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Santé - Médecins-malades

Tango, une initiative pour lutter contre la non-adhésion au traitement

Selon l'Organisation mondiale de la santé, près de la moitié des patients souffrant de maladies chroniques ne se conforment pas aux recommandations des professionnels de la santé.

Une bonne relation entre le patient et son médecin peut améliorer l’adhérence du malade au traitement. Photo Bigstock

Qui dans son entourage n'a pas connu une personne souffrant d'une maladie chronique – l'asthme, le diabète, l'hypertension, le psoriasis, l'arthrite rhumatoïde ou l'ostéoporose à titre d'exemple – qui a fini par abandonner son traitement au bout d'un certain temps ou qui ne se conforme pas aux recommandations de son praticien ? La non-adhésion au traitement est un problème mondial et touche, selon un rapport de l'Organisation mondiale de la santé, près de 50 % des patients souffrant d'une maladie chronique.
Les causes de cette non-adhésion sont multiples. Il s'agit notamment du coût souvent élevé du médicament, de la difficulté d'accéder au traitement, de la difficulté du traitement en termes des horaires des prises et des multiples quantités à ingérer, de la peur des effets secondaires, des changements de mode de vie qu'un traitement implique, mais aussi d'une mauvaise communication entre le patient et son médecin.
Or le manque d'adhésion au traitement a non seulement un effet négatif sur la santé et la qualité de vie du patient, mais aussi sur l'économie et la facture de santé d'un pays, d'autant que ce comportement peut entraîner des hospitalisations répétées du patient pour des complications liées à la maladie, un absentéisme scolaire ou professionnel... Une étude menée dans ce sens aux États-Unis a montré que 69 % des hospitalisations sont dues à un manque d'adhésion au traitement médical, avec un coût annuel frôlant les 100 milliards de dollars.
Le Liban n'est pas en reste de ce problème. Une étude effectuée par le Groupe de travail national sur l'adhésion a souligné que près « de 80 % des médecins ne s'assurent pas que leur patient suit le traitement », comme le précise le Dr Jad Okais, président de ce groupe de travail. Le praticien se prononçait au cours du coup d'envoi de Tango (Treatment Adherence through Concordance and Ongoing Communication – l'adhésion au traitement à travers la concordance et une communication continue), une initiative soutenue par les laboratoires Abbvie visant à renforcer l'adhésion au traitement au Liban en sensibilisant les médecins à ce problème.

Rétablir la confiance
« Cette initiative est primordiale et devrait changer notre relation avec le patient, affirme le Dr Okais. Nous allons rétablir cette relation de confiance, qui malheureusement aujourd'hui fait souvent défaut. Dans le passé, le médecin savait tout de son patient. Il connaissait ses habitudes, ses centres d'intérêt, ses préoccupations. Il savait s'il se conformait au traitement ou non. La relation médecin-malade était solide, ce qui n'est malheureusement pas le cas aujourd'hui. De nos jours, nous disposons d'un éventail de traitements et avons accès à tous les examens pointus, mais nous n'avons souvent pas une bonne relation avec nos patients. Le programme Tango a vu le jour pour remédier à ce problème. Dans ce cadre, nous avons développé des outils éducatifs à l'intention des médecins pour les sensibiliser au problème et les aider à rétablir cette relation. Dans une étape ultérieure, le programme englobera également le corps infirmier et les pharmaciens qui ont aussi un rôle à jouer dans ce sens. »
Tango a été mis au point en collaboration avec le professeur John Weinman, chercheur en psychologie de la santé de l'université King's College à Londres, en Grande-Bretagne. « L'adhésion au traitement est un vieux problème », affirme cet expert qui se penche depuis plusieurs années sur la question de la non-adhésion. « Quelqu'un avait dit que les médicaments ne sont pas efficaces si on ne les prend pas, poursuit-il. Cet énoncé résume tout le problème de l'adhésion. »
Le professeur Weinman explique que le problème n'a pas changé au fil des ans, « alors que s'il est résolu, tout le monde peut en sortir gagnant ». « Le patient parce qu'il a les bénéfices du traitement, le système national de la santé parce que la facture de la santé diminue, et les compagnies pharmaceutiques qui accroissent leur chiffre d'affaires, ajoute-t-il. Or jusqu'à présent, nous avons échoué à régler le problème, et ce pour plusieurs raisons. »

Comprendre le comportement du patient
Pour l'expert, la principale cause derrière cet échec reste le fait d'avoir recouru, dans le passé, aux mauvais moyens pour parer au problème. « Nous avons ainsi estimé que si nous prescrivions le médicament au malade et que nous lui demandions d'y adhérer, il allait le faire, constate-t-il. Nous avons aussi jugé que si on lui rappelait l'horaire des prises en lui envoyant un texto sur son téléphone mobile, il allait s'exécuter. Or ce n'est pas le cas. Au cours des quinze dernières années, nous avons appris que le simple fait de donner l'information n'améliore pas le comportement du patient. Il a fallu donc comprendre ce comportement. Les études effectuées dans ce sens ont montré que la non-adhésion au traitement était essentiellement due au manque d'information concernant le traitement et à l'oubli. Mais le plus souvent, cela était dû au scepticisme face au traitement. À cela s'ajoutent les facteurs dits d'opportunité, comme le soutien familial, le soutien médical, etc. »
Le Dr Weinman souligne dans ce cadre la nécessité pour le médecin de comprendre le comportement de son patient. « Or les études ont montré que peu de médecins considèrent la non-adhésion comme un problème en soi, fait-il remarquer. Il est important donc de sensibiliser les praticiens au problème et leur faire prendre conscience du fait que la non-adhésion s'applique à leurs patients aussi. Il faut leur apprendre à développer une relation de confiance avec leur patient. Dans ce cas, ce dernier sera capable de faire part au spécialiste de ses appréhensions. »
Et l'expert britannique de conclure en insistant sur l'importance de Tango qui « donnera aux médecins les outils nécessaires pour mieux communiquer avec leurs patients et leur apporter le soutien nécessaire ».

Qui dans son entourage n'a pas connu une personne souffrant d'une maladie chronique – l'asthme, le diabète, l'hypertension, le psoriasis, l'arthrite rhumatoïde ou l'ostéoporose à titre d'exemple – qui a fini par abandonner son traitement au bout d'un certain temps ou qui ne se conforme pas aux recommandations de son praticien ? La non-adhésion au traitement est un problème mondial et...

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