La collecte des factures EDL dans le Sud du Liban va reprendre en juin

La société National Electricity Utility Company (NEUC), chargée depuis 2012 de la maintenance du réseau de distribution de courant et de la collecte des factures aux 640 000 foyers branchés dans le sud du pays, va progressivement reprendre le travail en juin après plusieurs mois d’arrêt.
Contacté par L’Orient-Le Jour, le service de presse de la filiale du groupe Debbas, en partenariat avec Électricité du Liban (EDL) depuis 2012, a affirmé qu’elle espérait être en mesure d’assurer un niveau de service optimal dès le mois de juillet en ce qui concerne les réparations et la maintenance. La collecte de plus d’un semestre de factures impayées pendant que la société avait cessé ses activités prendra toutefois plus de temps, a encore noté NEUC, sans fournir plus de détails sur le rythme de recouvrement et les montants d’arriérés concernés.

Politisation du dossier
EDL n’a pas fourni plus de précisions sur ces points. Le fournisseur d’électricité a toutefois indiqué que la décision du Conseil des ministres entérinant la prolongation du contrat de NEUC avait confié dans le même texte la gestion des foyers du Liban-Sud à un sous-traitant de NEUC, la société Mrad for Trading, Industry and Contracting, qui possède des bureaux à Baabda.
« C’est comme si le Conseil des ministres avait introduit un nouveau prestataire de service », analyse une source proche du dossier pour L’Orient-Le Jour, qui précise que NEUC reste responsable du réseau dans le sud du Mont-Liban et la banlieue sud de Beyrouth. Selon elle, l’enveloppe allouée à la durée du partenariat est de 323 millions de dollars qui vont être partagés entre les deux sociétés. Le montant inclut la portion de l’enveloppe débloquée en 2012 pour financer l’installation de compteurs intelligents, toujours selon la source précitée. Les responsables de Mrad for Trading, Industry and Contracting n’étaient pas disponibles hier pour donner leur version de l’histoire.
En avril 2012, EDL a confié la gestion du réseau et d’environ 1,5 million de foyers à trois sociétés privées, dans le cadre de l’application de l’un des axes du plan Bassil de 2010 pour réformer le secteur. Outre NEUC, EDL a chargé BUS (groupe Butec) de gérer les régions du nord du pays, tandis que Beyrouth – hors banlieue sud et la Békaa (hors Zahlé) – passe dans le giron de KVA (Arabian Construction Company et Khatib & Alami). L’État débourse 780 millions de dollars pour financer l’ensemble du partenariat prévu pour quatre ans, dont 350 millions pour financer l’installation de compteurs intelligents dans le million et demi de foyers branchés à EDL.
Les contrats de ces trois sociétés ont ensuite été renouvelés en décembre 2016, pour quatre ans de plus, malgré les difficultés liées aux mouvements sociaux de plus de 2 000 travailleurs journaliers d’EDL, et des intérimaires reclassés dans le privé malgré eux au moment du lancement du partenariat. EDL évoque alors un montant global de 400 millions de dollars supplémentaires, les compteurs intelligents n’ayant pas encore été installés.

En octobre 2017, le Conseil des ministres finit par se saisir du dossier avec dix mois de retard. Il décide d’entériner la prolongation des contrats de BUS et de KVA, mais refuse d’approuver la prolongation de NEUC, en soulignant l’insuffisance de ses performances. « Un argument assez étrange dans la mesure où le gouvernement a donné son feu vert à KVA sans broncher, alors que ce prestataire était défaillant à plusieurs niveaux », relève encore la source précitée.
De fait, le gouvernement ne ferme pas définitivement la porte à NEUC et remet sa décision à plus tard. Plusieurs sources évoquent une politisation du dossier – notamment un bras de fer entre le Courant patriotique libre dirigé par le ministre des Affaires étrangères Gebran Bassil et le mouvement Amal du président de la Chambre Nabih Berry. Le temps passe, et NEUC se retrouve contraint de suspendre ses activités fin 2017 en attendant un dénouement qui mettra plusieurs mois à se concrétiser.

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