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Liban - Polémique

Les incidents de Choueifate ternissent les relations intracommunautaires

Joumblatt s’en prend à Hariri, le PSP lui présente ses excuses.

Talal Arslane et Walid Joumblatt. Photo d'archives Amer Zeineddine

L’arrestation samedi de Tarek Souki, le frère d’Amine Souki accusé d’avoir tué, le 8 mai, un membre du Parti socialiste progressiste (PSP), Ala’ Abou Faraj, à la suite d’une série de provocations et d’accrochages sur fond des législatives, pourrait-elle préluder à une accalmie entre les deux parties au conflit, le PSP de Walid Joumblatt et le Parti démocrate libanais, présidé par Talal Arslane ?

Tarek Souki a été arrêté samedi, ainsi que le dénommé Waël el-Banna qui l’accompagnait, à un barrage de l’armée dans le village de Hrebta, dans la Békaa. Les deux hommes étaient, selon un communiqué publié par l’armée, en possession de deux armes à feu et d’une somme d’argent, ainsi que de plusieurs portables et des laissez-passer. Les services de renseignements enquêtent en ce moment avec les deux hommes pour pouvoir obtenir des informations sur le suspect principal dans cette affaire, Amine Souki, qui est le chef du service de sécurité de M. Arslane.
Selon plusieurs informations de presse et les allégations du PSP, ce dernier était caché au domicile du chef du Parti démocrate libanais. Il aurait été par la suite exfiltré en Syrie, comme l’a confié à L’Orient-Le Jour une source du PSP. 

Si la tension sur le terrain a baissé d’un cran, notamment après les funérailles de Ala’ Abou Faraj qui, rappelons-le, avaient été reportées plusieurs jours dans l’espoir que son meurtrier présumé soit remis aux forces de l’ordre, les échanges entre les deux leaders druzes se sont poursuivis, les blâmes mutuels également. 

Lors d’une conférence de presse samedi, Talal Arslane est sorti de son mutisme qu’il avait justifié par « le respect de la famille du défunt », pour tirer à boulets rouges non seulement sur le chef du PSP, mais aussi implicitement sur l’un des députés de son bloc Akram Chehayeb, se contentant de le surnommer « le député de la discorde ». Une appellation qui serait motivée par la référence faite par M. Chehayeb à la candidature « consentie » de M. Arslane sur la liste de la circonscription de Chouf-Aley, parrainée par le chef du PSP.

 « Que Dieu bénisse celui qui lui a laissé un siège vacant », avait alors commenté, durant la campagne électorale, M. Chehayeb, dans une allusion claire à la « faible représentation de M. Arslane dans son propre quartier général », commente une source du PSP. Les propos du député, qui auparavant avait lui-même été traité par M. Arslane de « député du hasard », avaient largement circulé sur les médias sociaux sur une bande vidéo.
Vécue comme une « humiliation », non seulement par le leader du Parti démocrate libanais, mais aussi par ses partisans, ces remarques sont venues attiser un peu plus la tension due à la concurrence entre les deux camps qui a culminé par des échanges de tirs entre les partisans des deux camps, puis par le lancement d’un obus B7. Le projectile, qui devait en principe viser le siège du PSP où s’activaient des dizaines de partisans, a fini par atterrir au dernier étage d’un immeuble adjacent, tuant sur le coup Ala’ Abou Faraj, qui célébrait son anniversaire ce jour-là.

« Victime de la provocation... »
Lors de la conférence de presse, M. Arslane a pointé du doigt la « campagne de diffamation » dont il a été victime, précisant que les faits qui ont marqué l’incident de Choueifate ont été « déformés ». S’adressant à Walid Joumblatt, il l’a exhorté de « retirer de la rue les voyous ». « Ala’ Abou Faraj est la victime de la provocation et des discours grossiers et injurieux qui ont prévalu (durant la campagne électorale) et qui ont conduit aux accrochages », a-t-il dit.
M. Arslane a rappelé avoir convenu avec M. Joumblatt, deux semaines avant les législatives, de la publication d’un communiqué conjoint dans lequel les deux hommes exhortaient leurs bases respectives de faire preuve d’ « un esprit démocratique ». Or, a dénoncé M. Arslane, dès l’annonce de la liste de la Réconciliation le 29 avril, « aucun des partisans de M. Joumblatt n’a respecté les termes de ce communiqué ».

