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Culture - Cimaises

Les étranges fantômes Kodachrome de Yolande Labaki

« Libres », de Yolande Labaki, à la galerie Aïda Cherfan.

À la galerie Aïda Cherfan, les reconstructions virtuelles de Yolande Labaki se présentent comme un album de souvenirs aux allures de fouilles archéologiques. On y trouve la superposition de plusieurs temporalités qui s’ajoutent les unes aux autres, dialoguent les unes avec les autres et, in fine, ouvrent un nouveau champ des possibles.
Artiste peintre, Yolande Labaki s’est formée en Belgique puis aux États-Unis, à la School of Visual Arts de New York, où elle découvre la sérigraphie et se penche sur les possibilités offertes par le numérique. Et c’est en exhumant des cartons oubliés pendant près d’un demi-siècle qu’elle a redécouvert de vieilles diapositives kodachrome documentant une lointaine traversée des États-Unis. Le temps ayant fait son œuvre, ce n’est pourtant plus le visage de l’Amérique que l’on y retrouvait, mais de curieux paysages érodés, aux couleurs vives et saturées : les personnages se sont effacés et les surfaces se sont craquelées, ne laissant plus que des arrière-fonds irradiants, irréels. Il y a eu, à la lettre, une « défiguration » des premières images devenues modelés, texturées, voire pures lumières.
Le temps a lézardé les images, et Labaki a insufflé, dans les interstices de ces paysages décatis, la vie de nouveaux personnages anonymes, souvent de simples silhouettes, formes fantasmatiques qui viennent s’installer dans un décor qui semble avoir toujours été prêt à les accueillir. De fait, ces personnages sont comme des hôtes, tout juste arrivés : souvent encombrés de valises, ils viennent s’intégrer aux paysages comme s’ils venaient de l’intérieur du tableau, déjà logés en son sein.
Alors que les craquelures peuvent évoquer la vue au microscope de cellules d’un organisme, on retrouve dans les retouches opérées par l’artiste la volonté de donner une seconde vie à ces fragments d’un temps passé.
Pourtant, on en vient parfois à regretter que ces paysages apocalyptiques soient par trop saturés de nouvelles figures, dont la présence, bien nette, enlève à la belle énigme.
 
 Galerie Aïda Cherfan
« Reconstruction virtuelle », jusqu’au 7 juin 2018.
Rue Georges Haddad, Saïfi. Tél. 01/985 701

À la galerie Aïda Cherfan, les reconstructions virtuelles de Yolande Labaki se présentent comme un album de souvenirs aux allures de fouilles archéologiques. On y trouve la superposition de plusieurs temporalités qui s’ajoutent les unes aux autres, dialoguent les unes avec les autres et, in fine, ouvrent un nouveau champ des possibles.Artiste peintre, Yolande Labaki s’est formée en...

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