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Alf sahtén, ô ministres intègres...

On ne sait pas qui des trois est le plus à blâmer, qui des trois est le plus incompétent… Les architectes qui ont décrété que le lot 1231, incluant les immeubles connus sous le nom de bloc Dergham, ne représente aucun intérêt patrimonial ? Le ministre sortant de la Culture, Ghattas Khoury, qui a annulé le décret de son prédécesseur, le décidément très regretté (politiquement) Rony Araygi, autorisant ainsi le propriétaire, un homme d’affaires irakien, à détruire ces bâtiments ? Le Premier ministre désigné, Saad Hariri, qui avait insisté il  y a plus d’un an à parachuter M. Khoury à ce poste – une des pires erreurs de casting ministériel, un bon 9 sur une échelle allant de zéro à Gebran Bassil ? 

Des Ghattas Khoury, il y en a treize à la douzaine depuis des décennies. Des hommes (et, beaucoup plus rarement, des femmes) peut-être honnêtes, de bons citoyens, de bons époux, de bons papas, de bons chirurgiens (avec spécialisation en vascular surgery à Londres, pour M. Khoury), de bons avocats, de bons hommes d’affaires, peu importe, mais qui font de déplorables ministres. C’est à eux, naturellement, dans un contexte idéal, de décliner une proposition de portefeuille quand ils savent pertinemment qu’ils ne seront pas à la hauteur, quel que soit l’éventuel talent de leurs conseillers. Sauf que tout le monde le sait : au Liban, il n’y a rien d’idéal, et presque tous les Libanais vendraient père et mère pour un poste de caïmacam, alors pour un ma3alik… 

La chair et le pouvoir sont faibles. Si ces hommes n’ont pas la force d’admettre leur incapacité à gérer tel ou tel ministère, si leur fascination et leur gloutonnerie peuvent être compréhensibles, cela devient carrément inadmissible pour leurs maîtres. Que ce soit Saad Hariri pour Ghattas Khoury, ou n’importe quel chef de parti pour tel ou tel wrong man at the wrong place, il y a quelque chose d’impensable et de maladif à ne pas privilégier la compétence lorsqu’il s’agit de gérer les affaires de l’État. Il y toujours, parmi les futures marionnettes que tel ou tel leader veut placer, un moins mauvais, un moins incompétent, un davantage dédié à la chose publique, un plus à même de comprendre les intérêts du Liban et des Libanais en matière de santé, de finances, d’industrie, d’agriculture, d’affaires sociales, de culture, ou de tourisme, etc. Pourquoi s’évertuer, à chaque fois ou presque, à choisir le moins qualifié ? Avec tout ce que l’on peut lui reprocher, Samir Geagea a su, depuis que les Forces libanaises font partie du gouvernement, proposer des ministres qui se sont souvent avérés d’exceptionnelle qualité, de l’irremplaçable Ibrahim Najjar à Ghassan Hasbani, en passant par Pierre Bou Assi – et cela, de l’aveu de leurs plus farouches adversaires, les ministres du Hezbollah eux-mêmes. Et si Samir Geagea peut le faire, tous le peuvent. Et le doivent. Que le nouveau gouvernement voit le jour pour la fête du Fitr ou en septembre.
Mais en attendant, l’équipe en place, à commencer par le chef de l’État Michel Aoun, mais aussi Saad Hariri et les ministres de la Justice et de l’Intérieur, Salim 

Jreissati et Nouhad Machnouk, doivent une sacrée explication au peuple libanais à propos de ces 360 passeports, estampillés du fameux cèdre, vendus à des étrangers. Non que cela n’ait pas, à la fois, quelque chose de plaisant, voire de légèrement rassurant (notre passeport, tellement, et à raison, méprisé et décrié, se vendrait, sapristi, jusqu’à un demi-million de dollars…), mais il n’en reste pas moins que le scandale est inouï. Au-delà de cette prostitution immonde de l’identité libanaise, qu’ils aillent expliquer à ces femmes, à ces mères, à ces milliers de Libanaises qui se battent depuis des lustres pour un droit élémentaire : transmettre leur nationalité à leurs enfants, que si elles payent, peut-être, rien n’est moins sûr, peut-être pourraient-elles espérer obtenir gain de cause. À moins qu’elles n’aillent à Damas et reçoivent l’autorisation de faire un selfie avec Bachar el-Assad : là, leurs chances de voir Michel Aoun répondre positivement à leur demande centupleraient sans aucun doute.

