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Moyen Orient et Monde - Interview express

Shoshana Fine : Il y a une « crise de solidarité entre les membres de l’UE »

Le « MV Lifeline », un navire de l’organisation caritative allemande Mission Lifeline, arrivé au port de La Valette, à Malte, le 27 juin 2018, avec à son bord 234 migrants. Matthew Mirabelli/AFP

L’Union européenne est soumise à une importante vague d’immigration. Un sentiment de désunion, qui semble virer au casse-tête, sévit chez les pays membres. Ces brouilles se sont intensifiées ces derniers jours depuis que le gouvernement italien d’Antonio Conte a décidé de refuser l’accostage de plusieurs bateaux de migrants dans ses ports. Les choses n’ont, depuis, cessé d’empirer et des solutions sont de moins en moins évidentes à trouver, notamment du fait du comportement de certains pays, comme l’Autriche et la Hongrie, qui ont opté pour une politique dure en termes d’immigration. La situation est donc complexe pour une Europe qui ne sait plus sur quel pied danser.
C’est dans ce contexte tendu que se déroule depuis hier, et jusqu’à aujourd’hui, un sommet des 27 pays européens à Bruxelles, pour tenter de réparer les divisions entre les pays européens et trouver une solution commune aux problèmes migratoires européens. Le point sur la situation avec Shoshana Fine, chercheuse associée au CERI de Sciences-Po Paris et spécialiste des questions migratoires.

Q : Peut-on vraiment parler de « crise migratoire » aujourd’hui, sachant que les chiffres de l’immigration sont en baisse depuis la grande vague d’immigration de 2015 ?
R : Je ne pense pas qu’on puisse parler d’une situation de « crise migratoire ». Si on regarde le nombre des migrants et des réfugiés en Europe, il est très inférieur par rapport au Liban ou à la Turquie. En Europe, les proportions de migrants sont beaucoup plus basses. Il faut donc se demander pourquoi on utilise ce terme. Quand on parle de « crise », c’est comme parler d’une urgence. Et cette situation d’urgence justifie des pratiques exceptionnelles pour endiguer les flux hors de l’UE. Ici, le terme de crise n’est pas pertinent. C’est plus un terme technique utilisé pour légitimer certains types de politiques. Ainsi, à la place d’une « crise migratoire », nous pourrions plutôt parler d’une « crise d’accueil » et d’une « crise de solidarité » entre les différents États membres de l’UE.




Y a-t-il différentes approches de la part des États membres de l’UE (politiques d’accueil, renforcement des frontières…) ?
Je pense qu’il faut avant tout mettre en avant ce que les pays européens ont en commun autour de la question migratoire. Ce qu’on peut voir partout en Europe c’est une politique de « non-accueil » de ces migrants. Aucun pays ne veut prendre la responsabilité d’accueillir ces derniers et de les prendre en charge de manière digne. On le voit très bien à Paris, lorsque des migrants et des réfugiés dorment dans la rue. Il y a aussi une approche sécuritaire de la question migratoire qui s’effectue depuis les années 1970-1980. Cette approche vise à considérer les migrants comme un problème ou une menace. Il y a également une criminalisation de la solidarité et des actes humanitaires, particulièrement en France et en Italie. Et aucun pays européen ne semble vouloir prendre ses responsabilités.

Comment expliquez-vous cela ?
À cause du règlement de Dublin (qui confie aux pays de première entrée dans l’UE la responsabilité des demandes d’asile, NDLR), la politique européenne en termes d’immigration est au point mort. En conséquence, les demandeurs d’asile doivent faire leur demande dans le premier État membre dans lequel ils arrivent, c’est-à-dire soit en Italie soit en Grèce. Donc, selon la loi européenne, ce sont ces pays qui sont censés être responsables de ces demandes d’asile et cela est injuste. Pourquoi l’Europe entière ne peut-elle pas partager cette responsabilité ? La clé pour réussir à faire flancher le paradigme sécuritaire, qui s’est peu à peu imposé en Europe, est de trouver une solution alternative au règlement de Dublin et de rétablir une solidarité entre les pays membres. Celle-ci semble plus que jamais invisible à l’heure actuelle.


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L’Union européenne est soumise à une importante vague d’immigration. Un sentiment de désunion, qui semble virer au casse-tête, sévit chez les pays membres. Ces brouilles se sont intensifiées ces derniers jours depuis que le gouvernement italien d’Antonio Conte a décidé de refuser l’accostage de plusieurs bateaux de migrants dans ses ports. Les choses n’ont, depuis, cessé...

commentaires (2)

ON OUBLIE QUE LES MIGRANTS VERS L,EUROPE SONT EN MAJORITE DES GENS AUX CROYANCES RELIGIEUSES ET POLITIQUES ET AUX MOEURS BIEN DIFFERENTS ET QUI NE RESPECTENT PAS LES MOEURS DES PAYS D,ACCUEIL. A LA LONGUE LE PROBLEME SERA ENORME DANS LES PAYS DE L,OCCIDENT. MEME LES PAYS MUSULMANS D,EUROPE TELS L,ALBANIE ET KOSOVO REFUSENT D,ACCUEILLIR DES MIGRANTS POURTANT AUX MEMES CROYANCES ET MOEURS QU,EUX !

LA LIBRE EXPRESSION

13 h 36, le 29 juin 2018

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Commentaires (2)

  • ON OUBLIE QUE LES MIGRANTS VERS L,EUROPE SONT EN MAJORITE DES GENS AUX CROYANCES RELIGIEUSES ET POLITIQUES ET AUX MOEURS BIEN DIFFERENTS ET QUI NE RESPECTENT PAS LES MOEURS DES PAYS D,ACCUEIL. A LA LONGUE LE PROBLEME SERA ENORME DANS LES PAYS DE L,OCCIDENT. MEME LES PAYS MUSULMANS D,EUROPE TELS L,ALBANIE ET KOSOVO REFUSENT D,ACCUEILLIR DES MIGRANTS POURTANT AUX MEMES CROYANCES ET MOEURS QU,EUX !

    LA LIBRE EXPRESSION

    13 h 36, le 29 juin 2018

  • Très triste à dire, Mais à côté des migrants "réfugiés véritables" à qui on doit assistace, il y a des migrants "économiques". Qui légitimement cherchent une vie meilleure...en fuyant leur patrie ou ils ne voient aucune opportunité... Et leur nombre déjà important serait considérablement augmente (incontrôlable) si on leur "facilitait" le voyage... Accueillir toute la misère du monde....non légitime des européens,,, mais il faut souligner leur obligation morale de faire progresser ces pays

    Chammas frederico

    12 h 52, le 29 juin 2018

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