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Culture - Exposition

Des visages du Cameroun aux prairies américaines : tout finit à Beyrouth...

Ali Jebeile et Corey Mason, l’un présente des photographies des enfants des rues, l’autre des peintures de prairies qui flirtent avec l’abstraction.

Galerie d’art virtuelle lancée en 2017, l’Artual Gallery expose ponctuellement à Beyrouth ou Abidjan les œuvres d’artistes dénichés par la curatrice Hind Ahmad. C’est dernièrement à 3Beirut qu’a pris place l’exposition croisée de deux artistes, Corey Mason et Ali Jebeile, qui présentent chacun une série, celle des Dandelions On Dirt Roads pour le premier, et The Transcendence pour le second. L’un est peintre, l’autre photographe ; l’un verse dans l’abstraction paysagère, l’autre dans la figuration la plus sincère de portraits pris quasiment sur le vif ; l’un utilise des couleurs pétantes, l’autre s’en tient au noir et blanc. Pourtant, installées tantôt côte à côte, tantôt face à face dans le grand bâtiment bétonné de la galerie, les œuvres semblent se répondre à travers un jeu de contrastes inattendu.
Vivant au Cameroun depuis plus d’une trentaine d’années, Ali Jebeile s’est mis à photographier jour après jour les passants de son quartier, à Douala. Installé dans une petite guérite d’à peine un mètre sur deux, il fait défiler enfants des rues et badauds sur le fond noir de ce petit studio informel, leur mettant entre les mains ou devant les yeux de petits accessoires fabriqués avec des matériaux de récupération : lunettes faites à partir de vieux objectifs, de brosses métalliques ou de fils de fer, appareils photo fabriqués avec de petits caissons, des capsules et des pédales de vélo... Le détournement d’objets de la culture matérielle bricolés à la va-vite fait naître un décalage comique, encore renforcé par les yeux écarquillés ou l’air rieur des passants qui se prêtent au jeu l’espace de quelques minutes. Exempts de tout contexte, ces portraits apparaissent aussi comme une petite fenêtre hors du temps, où ceux qui habituellement battent le pavé oublient leur condition et deviennent un autre personnage. « Le premier geste que j’ai, c’est de venir vers les gens, explique Jebeile. C’est une relation avec les gens, les enfants, les plus défavorisés, que j’aide indirectement par la photographie, en les mettant à la lumière. Le regard des enfants me touche particulièrement, je les photographie aussi pour montrer ce qui se passe ailleurs. C’est plus qu’une passion, c’est une nécessité. »
Entre deux clichés, ce sont les grandes toiles aux couleurs éclatantes de l’Américain Corey Mason qui se déploient sur les murs gris de 3Beirut. L’artiste y a peint de petits modules qui rappellent les variations de Miró ou de Matisse, et qui essaiment sur les tableaux comme les fleurs dans les prairies : Dandelions On Dirt Roads, comme des pensées sur des champs trop sauvages, brossés à gros traits, dans une esthétique qui fait parfois signe vers le graffiti. Issu d’une famille bourgeoise, Mason cherchait à travers cette série à revenir à la simplicité des choses, qu’il semble trouver, un peu naïvement, dans les prés. Déclinant ses motifs sur des dizaines de toiles aux couleurs changeantes, l’artiste renoue également avec les expérimentations impressionnistes autour de la lumière.

Artual Gallery à 3Beirut
« Dandelions On Dirt Roads » et « The Transcendence p», jusqu’au 3 juillet 2018.Galerie 3Beirut, rue Omar Daouk, centre-ville, Beyrouth.

Galerie d’art virtuelle lancée en 2017, l’Artual Gallery expose ponctuellement à Beyrouth ou Abidjan les œuvres d’artistes dénichés par la curatrice Hind Ahmad. C’est dernièrement à 3Beirut qu’a pris place l’exposition croisée de deux artistes, Corey Mason et Ali Jebeile, qui présentent chacun une série, celle des Dandelions On Dirt Roads pour le premier, et The...

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