L’Association libanaise pour la démocratie des élections (LADE) a déploré hier des irrégularités entachant les conditions d’acheminement au Liban des bulletins de vote des électeurs émigrés, dénonçant par ailleurs la manière dont ces bulletins ont été dépouillés, deux éléments qui, selon l’association, ont eu un impact sur les résultats électoraux.
Les membres de la LADE se sont exprimés lors d’une conférence de presse tenue au siège de l’association, à Sodeco, évoquant d’abord « le retard d’un jour qu’a mis l’entreprise de transport DHL à expédier au Liban les bulletins de vote des émigrés, et le chaos évident dans lequel sont arrivées le 6 mai les urnes au centre de la Commission supérieure de décompte, à Beyrouth ».
Les représentants de la LADE ont déploré en outre que les voix exprimées dans certains bureaux de l’étranger n’ont pas été prises en compte. Ils ont évoqué dans ce cadre des problèmes recensés par les observateurs, comme à Jezzine où « 14 enveloppes ne sont pas parvenues à la commission primaire de décompte, poussant celle-ci à ramener à zéro le nombre d’électeurs dans les bureaux de vote concernés ». Il semble que « les résultats de 479 bureaux de vote à l’étranger ont été annulés de la même manière », ont poursuivi les intervenants, relevant notamment le cas d’un bureau de vote à Ottawa (Canada) dont « la directrice avait rassemblé 129 enveloppes renfermant les bulletins de vote, mais a été surprise que la commission de décompte de Zahlé en charge de son bureau a annoncé qu’aucun électeur ne s’était présenté pour élire un représentant de la circonscription ». Et les activistes de s’interroger : « Pourquoi la Commission supérieure de décompte n’a-t-elle pas vérifié tous ces résultats et comment le ministère de l’Intérieur a-t-il annoncé les résultats officiels sans s’être penché sur la question ? »
La LADE regrette par ailleurs d’avoir été dans l’impossibilité de calculer le nombre total de voix des électeurs de la diaspora, parce que « les bureaux de vote à l’étranger ont été empêchés de photocopier les procès-verbaux des votes ». « En outre, le nombre des votants dans chacun de ces bureaux n’ayant pas été annoncé, nous n’avons pu estimer le nombre de voix qui auraient été égarées », ont relevé les membres de l’association, affirmant par ailleurs qu’ils sont entrés en contact avec le ministère de l’Intérieur pour obtenir des clarifications, mais se sont entendu répondre que « la question est du ressort des commissions de décompte ». « Qui donc est responsable de l’acheminement des bulletins ? Où donc se situe la faute ? Est-ce au niveau du transport des urnes vers le Liban, ou bien la distribution des bureaux à la Commission supérieure de décompte, ou encore dans le transfert des enveloppes vers les commissions primaires de décompte ? »
se sont-ils demandé.
La réponse du ministère de l’Intérieur
Le ministère de l’Intérieur n’a pas tardé à répondre, publiant hier après-midi un communiqué dans lequel il réaffirme que ce qui s’est passé auprès des commissions de décompte et lors du calcul des résultats n’est pas de son ressort. « Les urnes scellées provenant de l’étranger ont été ouvertes auprès des commissions supérieures de décompte à Beyrouth, après avoir été transportées vers ces commissions via l’aéroport Rafic Hariri et la Banque du Liban, escortées par des éléments des Forces de sécurité intérieure, en présence de délégués de certains médias », précise le communiqué, ajoutant que « les enveloppes ont ensuite été expédiées aux commissions de décompte primaires, également sous escorte des FSI, et ouvertes devant les délégués dans chaque caza ». Le ministère de l’Intérieur rappelle en outre avoir déjà indiqué qu’« il n’y a pas de voix égarées », soulignant que « la faute incombe à des chefs de bureau de vote à l’étranger qui, à la fin du processus électoral, n’ont pas noté dans leurs procès-verbaux que des électeurs qui avaient au préalable inscrit leurs noms se sont abstenus de voter ». Le communiqué indique dans ce cadre que « la confusion est apparue du fait qu’on a jugé que leurs voix n’ont pas été comptées, alors qu’en réalité ils n’ont pas voté ».
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commentaires (4)
D'après ce que je lis et ce que j'entends, les élections du 6 mai 2018 n'ont rien à envier aux fameuses élections du 25 mai 1947 de Béchara el-Khoury. Mabrouk à ceux qui ont bénéficié des sacs des enveloppes contenant les bulletins de la Diaspora qui n'ont pas été ouvertes et comptabilisées au profit de qui vous savez et ses copains et coquins. Mabrouk à ceux qui ont chassé les candidats adverses des bureaux de votes lors du dépuillement. Mabrouk à ceux qui ont bourré les urnes de listes en faveurs des caïds locaux. Honneur et gloire à Staline et à l'Union soviétique à titre posthume.
Un Libanais
21 h 15, le 19 mai 2018