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Liban - Réfugiés syriens

Face à Merkel, Aoun et Hariri affichent leurs discordances

Le chef de l’État a réaffirmé à la chancelière allemande sa position en faveur d’un retour des déplacés sans attendre une solution politique en Syrie.

La chancelière allemande Angela Merkel et le président Michel Aoun. Photo AFP

Le président Michel Aoun et le Premier ministre sortant Saad Hariri, qui ont tous deux reçu la chancelière allemande Angela Merkel en visite officielle au Liban, ont affiché hier des discordances sur le dossier des réfugiés syriens, le premier se prononçant clairement en faveur d’une dissociation de ce dossier d’une solution politique en Syrie, tandis que le second insistait sur l’aspect humanitaire du problème, sans pour autant aller jusqu’à faire d’un règlement politique en Syrie la condition sine qua non d’un retour.
Selon des indiscrétions prêtées à des sources proches du ministère des Affaires étrangères, les deux positions ne seraient plus inconciliables, le Haut-Commissariat pour les réfugiés ayant finalement manifesté de la compréhension pour la position exprimée par le président Aoun et, avant lui, par le ministre des Affaires étrangères. C’est ainsi que le HCR aurait accepté, selon le palais Bustros, de voir les réfugiés classés par catégories, leur retour en Syrie s’adaptant aux circonstances particulières de chaque groupe, et ne répondant plus invariablement au seul mot d’ordre d’un « retour sûr et volontaire », comme d’abord exprimé. Cette volonté « de coopération aurait ainsi réduit la tension qui avait surgi entre le Liban et le HCR », et conduit le ministère des AE à suspendre la délivrance de permis de séjour au personnel de cette agence internationale.


(Lire aussi : Merkel souhaite renforcer le rôle de Berlin dans le processus CEDRE)


Selon notre correspondante à Baabda, Hoda Chedid, le chef de l’État, qui a reçu Mme Merkel, a demandé à Berlin de « soutenir la position du Liban appelant au retour progressif des déplacés syriens dans des zones sûres » dans leur pays, insistant sur « la nécessité de dissocier leur retour d’une solution politique en Syrie qui pourrait tarder à venir ».
« Si un règlement tarde à venir et que les rapports de force changent, qui peut garantir le retour des déplacés ? » a souligné le chef de l’État à la chancelière allemande, rappelant que « le Liban a déjà souffert de deux crises, la crise chypriote qui n’a toujours pas été réglée depuis 40 ans et la crise palestinienne qui dure depuis 70 ans et qui attend une solution politique ».
Selon la présidence, Mme Merkel a dit comprendre la position du Liban, tout en soulignant qu’une solution politique en Syrie contribuerait à régler rapidement le dossier des réfugiés. Les deux responsables n’ont pas fait de déclarations à l’issue de leur entretien, qui a duré un peu moins d’une heure.


Le palais de Baabda a constitué la dernière étape de la visite de Mme Merkel, arrivée à Beyrouth jeudi soir, et qui a rencontré à deux reprises le Premier ministre Saad Hariri. Lors d’une conférence de presse avec la responsable allemande, ce dernier a affirmé avoir « répété à la chancelière que la seule solution permanente (à la crise des réfugiés syriens) consiste en un retour digne et sûr des déplacés syriens vers la Syrie ». Insistant sur le côté humanitaire du problème, M. Hariri a affirmé à plusieurs reprises que « si nous ne traitons pas cette question d’une manière humanitaire, nous perdrons notre humanité (…). Il est de notre devoir d’accueillir ces réfugiés et de leur fournir le meilleur moyen de vivre et finalement de retourner en Syrie ».
À la question d’un journaliste faisant le lien entre l’aide apportée par la communauté internationale aux réfugiés syriens, dans la perspective à long terme de leur naturalisation, M. Hariri a balayé ces appréhensions en répondant : « Notre Constitution est claire à ce sujet (…). Tout ce que nous avons à faire, c’est de respecter notre Constitution. Aucun pays ne peut nous forcer à naturaliser quiconque (…). Cela ne s’est pas produit avec les Palestiniens, cela ne se produira pas avec les Syriens. »


(Lire aussi : Retour sur image, L'éditorial de Issa GORAIEB) 


