingérer 3 à 4 000 microparticules chaque année, ont estimé les chercheurs.
« Cette étude est certes un indicateur de la pollution de l'eau, mais il faut procéder à davantage de recherches sur des échantillons plus larges pour arriver à déterminer les sources d'eau qui sont contaminées par le plastique à Beyrouth. À l'heure actuelle, nous ne pouvons pas tirer de conclusions définitives », insiste Houssam Hawwa. Il indique toutefois que la pollution de l'eau de robinet pourrait être due à l'infiltration d'eau de mer polluée par le plastique dans les nappes phréatiques souterraines.


Pour expliquer la présence de particules de plastique dans l'eau, Kamal Slim, expert en biologie de l'eau au CNRS, part de son côté du principe que « rien ne se perd » dans la nature. « Lorsque les sacs poubelles macèrent dans l'eau de pluie, les éléments chimiques qui s'en dégagent vont finir par se retrouver quelque part, dans les puits artésiens par exemple », explique-t-il. « Il faut commencer par traiter nos déchets solides et nos eaux usées. Nous assumons aujourd'hui les conséquences de nos erreurs et nous en sommes arrivés là par notre propre faute », martèle M. Slim, qui met en garde contre le caractère cancérigène de certains déchets en plastique.

 

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