Croatie qui rit, Argentine qui pleure

Après sa victoire éclatante (3-0) contre l’Albiceleste de Lionel Messi, la Croatie s’affirme comme un outsider crédible pour les tours à venir et, pourquoi pas, la victoire finale.
La sélection croate, on le savait, est une très belle équipe, qui dispose d’une génération de joueurs très talentueux. Mais elle n’a jusqu’à présent jamais réussi une grande performance dans un grand tournoi. C’est sans doute pour cette année. Il y a deux ans, à l’Euro, sa victoire en poules contre l’Espagne avait été éclipsée par son élimination prématurée en 8es de finale face au Portugal (1-0, a.p.). Son milieu de terrain est un des meilleurs du monde, avec le trio Modric/Rakitic/Brozovic. Mais ce n’est pas tout : l’équipe se complète harmonieusement et son collectif bien huilé ne laisse paraître, pour l’instant, aucun point faible.
Après un premier match maîtrisé face au Nigeria (2-0), la Croatie a offert jeudi soir un récital contre l’Argentine, vice-championne du monde en titre et qui fait partie – théoriquement désormais – des favoris pour remporter la coupe. Luka Modric a été étincelant et le trio de milieux croates a tout bonnement éteint le jeu argentin. Ivan Rakitic a conclu le festival de buts en inscrivant la marque qui tue, le troisième et dernier but de la rencontre, sur une magnifique action collective. Qualifiée et bien partie pour terminer 1re de son groupe D, la Croatie peut préparer sereinement son futur match de 8es de finale contre le 2e de la poule C.
Quant à l’Argentine, avec cette cuisante défaite, elle est au bord du précipice. Si elle n’est pas encore officiellement éliminée, elle est dans l’obligation de gagner son dernier match face au Nigeria et espérer un faux pas de l’Islande. Le plus inquiétant, c’est la pauvreté du jeu proposé : pour une Albiceleste qui compte dans ses rangs des joueurs tels que Gonzalo Higuain et Paulo Dybala (Juventus Turin), Kun Agüero (Manchester City) ou encore Ángel Di Maria (PSG), seul Messi essaie de jouer et de créer des situations dangereuses. Mais il a besoin d’aide, car même si c’est l’un des plus grands génies de l’histoire du football, il ne peut naturellement pas débloquer seul toutes les situations. Cet échec est surprenant, même si l’on pouvait s’y attendre vu le niveau affiché par l’équipe depuis un an. En effet, l’Argentine n’a accédé à la Coupe du monde que lors de l’ultime match de la phase de qualifications de la zone Amérique du Sud (victoire 3-1 contre l’Équateur) grâce, comme souvent, à un Messi magistral – il avait inscrit un triplé ce jour-là.
L’équipe est trop dépendante de Messi, mais, de plus, elle se saborde elle-même. Après le penalty loupé par le même Messi contre l’Islande, il y a eu jeudi l’incroyable boulette du gardien Willy Caballero, sur le premier but, qui a précipité la défaite des siens. Ajoutez à cela les choix douteux du sélectionneur Jorge Sampaoli, qui a démarré la rencontre en laissant Di Maria, Dybala et Lo Celso sur le banc, et vous obtenez un naufrage. Malgré tout, l’Argentine conserve encore une petite chance de se qualifier pour les 8es de finale et donc d’éviter un fiasco. Mais il faudra en montrer beaucoup plus. Rendez-vous le 26 juin, aux alentours de 23h00, heure locale, pour connaître l’issue de ce groupe D.