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Liban - Diplomatie

Le Liban s’apprête à prendre part au projet russe de rapatriement des réfugiés syriens

Hariri saisit la proposition au vol et charge son conseiller de suivre les détails.

Plus d'un millier de réfugiés se préparent à quitter ce matin Ersal. Hassan Jarrah/Photo AFP

Le retour des réfugiés syriens dans leur pays, non plus au compte-gouttes, mais en grand nombre, semble désormais sur la bonne voie, notamment depuis que la Russie est entrée en lice pour cautionner ce dossier. Depuis plusieurs jours, l’idée d’un parrainage par Moscou de ce processus, évoquée au cours du sommet d’Helsinki qui a réuni, le 16 juillet, les présidents russe et américain, Vladimir Poutine et Donald Trump, commence à faire son chemin.

Vendredi, la Russie a proposé aux États-Unis de coopérer afin d’assurer le retour des réfugiés en Syrie, une suggestion que le Premier ministre désigné, Saad Hariri, a saisie au vol en annonçant, par le biais de son conseiller pour les affaires des réfugiés, Nadim Mounla, la mise sur pied, prochainement, d’un comité de coordination libano-russe pour mettre en place le mécanisme approprié. « Des propositions concrètes sur l’organisation du travail visant à assurer le retour chez eux des réfugiés ont été envoyées à la partie américaine », a déclaré un haut responsable du ministère russe de la Défense, le général Mikhaïl Mizintsev, dans un communiqué. La Russie propose notamment de préparer un plan commun sur le retour des réfugiés syriens vers les lieux où ils habitaient avant le début du conflit, selon la même source. À ces fins, Moscou propose de créer un groupe de travail réunissant les Russes, les Américains et les Jordaniens sur la base du Centre de coordination russo-jordanien à Amman, ainsi que la création d’un groupe similaire au Liban.

Cette initiative, qui survient au lendemain des retours sporadiques de petits groupes organisés depuis plusieurs mois par la Sûreté générale, en coopération avec le régime syrien, aura l’avantage de conférer à cette opération de grande envergure, si elle devait se concrétiser, un aspect plus officiel, surtout si l’ONU, longtemps sollicitée pour garantir un retour sécurisé des réfugiés, est appelée à y prendre part. Cette nouvelle proposition devrait également mettre fin à la polémique qui divise la classe politique libanaise depuis plusieurs mois, autour d’une nécessaire coopération entre le gouvernement libanais et le régime de Bachar el-Assad pour assurer l’opération du retour, une « normalisation » que plusieurs parties libanaises refusent d’avaliser à ce jour.


Hariri se mobilise
Dès l’annonce de cette mesure, Saad Hariri a demandé à son conseiller pour les affaires russes, George Chaaban, de prendre contact avec la partie russe pour un suivi de la proposition, précise-t-on dans un communiqué publié par le bureau du Premier ministre désigné. Pour cela, M. Chaaban a rencontré samedi le représentant spécial du président russe pour le Moyen-Orient et l’Afrique et vice-ministre des Affaires étrangères Mikhaïl Bogdanov, qui lui a présenté les détails des propositions annoncées par le chef du Centre de contrôle de la défense nationale, le général Mikhail Mizintsev, « sur l’organisation du retour des réfugiés dans les lieux où ils vivaient avant la guerre ».

M. Chaaban a fait savoir à M. Bogdanov que M. Hariri « appuyait tout effort de Moscou qui conduirait à un plan commun pour le retour des réfugiés, en particulier du Liban et de Jordanie », ainsi que la création d’un groupe de travail conjoint, conformément à la déclaration russe. Il a également indiqué à son interlocuteur russe que Hariri « comptait sur cette mesure qui pourrait contribuer à résoudre la crise des réfugiés au Liban et à mettre fin à leurs souffrances ainsi qu’à ses répercussions sociales et économiques sur les pays d’accueil, principalement le Liban », précise encore le communiqué.

