La vieille gare ferroviaire de Tripoli.
« À Tripoli, notre patrimoine est une mémoire collective, nous y avons grandi et c’est un souvenir exceptionnel de la vie tripolitaine d’avant-guerre », affirme Joumana Timery, présidente de l’association pour la sauvegarde du patrimoine de la ville. Pour la troisième année consécutive, elle organise les Journées du patrimoine, qui débuteront aujourd’hui samedi à 16h et s’achèveront demain dans la soirée.
La gare ferroviaire du quartier de Mina est au cœur de cette nouvelle édition. Les deux années précédentes, les Journées du patrimoine s’étaient installées à proximité de l’ancienne gare, sur l’escalier menant au fameux café du Tall el-’Olia puis à la tour des Lions. « Ces chemins de fer sont très bien placés, sur une ancienne route de la soie, proches de la frontière syrienne », relève Joumana Timery. Un atout économique et culturel de taille pour la ville.
Tripoli vibrante de culture
Ce bal culturel s’ouvrira avec deux tables rondes sur l’avenir de la mode et les défis des transports publics au Liban. Des projets d’étudiants ingénieurs et architectes autour du futur de la gare seront ensuite présentés. Concerts et spectacles de son et lumière viendront clôturer cette journée. « On attend énormément de passionnés, ils en auront plein les yeux. » Un week-end inoubliable pour les amoureux de la culture et des vestiges du passé. Peintres, photographes, stylistes et artisans seront présents pour exposer leurs travaux.
Dimanche, la voix de la soprano Mona Hallab et les mélodies des concerts classiques viendront bercer l’oreille des visiteurs. Le documentaire La prochaine gare du journaliste Badih Abou Chacra sera projeté, avant de laisser placer à la pièce de théâtre al-Mahatta du groupe SADA. « Le programme est chargé, explique Joumana Timery, mais ces journées permettent d’apporter une seconde vie à notre patrimoine. » En flânant dans la vieille ville, les curieux pourront découvrir les charmes de Tripoli, profiter de l’artisanat local et se prendre en photo devant des « bâtiments du protectorat, qui rappellent le sud de la France », affirme l’organisatrice, qui vante un cadre « très rare » au Liban.
« La gare parle, c’est un témoin de la guerre, avec ses murs criblés de balles, ses plantes qui l’envahissent, les locomotives à vapeur immobiles. Elle a un aspect très théâtral et lyrique. » Le photographe tripolitain Haytham Daezly y exposera 25 de ses clichés de friches industrielles en noir et blanc. « On exprime l’amour de notre patrie. »
« Se mobiliser pour protéger les richesses de la ville »
« Il n’y a pas de volonté politique de la part des gouvernants pour sensibiliser, donc les associations sont obligées de mobiliser l’opinion publique. » Joumana Timery indique que les Journées du patrimoine sont d’abord un projet éducatif. « Les Libanais n’y sont pas sensibles, ils saccagent et démolissent les vestiges. »
La conservation du patrimoine est pourtant un enjeu de taille, puisque, à Tripoli, les touristes sont rarissimes malgré les 160 sites historiques ouverts au public. La ville est la plus riche de la côte en vestiges, mais dans certains quartiers, le chômage atteint les 60 %. « On va mettre l’accent sur les métiers d’art en perdition », affirme Joumana Timery.
« Il faut montrer qu’on est capable de se mobiliser pour protéger les richesses de la ville et de faire bouger les mentalités », déclare le photographe Haytham Daezly, fier de participer à un week-end qui met en avant « notre identité culturelle et notre histoire ».
Aucune ville au Liban n'a le charme et le patrimoine de Tripoli. Dommage que la ville soit delaissee autant. Cette ville est une veritable chance pout le Liban pour attirer les touristes occidentaux a la recherche d'histoire et d'authenticite!
18 h 13, le 24 juin 2018