Une petite dizaine de femmes attablées devant un plat à base de viande séchée et de manioc dans une élégante maison libanaise du XIXe siècle. Tous les mercredis de juillet à 11h, la maison BrasiLiban, située à la rue Mar Mitr, dispense des cours de cuisine brésilienne. Hier soir à 18h30, un cours de samba était dispensé par une danseuse brésilienne établie au Liban. Aujourd’hui, des cours de danse orientale à partir de 18h sont au programme. Demain vendredi à 19h, c’est un cours de pilates donné par une Brésilienne d’origine libanaise, actuellement en visite à la branche locale de sa famille, qui sera au programme. Ces activités s’étendront durant tout juillet, avant une fermeture durant le mois d’août et une reprise en septembre.
Le Centre culturel libano-brésilien a ouvert ses portes en 2011 à l’initiative de l’ambassadeur Paulo Roberto Fontoura, qui a choisi une splendide vieille demeure à Beyrouth, magnifiquement restaurée et construite sur trois étages, appartenant au Dr Fouad Trad. Les locaux avaient pour objectif en premier lieu d’accueillir les rencontres des Libano-Brésiliens habitant le Liban. Aujourd’hui, c’est un espace culturel présentant des activités aux personnes âgées de 7 à 77 ans.
Monica Bazi, directrice de BrasiLiban, raconte : « Le Liban compte 16 000 Libano-Brésiliens. Nous voulions avant tout une place pour nous réunir autour d’un dîner ou d’un déjeuner, sans gêner les autres clients d’un restaurant par exemple. Nous voulions aussi un endroit pour présenter la culture brésilienne. »
Le Centre culturel libano-brésilien dispense tout au long de l’année des cours de langue portugaise pour tous les niveaux, que ce soit pour des enfants qui parlent le portugais sans l’écrire, ou des jeunes qui l’apprennent au bac en tant que langue étrangère. Il y a aussi des cours destinés aux adultes et aux étudiants qui veulent poursuivre des études universitaires au Brésil, leur délivrant un diplôme spécial, le Celpe-Bras. « Deux médecins libanais ont suivi des cours de langues chez nous pour se spécialiser en chirurgie esthétique au Brésil », souligne Mme Bazi. « Tous les deux mois nous commençons une nouvelle session de cours de langues », dit-elle.
Le bonheur dans les petites choses
Monica Bazi est d’origine libanaise. « Mon père est parti au Brésil tout seul quand il avait 13 ans et ma mère est partie avec sa famille à l’âge de 16 ans. Ils se sont rencontrés, se sont mariés et ont eu cinq enfants. Ils sont tous deux originaires du Akkar. Quand j’avais 17 ans, mon père a voulu rentrer au Liban. Il a acheté une maison à Ballouné (Kesrouan) et ouvert un commerce en ville », explique-t-elle. Elle a suivi des études à la Lebanese American University et à l’Université américaine de Beyrouth. « Ce qui me manque le plus au Liban ? La simplicité des gens du Brésil et le bonheur qu’ils ont dans les petites choses », dit-elle. Et c’est ce bonheur-là que le Centre culturel libano-brésilien tente de propager. « Nous dispensons divers cours de danse, nous organisons des soirées musicales et dansantes. Nous faisons régulièrement des fêtes : le carnaval, certes, mais aussi la Festa Junina en juin, qui rend hommage avec danse et musique aux trois saints catholiques célébrés durant ce mois : saint Jean, saint Antoine et saint Pierre », dit-elle.
Le Centre culturel libano-brésilien organise des colonies l’espace d’un jour ou deux pour des écoles ou des associations. Une conteuse d’origine libano-brésilienne raconte des contes de fée de ce pays d’Amérique latine aux petits Libanais, comme celle du petit chaperon jaune qui a réussi à vaincre ses peurs et ses angoisses.
La bibliothèque du centre est ouverte au public tous les jours, et deux fois par mois des films brésiliens sont projetés. Les lieux abritent également une cafétéria où des plats brésiliens sont vendus. Hier, c’est le chef Michel Hattouni qui y a dispensé son cours de cuisine. Il a appris à confectionner des plats brésiliens quand il a habité Sao Paolo durant six ans. « J’ai rencontré une femme brésilienne que j’ai épousée et nous avons décidé de revenir au Liban. Aujourd’hui, 22 ans après mon retour à Beyrouth, je veux repartir au Brésil, mais c’est ma femme qui veut rester ici », confie-t-il.
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