Dans un entretien accordé à al-Markaziya, le conseiller de M. Hariri pour les affaires des réfugiés, Nadim Mounla, a décrit la répartition des rôles dans le cadre de ce processus comme suit : Moscou jouerait le rôle du garant politique et sécuritaire, le régime syrien devant donner à son partenaire russe des garanties selon lesquelles les opposants au régime ne seraient pas inquiétés pour ce qui est de la confiscation de leurs biens, ou d’une contrainte quelconque pour effectuer le service militaire. « Quant au volet logistique, il sera dévolu aux Nations unies », a précisé M. Mounla.

Il reste à voir si l’organisation onusienne sera impliquée ou non dans cette démarche russe. Pour l’heure, le Haut-Commissariat des réfugiés s’est contenté de publier un communiqué dans lequel il affirme « avoir pris connaissance de l’annonce faite par les autorités syriennes et russes concernant la mise en place d’un centre en Syrie pour aider le retour des réfugiés. Le HCR n’a pas encore les détails de ce plan », précise le communiqué.


Garanties
Le secrétaire d’État américain, Mike Pompeo, qui a rencontré vendredi dernier le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a affirmé devant les journalistes : « Il est important pour le monde que ces réfugiés puissent regagner leur pays au bon moment, via un mécanisme basé sur le volontariat. » Et d’ajouter : « C’est dans cette optique que nous travaillons tous. C’est dans cette optique que travaille l’ONU (...) et c’est ce dont le président Poutine et le président Trump ont parlé. »

Pour l’expert en politique publique des réfugiés, Ziad el-Sayegh, qui a préconisé, depuis plusieurs mois déjà, une solution en ce sens, l’implication de l’organisation onusienne dans un tel processus « est incontournable si l’on veut que l’opération de retour puisse réussir, l’ONU devant apporter des garanties humanitaires mais aussi politiques, d’autant que le projet russe s’inscrit dans le cadre d’un règlement politique global en Syrie ». Côté libanais, les ingrédients de la réussite sont liés, selon lui, à la nature et aux fonctions qui seront dévolues au comité de coordination. « Le comité devrait regrouper des membres choisis sur la base de leur compétence et de leur expertise plutôt que d’être le reflet d’un compromis politique qui risque de faire capoter le mécanisme », dit-il. Également essentiel selon M. el-Sayegh, le fait que le projet puisse susciter une « entente nationale et qu’il soit remis aux mains de l’État central incontournable », dira Neemat Frem, député du Kesrouan-Jbeil, dans un tweet.

De retour au Liban hier soir, M. Chaaban a fait part de la teneur de ses entretiens à Moscou à ce sujet, en précisant à la MTV que les Russes et l’Union européenne se partageront les tâches dans cette opération. Moscou sera chargé d’apporter les garanties sécuritaires requises, du fait du déploiement de forces de la police russe dans les régions reprises par l’armée syrienne, alors que l’Union européenne devra, pour sa part, garantir les aides humanitaires. Un premier test de cette coopération à venir a été l’opération humanitaire de Paris et Moscou en Syrie, dans la nuit de vendredi à samedi, à destination d’une enclave rebelle reprise par le régime en avril, a-t-il dit.

En attendant que cette lourde opération puisse se concrétiser, plus d’un millier de réfugiés se préparent à quitter ce matin Ersal, dans le cadre des départs volontaires orchestrés par la Sûreté générale et qui devront se poursuivre durant les semaines à venir.



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commentaires (2)

INCHALLAH ET LE PLUS VITE !

LA LIBRE EXPRESSION

09 h 49, le 23 juillet 2018

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Commentaires (2)

  • INCHALLAH ET LE PLUS VITE !

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 49, le 23 juillet 2018

  • Z El sayegh craint qu'a cause de nos fameux/fumeux compromis politiques l'etat libanais ne fasse capoter le mécanisme du comite qui regirait ce projet. COMME IL A RAISON de ce craindre n'est ce pas , car nombreux sont ceux qui y trouveraient un malin plaisir- pas malin non ce serait leur donner bcp trop de credits- y trouver un plaisir sadique de sabotage .

    Gaby SIOUFI

    09 h 20, le 23 juillet 2018

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