Il n’y a assurément plus d’homme d’État au Liban depuis bien trop longtemps, mais, maigre consolation, il y a une bonification exponentielle, d’année en année, de mandat en mandat, d’un talent énorme partagé par la quasi-totalité des hommes politiques : celui de creuser toujours plus bas, toujours plus fort, toujours plus sale. Si ça ne vaut pas un passeport, ça…
On ne sait pas qui des trois est le plus à blâmer, qui des trois est le plus incompétent… Les architectes qui ont décrété que le lot 1231, incluant les immeubles connus sous le nom de bloc Dergham, ne représente aucun intérêt patrimonial ? Le ministre sortant de la Culture, Ghattas Khoury, qui a annulé le décret de son prédécesseur, le décidément très regretté (politiquement)...

commentaires (8)

Une Republique bananiere...

IMB a SPO

19 h 12, le 05 juin 2018

Tous les commentaires

Commentaires (8)

  • Une Republique bananiere...

    IMB a SPO

    19 h 12, le 05 juin 2018

  • Excellent comme tjrs !!! Et bravo d’avoir eu le courage de nommer les personnes méritant au Liban ... moi j’adore “une échelle allant de zéro à Gebran Bassil ...”

    Bery tus

    19 h 04, le 04 juin 2018

  • "Une échelle allant de zéro à Gebran Bassil" ... J'adore !

    Remy Martin

    14 h 24, le 04 juin 2018

  • Cher M.Makhoul , c'est encore la même ritournelle à propos des gens que ne correspondent pas à votre façon de voir les choses . Gebran Bassil le "Monstre" ,est à toutes les "sauces ratées de votre cuisine ". Alors que Samir Geagea le héros de la nation, qui , ayant propulsé dans le gouvernement des ministres si " parfaits" qu' on serait enclin à penser que la planète n'a pas connu de tels phénomènes depuis la nuit des temps. On dirait voire même que la nature a brisé le moule dans lequel elle les a conçus .

    Hitti arlette

    13 h 59, le 04 juin 2018

  • Quand un renard rencontre un autre renard, de quoi ils parlent ? De poules et de poulaillers. Quand un loup rencontre un autre loup, de quoi ils parlent ? De moutons et de bergeries. Quand un titulaire d'un ministère régalien, rencontre un autre titulaire d'un ministère régalien, de quoi ils parlent ? De gains et de pourcentages. On prend les mêmes et on recommence avec la même charrette branlante nommée LIBAN. Le poisson pourrit par sa tête, falej la taalej ya Ziad.

    Un Libanais

    12 h 22, le 04 juin 2018

  • Z Makhoul aura tout dit,encore une fois , encore un fois on ne trouve aucune voie de sortie de ce cauchemar qu'est devenu la nation !

    Gaby SIOUFI

    10 h 26, le 04 juin 2018

  • Notre pays le Liban est devenu un grand bazar, dans lequel tout se vend...et s'achète ! Irène Saïd

    Irene Said

    09 h 11, le 04 juin 2018

  • SUPERBE ZIAD MAKHOUL ! LES DERNIERES LIGNES DE L,ARTICLE DISENT TOUT ! RENIER LA NATIONALITE AUX ENFANTS DES MERES LIBANAISES CAR MARIES A DES SYRIENS OU DES PALESTINIENS ET NATIONALISER... LATTA IMPOSE ... D,ETRANGERS SYRIENS ET PALESTINIENS QUI N,ONT AUCUNE ATTACHE AU LIBAN AUTRE QUE CELLE -D,ACHETER- LA DIGNITÉ... S,IL Y EN A... DE CERTAINS RESPONSABLES !

    LA LIBRE EXPRESSION

    07 h 57, le 04 juin 2018

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