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Moyen Orient et Monde - Focus

Les Tunisiennes au cœur des municipales

Rendez-vous aux urnes ce dimanche 6 mai en Tunisie. Une grande nouveauté à l’occasion des premières municipales depuis 2011 : la moitié des candidats sont des candidates.

Des Tunisiennes devant des affiches de candidats aux élections municipales. Zoubeir Souissi/Reuters

C’est en 2014 que la nouvelle Constitution mettait l’égalité entre hommes et femmes au cœur des débats en introduisant un objectif de parité dans les assemblées élues. Finalement adoptée en juin 2016 avec une écrasante majorité au sein du Parlement, la nouvelle loi a permis de considérablement augmenter la représentation des femmes lors des municipales de dimanche. Et ce notamment dans les régions enclavées, traditionnellement déconnectées de la capitale Tunis.

48 % des candidats sont des femmes. Si elles représentaient déjà 47 % des candidats aux élections législatives de 2014, la grande nouveauté se situe au niveau des têtes de liste : 30 % de femmes les président, contre 13 % en 2014. 

Dans le monde arabe, la Tunisie fait office de pionnier en matière de droits des femmes, et ce depuis 1956, année de l’adoption du Code du statut personnel (CSP) promulgué par le président Habib Bourguiba. En plus d’abolir la polygamie et la répudiation, le CSP autorise le divorce judiciaire et fixe l’âge minimum du mariage à 17 ans pour les femmes. Une avancée sociale d’envergure. Plus récemment, c’est l’interdiction du mariage des femmes avec des non-musulmans qui avait été abolie en septembre 2017. Une loi pour lutter contre les violences faites aux femmes est quant à elle rentrée en application en février 2018. 

Le point de crispation entre progressistes et conservateurs réside aujourd’hui dans la question taboue de l’héritage. Alors que dans la législation, il est prévu que les femmes n’héritent que de la moitié de ce qui revient aux hommes, le président Béji Caïd Essebsi a ouvert le débat en août 2017. Objectif : instaurer l’égalité économique au sein des familles, malgré le poids du conservatisme dans la société. Une marche a notamment été organisée le 10 mars dernier. Plusieurs milliers de femmes ont défilé dans les rues de Tunis à l’appel d’associations. Pour elles, l’égalité en matière d’héritage est « un droit, pas une faveur ».


(Lire aussi : Dans la Tunisie intérieure, rares sont ceux qui ont assez d'espoir pour voter)



Campagne de sensibilisation
D’après Mohammad Kerrou, sociologue et professeur de sciences politiques à l’Université de Tunis, « les lois doivent accompagner les changements sociétaux et communautaires ». Un travail de longue haleine, car si les Tunisiennes sont considérées comme des citoyennes à part entière, la discrimination basée sur le genre est toujours d’actualité. « Le poids des traditions et du patriarcat demeure important », précise M. Kerrou à L’Orient-Le Jour. 

Les Tunisiennes n’ont pas toujours le réflexe de se rendre aux urnes, surtout dans les zones rurales. Contactée par L’OLJ, la directrice du programme PCPA Soyons actifs/actives, Ahlem Bousserwel, explique que « de nombreuses femmes n’ont pas de carte d’identité, nécessaire pour voter ». C’est pourquoi le PCPA a lancé en avril une campagne de sensibilisation à destination des jeunes pour les inciter à voter, tout en sollicitant les candidats à signer une charte œuvrant pour l’égalité hommes-femmes. 

Si de nombreux paramètres demeurent incertains, notamment le taux de participation et de mobilisation de la société civile, il n’empêche que cette forte présence féminine est signe de changement des mœurs ou bien d’intelligence politique. À Tunis par exemple, c’est une femme qui pourrait remporter la municipalité. Il s’agit de Souad Abderrahim, candidate du parti d’obédience islamiste Ennahdha.



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