Le chef du Parti démocrate libanais a donné sa version des faits, accusant certains partisans du PSP d’avoir déclenché les accrochages « en tirant sur trois jeunes (proches de son parti) qui étaient désarmés ». Une version démentie par un responsable du PSP, qui rappelle que ce sont les hommes de M. Arslane qui s’en étaient pris au départ à deux membres de la famille Saab, Raëd et Salah, chargés de la campagne électorale du PSP. « Preuve en est, dit le responsable, les coups et blessures dont souffrait Raëd, qui a été hospitalisé des suites d’une agression. Celle-ci avait été précédée par des menaces dirigées contre Salah et des tirs qui ont visé son domicile. »

En attendant que l’enquête judiciaire puisse prendre son cours afin de déterminer les responsabilités des uns et des autres, ces incidents ont entre-temps donné lieu à une guerre verbale cette fois-ci entre Walid Joumblatt et le chef du gouvernement sortant Saad Hariri, que le leader druze a accusé de s’être dérobé à ses responsabilités de Premier ministre, en gardant un mutisme absolu sur cette affaire.

Dans un tweet, le leader druze a attaqué le chef du courant du Futur, sans toutefois le nommer. « Certains perdants proclament leur victoire et d’autres font du brouhaha dans les médias au lieu de faire respecter la loi », a écrit M. Joumblatt. M. Hariri a aussitôt riposté en invitant le chef du PSP « à cesser de faire assumer ses problèmes au courant du Futur ».

Dans les milieux du PSP, on s’étonne également de « l’absentéisme » du chef de l’État Michel Aoun, « qui n’a pas évoqué cette affaire une seule fois », et des propos « inappropriés » du ministre sortant de la Justice, Salim Jreissati qui, « au lieu d’œuvrer à l’arrestation du criminel, se contente d’appeler les parties au calme ».

Samedi soir, le PSP a toutefois publié un communiqué dans lequel il a présenté ses excuses à M. Hariri, soulignant que le parti « ne cherche pas à rejeter ses problèmes » sur lui. « Il souhaite tout simplement attirer son attention sur le fait qu’un incident s’est produit dans une région libanaise qui s’appelle Choueifate. Cela suppose qu’il suive l’affaire et fasse appliquer la loi en sa qualité de haut responsable », conclut le communiqué.


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L’arrestation samedi de Tarek Souki, le frère d’Amine Souki accusé d’avoir tué, le 8 mai, un membre du Parti socialiste progressiste (PSP), Ala’ Abou Faraj, à la suite d’une série de provocations et d’accrochages sur fond des législatives, pourrait-elle préluder à une accalmie entre les deux parties au conflit, le PSP de Walid Joumblatt et le Parti démocrate libanais,...

commentaires (4)

Que veulent-ils encore...ces incapables et tout ? Qu'ont-ils fait de positif pour leur patrie ? Allez, Messieurs, rentrez chez vous et laissez-nous tranquilles avec vos éternelles querelles de gamins...qui cette fois ont malheureusement causé la mort d'un homme ! Irène Saïd

Irene Said

10 h 12, le 14 mai 2018

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Commentaires (4)

  • Que veulent-ils encore...ces incapables et tout ? Qu'ont-ils fait de positif pour leur patrie ? Allez, Messieurs, rentrez chez vous et laissez-nous tranquilles avec vos éternelles querelles de gamins...qui cette fois ont malheureusement causé la mort d'un homme ! Irène Saïd

    Irene Said

    10 h 12, le 14 mai 2018

  • Une dispute tribale ou avec le temps tout finira par rentrer en ordre et tout oublier .

    Antoine Sabbagha

    09 h 11, le 14 mai 2018

  • SANS JOUMBLATT ARSLAN MA KAN BI CHOUFA !

    MON CLAIR MOT A GEAGEA CENSURE

    08 h 38, le 14 mai 2018

  • Une dispute entre des enfants gâtés dans la cour d’une école maternelle sauf qu’il y a mort d’homme! Imaginez la communauté Druze prise encore dans un tribalisme féodal entre deux leaders traditionnels et féodaux simplement descendants l’un de la tendance arslaniste et l’autre joumblattiste, ne laissant la place à aucun sens démocratique! Ils ont beau essayer de nous faire croire qu’ils sont civilisés, émancipés, mais chassez le naturel... Ainsi va encore, de la majorité des autres communautés, à des degrés divers, et là on comprend mieux les résultats de ces élections qui n’ont absolument rien changé à ce statu quo de seigneurs féodaux qui ne veulent rien abandonner de leurs privilèges! Non, les choses ne vont pas changer au Liban de sitôt!

    Saliba Nouhad

    04 h 19, le 14 mai 2018

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