Rechercher
Rechercher

Culture - Cinéma

La caravane passe et le public applaudit

Depuis 2001, le Ciné Caravane de l’Institut français du Liban parcourt chaque été le pays pour projeter gratuitement des films en plein air. Sur les routes du 16 juillet au 26 août, « L’OLJ » l’a suivi dans les villages de Deir el-Qamar et Ferzol.

Cynthia Kanaan tracte activement sur la place principale de Deir el-Qamar. Habillée d’un polo bleu portant le logo de Ciné Caravane, cette chargée de mission à l’Institut français tente de convaincre les habitants du village de venir à la projection organisée ce lundi soir au jardin municipal. Allant à la rencontre des commerçants et des flâneurs, elle leur explique le concept de Ciné Caravane, un festival itinérant de cinéma qui parcourt en période estivale le Liban du Nord au Sud pour diffuser gratuitement des films français et libanais. Et même si le projet existe depuis 2001 et que le discours est bien rodé, Cynthia Kanaan peine à cacher son stress pour cette première date de l’année : « Dans les villages, la vie fonctionne différemment qu’à Beyrouth. Il se peut que personne ne vienne à une projection s’il y a un mariage ou un enterrement. »

Convivialité
Si le festival a pour objectif d’amener le cinéma dans des villages où il n’est pas possible d’y aller, les projections sont aussi l’occasion de créer des moments de vie et de convivialité. C’est pourquoi l’Institut français choisit des films « accessibles et grand public sortis à Beyrouth cette année et sous-titrés en arabe ». Pas « de films politiques » donc, mais des comédies parfois simplettes comme Momo de Sébastien Thiery et Vincent Lobelle projeté ce lundi à Deir-el-Qamar. « On n’est pas là pour créer la polémique, précise Cynthia Kanaan, on veut simplement donner envie aux gens d’aller voir des films en salle. »

Et pour ce faire, l’Institut français met les petits plats dans les grands. Trois techniciens suivent la tournée et montent chaque soir dans une ambiance bon enfant une véritable toile de cinéma. Projection en plein air, certes, mais avec une qualité de son et d’image digne des grandes salles noires. Au début des années 2000, Ciné Caravane projetait en 50 mm. Cynthia Kanaan se souvient encore « des petits et des grands fascinés par les bobines ». Et même si désormais les diffusions sont numériques, les enfants continuent à s’amuser avec le projecteur, passant à toute vitesse devant le faisceau de lumière, étonnés de leur ombre qui s’inscrit furtivement sur grand écran.


(Lire aussi : « À Beyrouth, il y a une vraie culture cinéphile ! »)



« Il y a eu du monde ! »
Si la projection à Deir el-Qamar n’a pas eu le succès escompté – une petite trentaine de personnes sont venues voir le film –, celle de Ferzol ce samedi a ramené plus d’une soixantaine de spectateurs. Devant Le grand Méchant Renard de Benjamin Renner et Patrick Imbert, film animé choisi par la municipalité parmi les trois films proposés – Momo et L’École buissonnière de Nicolas Vanier –, le public s’enthousiasme des frasques d’animaux de la ferme aussi rigolos qu’attachants. À la fin de la projection, tous ont le sourire aux lèvres : « C’est un très bon film pour la jeunesse, admet Samar, mère de deux enfants, ça les sensibilise au français et pendant ce temps, ils arrêtent de jouer avec leur téléphone. » Même son de cloche pour Houda. Cette habitante de Ferzol qui amène parfois ses enfants au cinéma le plus proche, à 15 minutes en voiture du village, a trouvé « les sujets du dessin animé appropriés et l’intonation très adaptée pour apprendre le français ».


(Lire aussi : « Depuis 2009, nous avons visité plus de 110 villages et organisé plus de 270 projections »)


Les techniciens et Cynthia Kanaan sont également ravis : « Il y a eu du monde ! Les gens sont restés durant toute la projection et ils réagissaient », s’exclame la chargée de mission, heureuse que la municipalité de Ferzol ait communiqué autour de l’événement, installant même une bannière à l’entrée du village pour annoncer la projection. Cela n’avait pas été le cas à Deir el-Qamar, où aucun représentant de la municipalité n’avait pris la peine de venir.
À chaque village suffit sa peine : météo, manque de communication, événement impromptu. Mais l’équipe de Ciné Caravane continue jusqu’au 26 août à parcourir les routes du Liban dans la bonne humeur ; ne serait-ce que pour émerveiller les enfants des villages qui, comme Catherine, souhaitent les voir revenir : « On vit loin du cinéma, déplore cette fillette de Deir el-Qamar. Des projections comme celle-ci nous permettent de voir des films et nous unissent. »

Prochaines dates


Mardi 31 juillet à Aintoura el-Metn (Metn), mercredi 1er août à Barbara (Nord), jeudi 2 août à Achkout (Kesrouan), vendredi 3 août à Ajaltoun (Kesrouan), samedi 4 août à Mazraat el-Daher (Chouf), mardi 7 août à Kfardebian (Kesrouan), jeudi 9 août à Qana (Sud), vendredi 10 août à Tebnine (Sud), samedi 11 août à Marjeyoun (Békaa-Ouest), lundi 13 août à Abra (Sud), jeudi 16 août à Kfar Roumane (Sud), vendredi 17 août à Jezzine (Sud), samedi 18 août à Aïn el-Delb (Sud), lundi 20 août à Aïn el-Rihane (Kesrouan), mardi 21 août à Khenchara (Metn), jeudi 23 août à Minié (Nord), vendredi 24 août à Ehden (Nord), samedi 25 août à Sebeel (Nord) et dimanche 26 août à Hamat (Nord).Toutes les projections sont à 20h30.

Cynthia Kanaan tracte activement sur la place principale de Deir el-Qamar. Habillée d’un polo bleu portant le logo de Ciné Caravane, cette chargée de mission à l’Institut français tente de convaincre les habitants du village de venir à la projection organisée ce lundi soir au jardin municipal. Allant à la rencontre des commerçants et des flâneurs, elle leur explique le...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut