Le dossier syrien était, dans tous ses aspects, politique, humanitaire et de sécurité, au centre de l’entretien que le Premier ministre désigné, Saad Hariri, a eu mercredi soir au Kremlin avec le président russe, Vladimir Poutine. Avec son hôte, M. Hariri a abordé la question du retour des réfugiés syriens accueillis par le Liban chez eux, une question qui est, comme on le sait, au cœur d’un bras de fer entre Beyrouth et le HCR.
Selon des sources informées, Vladimir Poutine n’a pas caché devant son hôte que ce sont l’Iran et le Hezbollah qui entravent un retour sécurisé des réfugiés chez eux, parce qu’ils s’opposent au processus engagé par la Russie – lequel bénéficie de la bénédiction de la communauté internationale – afin de consolider les zones de désescalade, ainsi que la stabilité et le cessez-le-feu et pour appliquer la résolution 2401 du Conseil de sécurité, dans la perspective d’une reprise des négociations politiques.
Les efforts russes se heurtent donc à l’Iran et au Hezbollah qui refusent, sous différents prétextes, d’abandonner les régions qu’ils contrôlent. Moscou a déployé la police russe dans le sud de la Syrie afin de surveiller le respect du cessez-le-feu et de préserver les zones de désescalade, mais celle-ci n’a pas réussi à assumer sa mission, parce que les combattants du Hezbollah ont refusé de quitter les lieux. Les forces militaires syriennes ont dû s’interposer entre les deux et c’est finalement la police russe qui a fini par partir.
Après cet incident, les forces russes n’ont pas voulu assurer à l’armée syrienne la couverture aérienne dont elle avait besoin alors qu’elle s’apprêtait à se déployer pacifiquement dans le Sud pour le « nettoyer » de la présence d’éléments armés non syriens. Moscou a aussi annoncé qu’il se retirait du Sud et qu’il appartenait au régime et à ses alliés de se débrouiller seuls dans la région. M. Poutine devait plus tard demander sans ambages au président Bachar el-Assad de réclamer le départ des combattants du Hezbollah et des pasdaran de Syrie. La réponse est venue de Téhéran qui a précisé qu’il se trouvait en Syrie à la demande du régime et que sa présence reste vitale. Le Hezbollah a tenu pratiquement le même discours, confirmé d’ailleurs par le président Assad, qui a défendu il y a quelques jours la présence de cette milice dans son pays, en affirmant que la « la bataille en Syrie est longue » et que « la présence des combattants du Hezbollah restera longtemps nécessaire ».
Voilà pour la petite histoire. Il en ressort que la Russie qui souhaite déployer ses forces dans le sud de la Syrie, tout le long de la région frontalière avec le Liban, est d’accord avec la communauté internationale sur la nécessité d’une délimitation des frontières, de manière à en assurer la sécurité et à empêcher la circulation de combattants et la contrebande. Vladimir Poutine a d’ailleurs pressé son hôte libanais d’accélérer le processus de délimitation des frontières. Un dossier qu’il faut aussi relier à celui de la délimitation des frontières terrestres et maritimes avec Israël, le tout devant s’inscrire dans le cadre d’une volonté internationale de réduire les foyers de tension dans la région.
Toujours selon les mêmes sources, la question des frontières a été évoquée au Kremlin à la faveur des discussions au sujet du retour des réfugiés syriens vers les régions sécurisées en Syrie. De mêmes sources, on indique que ces derniers réclament une couverture russe à ce processus et rejettent la politique de transfert adoptée par le régime syrien qui a déplacé les sunnites syriens vers le nord du pays et les a remplacés au Sud par les chiites. La composante chiite syrienne sera ainsi présente tout le long de la frontière sud avec le pays du Cèdre, ce que l’opposition syrienne conteste, au même titre que le Liban, favorable à une diversité religieuse syrienne à sa frontière. La majorité des déplacés qui étaient supposés regagner leur pays sont originaires du Qalamoun et refusent d’être relocalisés en Syrie. Et parce que l’Iran et le Hezbollah sont opposés à ce processus, le projet de retour, dont il est question depuis quelques jours au Liban, a pu être bloqué.
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commentaires (10)
Morale(s) de l'histoire : Poutine est gentil, iran, hezb et assad pas gentils. Réfugiés syriens resteront dans leurs camps Hizbollah progresse de milice divine et devient une corporation Blackwater Iranien en Syrie. Économie libanaise, droit aux égouts sauf les richesses de nos politiciens. Citoyens libanais: on continuera à, se plaindre, critiquer, déprimer, souffrir de manque d'eau électricité surplus d'ordures dans nos rues, de manifestations de support à des soi-disant leaders, manque d'éducation d'hospitalisation etc... Solution: se trouver une bonne équipe de foot et oublier la lagune dans laquelle on flotte
Wlek Sanferlou
16 h 35, le 16 juin 2018