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Santé - Dermatologie

Le psoriasis, une maladie de mieux en mieux prise en charge

Les recherches fondamentales et les essais cliniques qui se sont intensifiés au cours des dernières années ont amélioré les connaissances sur la physiopathologie et les mécanismes de la pathologie.

Le psoriasis vulgaire ou psoriasis en plaques est la forme de la maladie la plus rencontrée. Elle se caractérise par des plaques bien délimitées, rougeâtres, avec des squames et un épaississement assez marqué des couches superficielles de la peau. Photo Boutros Soutou

Plaques rouges, squames et démangeaisons souvent accompagnées de stress et de découragement… le psoriasis est une maladie inflammatoire chronique de la peau, non contagieuse, touchant plus de 100 millions de personnes dans le monde, selon les chiffres 2016 de l’Organisation mondiale de la santé. La prévalence de la maladie varie d’un pays à un autre, atteignant 0,09 à 11,43 % de la population, d’après l’agence onusienne. Au Liban, le psoriasis toucherait 2 à 3 % des personnes.

Depuis quelques années, cette maladie occupe une place prépondérante dans les recherches fondamentales, comme dans les essais cliniques. Aussi, « les connaissances sur la physiopathologie et les mécanismes de cette maladie se sont améliorées », se félicite le Dr Boutros Soutou, dermatologue, chargé d’enseignement à la faculté de médecine de l’Université Saint- Joseph. « De multiples gènes de susceptibilité au psoriasis sont actuellement découverts », poursuit-il dans une interview accordée à L’Orient-Le Jour, en marge des travaux de la cinquième édition des Printemps de la faculté de médecine de l’USJ, tenus le week-end dernier. « Ces gènes vont prédisposer les cellules immunitaires du patient à réagir contre des antigènes de l’épiderme, ajoute le Dr Soutou. Cela va aboutir à une production massive des molécules de l’inflammation et à une prolifération excessive des couches de l’épiderme. »

Important impact sur la qualité de vie
Le psoriasis touche l’homme et la femme de façon égale. La prévalence est très faible chez les nourrissons, mais elle augmente progressivement avec l’âge et culmine entre 40 et 60 ans.

Il existe deux types de la maladie. Le psoriasis vulgaire ou psoriasis en plaques est le plus rencontré, constituant plus de 90 % des cas. Cette forme de l’affection se caractérise par « des plaques bien délimitées, érythémateuses (rougeâtres), avec des squames et un épaississement assez marqué des couches superficielles de la peau ». Dans certains cas, les lésions sont prurigineuses.

Cette forme du psoriasis se manifeste notamment sur les faces externes des coudes, des genoux, la face antérieure des jambes, l’ombilic et le bas du dos. « Elle peut également toucher le cuir chevelu, les ongles, les paumes des mains et les plantes des pieds, ainsi que les grands plis, note le Dr Soutou. Dans ce dernier cas, on parle d’un psoriasis inversé. »
Parfois, les plaques s’élargissent pour s’étaler sur la majorité de la peau. Dans d’autres cas, elles sont aussi petites que les gouttes et surviennent surtout chez les enfants à la suite d’une infection bactérienne. « Cette forme de psoriasis, dite en gouttes, peut guérir », assure le spécialiste.
Le second type de psoriasis, dit pustuleux, est plus rare. Il est caractérisé par des pustules non infectieuses qui se disséminent sur une peau inflammatoire érythémateuse. 

Dans tous les cas, il faut souligner que le psoriasis a un important impact sur la qualité de vie du patient, au même titre que toute autre maladie chronique. Il affecte aussi bien le versant intime que le côté socioprofessionnel. D’abord, en raison de l’aspect clinique de la maladie qu’on ne peut pas cacher, mais aussi en raison des démangeaisons et de la desquamation qu’il entraîne.

Syndrome métabolique
Les études menées sur la maladie ont révélé que « le psoriasis peut être associé à d’autres maladies, notamment le syndrome métabolique (obésité, diabète, hypertension et dyslipidémie) et le rhumatisme psoriasique, la maladie touchant les articulations. « Le rhumatisme psoriasique va se développer le plus souvent quelques années après l’apparition du psoriasis, constate le Dr Soutou. S’il n’est pas bien dépisté et traité, il peut déformer et détruire les articulations des doigts et des orteils. Il peut aussi entraîner une atteinte axiale, c’est-à-dire de la colonne vertébrale. » Et d’insister : « Il est important donc de bien traiter le psoriasis, ce qui permet de prévenir les comorbidités (les maladies qui y sont associées) et de réduire l’impact de l’inflammation cutanée et systémique sur le risque cardio-vasculaire. De même, il est important d’examiner les doigts et les orteils à la recherche d’un œdème, d’une raideur ou d’une inflammation de l’articulation pour dépister le plus précocement possible un éventuel rhumatisme psoriasique. »

Quatre niveaux de traitement
Le psoriasis est une maladie chronique. Le traitement vise à blanchir complètement la peau le plus longtemps possible et se situe à quatre niveaux. Ainsi, « le traitement localisé est généralement administré en cas d’un psoriasis bien délimité et pas très étendu », observe le Dr Soutou. « Il consiste à administrer des dermocorticoïdes (de la cortisone utilisée en crème) ou de la vitamine D en topique (médicament qui agit sur l’endroit où il est appliqué), poursuit-il. Actuellement, nous administrons aussi des crèmes émollientes qui aident à hydrater la peau squameuse du patient. »

La photothérapie est conseillée « dans certaines formes modérées mais étendues de la maladie ». Dans ce cas, « le patient est exposé à une lumière monochromatique de rayons ultraviolets B ». « Ce traitement se fait dans des cabines spécialisées dans des hôpitaux universitaires où les machines utilisées sont médicalisées, précise le Dr Soutou. Ces machines ne ressemblent en rien au solarium. La longueur d’onde utilisée est bien spécifique et est dirigée contre les cellules inflammatoires de la peau. »
La troisième catégorie de prise en charge consiste à administrer des traitements systémiques (un traitement qui agit sur tout le corps). Dans ce cas, « des immunosuppresseurs sont donnés par voie orale ». « Ce traitement nécessite un suivi rapproché, et son efficacité est acceptable », indique le Dr Soutou.

Les traitements biologiques constituent la grande nouveauté dans la prise en charge du psoriasis. « Ce sont de grandes molécules, fabriquées dans des cellules vivantes, qui sont injectées en sous-cutané pour réguler et même normaliser la réponse immunitaire, explique-t-il. Ce traitement fait disparaître l’inflammation, mais il faut l’entretenir, dans le sens où il faut le prendre à long terme, sachant qu’il est possible, à une certaine étape de la prise en charge, d’espacer les injections ou de réduire les doses. »

Si le psoriasis ne peut être prévenu, ni guéri, il reste que les études menées sur la maladie, notamment celles menées dans la vie réelle du patient, permettent une meilleure compréhension de la pathologie et une meilleure prise en charge des cas difficiles. « De plus, de nouvelles molécules qui ciblent mieux la maladie sont régulièrement mises sur le marché, ce qui a permis de grandes avancées dans la prise en charge des patients », conclut le Dr Soutou.

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