« Solution politique » en Syrie
Pour sa part, Angela Merkel a déclaré : « Nous voulons contribuer à trouver une solution politique qui permettrait aux réfugiés syriens de retourner en Syrie (…). J’ai rencontré des représentants des agences des Nations unies et des responsables libanais. J’essaie de me prononcer en faveur d’opérations permettant aux réfugiés de rentrer en coopération avec les agences des Nations unies. Des tensions surgissent, mais il est très clair que le Liban a montré que même avec un gouvernement composé de membres de groupes ethniques et religieux différents, il peut trouver des compromis et des solutions, et je souhaite que vous trouviez la même chose dans le dossier des réfugiés. »


M. Hariri a dans ce contexte remercié Berlin « pour son soutien humanitaire qui vise à alléger le poids de la crise des déplacés syriens », mais a fait savoir qu’il y a un « besoin d’augmenter ces aides humanitaires essentielles de manière continue et globale, de sorte que ces aides ne soient pas uniquement destinées aux déplacés, mais également aux populations hôtes ». À cette requête, Angela Merkel, qui avait été reçue en matinée à Aïn el-Tiné par le président du Parlement, et s’était rendue dans une école de Ras Beyrouth où le système des deux horaires est en place, a répondu : « Nous allons augmenter nos engagements, faire un don important aux organisations humanitaires, ne pas laisser le Liban à ses propres ressources. Je suis vraiment impressionnée par l’engagement des enseignants (…). Ce sont des projets merveilleux, cela m’a montré à quel point il est bon que nous y investissions de l’argent. » Mme Merkel devait quitter Beyrouth en fin d’après-midi.



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commentaires (6)

PAUVRE MERKEL, ELLE VA INVESTIR AU LIBAN, EN CROYANT QUE CET ARGENT VA VIA LES DÉPLACÉS. ELLE VA DIRECTEMENT DANS LES POCHES DES DIRIGEANTS.

Gebran Eid

19 h 48, le 23 juin 2018

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Commentaires (6)

  • PAUVRE MERKEL, ELLE VA INVESTIR AU LIBAN, EN CROYANT QUE CET ARGENT VA VIA LES DÉPLACÉS. ELLE VA DIRECTEMENT DANS LES POCHES DES DIRIGEANTS.

    Gebran Eid

    19 h 48, le 23 juin 2018

  • " Si l'homme est créé libre, il doit se gouverner. Si l'homme a des tyrans, il les doit détrôner. " Voltaire

    FAKHOURI

    17 h 17, le 23 juin 2018

  • Je suis curieux de savoir ce que Merkel propse concretement à notre pays ? Un tel deplacement et rencontre au sommet merite bien une cerise sur le gâteau, s'il y en a un !

    Sarkis Serge Tateossian

    14 h 06, le 23 juin 2018

  • Mme Merkel n'a rien appris d'inedit . les contradictions, la pourriture etc..... RIEN de tout cela elle ingnorait. sa visite avait deux buts, la curiosite de connaitre notre pays, celui d'essayer d'apprendre a faire digerer a son peuple a elle l'absorption des ses immigres a elle.

    Gaby SIOUFI

    11 h 42, le 23 juin 2018

  • Je suis pour la solution du COMMANDANTE KHENERAL PHARE AOUN. Un point et c'est tout . Le NOUVEAU Liban a les moyens d'imposer ses point DE vue À TRAVERS SES NOUVEAUX DIRIGEANTS , POURQUOI LOUVOYER ? Les réfugiés devraient renter chez eux le plus vite serait le mieux pour notre paix sociale , si le gouvernement syrien du héros vainqueur et défenseur du territoire syrien agressé par l'occident , décidait que tel ou tel réfugié pourrait être un danger pour son pays , c'est son droit de ne pas l'accepter en Syrie, l'Europe décide bien de faire la guerre à ces bactéries wahabites implantées chez elle . D'autant plus que le héros sait très bien qui est qui et fait fi des classifications douteuses de cet occident comploteur.

    FRIK-A-FRAK

    09 h 44, le 23 juin 2018

  • Ces deux personnages, No 1 et No 2 dans notre belle République...les avez-vous déjà vu afficher autre chose que leurs discordances dans les questions importantes ? Chacun d'eux étant tiraillé dans une direction différente ! Et ce ne sont pas quelques photos, de temps à autre, avec sourires sur commande et vases de fleurs plus drapeau libanais qui vont nous faire croire le contraire... Irène Saïd

    Irene Said

    09 h 21, le 23 juin 2018

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