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Moyen Orient et Monde - Diplomatie

Pompeo, « le faucon », en première ligne au Moyen-Orient

Le nouveau secrétaire d’État américain doit se rendre aujourd’hui en Arabie saoudite, puis en Israël et en Jordanie demain.

Le secrétaire d’État américain, Mike Pompeo, donnant une conférence de presse durant la réunion des chefs de la diplomatie des pays membres de l’OTAN hier à Bruxelles. John Thys/AFP

Seulement deux jours après avoir officiellement enfilé le costume de secrétaire d’État des États-Unis, Mike Pompeo débute sa nouvelle carrière au pas de course. Après s’être rendu hier à Bruxelles pour rencontrer ses homologues de l’OTAN pour la première fois, il poursuit sa lancée en mettant les voiles en direction du Moyen-Orient. Au programme de ce week-end : l’Arabie saoudite, Israël et la Jordanie. Le nouveau secrétaire d’État américain doit rencontrer aujourd’hui le roi Salmane d’Arabie saoudite et le chef de la diplomatie saoudienne Adel al-Joubeir, puis le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, dimanche, ainsi que le roi Abdallah de Jordanie plus tard dans la journée.

Cette tournée diplomatique devrait lui permettre de souligner « l’importance de ces alliés et partenaires clés dans la région », a déclaré jeudi Heather Nauert, la porte-parole du département d’État. Israël et l’Arabie saoudite sont les alliés traditionnels de Washington dans la région tandis que la Jordanie et les États-Unis entretiennent des liens diplomatiques et historiques étroits.
Selon Mme Nauert, ces destinations ont été choisies « en raison de tout ce qu’il se passe » dans la région. Les États-Unis, la France et la Grande-Bretagne ont notamment frappé en Syrie il y a deux semaines pour sanctionner le régime de Damas pour son utilisation présumée d’armes chimiques dans la Ghouta orientale. Mais surtout, l’échéance du 12 mai approche à grands pas, date à laquelle le président américain Donald Trump doit prendre une décision sur l’avenir des États-Unis dans l’accord sur le nucléaire iranien – un texte qu’il a promis de « déchirer », au plus grand plaisir de ses alliés israélien et saoudien. En dépit de ses déclarations évasives sur le sujet, la décision de M. Trump semble être prise et les efforts diplomatiques de la communauté internationale pour le convaincre de changer d’avis paraissent rester vains pour l’instant. À ce sujet, « il n’y a pas eu de décision, donc l’équipe travaille et je suis sûr que nous aurons beaucoup de conversations pour exprimer ce que le président a dit clairement », a déclaré M. Pompeo hier à Bruxelles.
« En l’absence d’une solution substantielle, faute de surmonter les défauts de l’accord, il est peu probable de rester dans cette affaire », a-t-il toutefois précisé.


(Pour mémoire : Avec Mike Pompeo, un durcissement de la diplomatie US en perspective)


La venue de M. Pompeo devrait sans doute lui permettre de « préparer le terrain pour l’abandon de l’accord et pour la reprise des sanctions américaines contre l’Iran », explique à L’Orient-Le Jour Corentin Sellin, professeur agrégé d’histoire et spécialiste des États-Unis. L’objectif est « de désigner à nouveau l’Iran comme ennemi et de montrer que les États-Unis sont prêts à aller très loin pour mater » la République islamique, poursuit-il. Washington a dénoncé à plusieurs reprises l’expansion iranienne dans la région, et notamment en Syrie, où Téhéran dispose de troupes et soutient les milices du Hezbollah. Une position appuyée par Tel-Aviv et Riyad, tous deux ennemis jurés de Téhéran.
D’autres dossiers pourraient être abordés par le secrétaire d’État américain tels que le rôle de la Russie en Syrie, la reconstruction de l’Irak, la guerre au Yémen ou encore le conflit israélo-palestinien. Peu de mesures concrètes sont cependant attendues. Sa visite en Jordanie pourrait également relancer les discussions sur le sort des réfugiés syriens et sur le conflit israélo-palestinien. M. Trump a par ailleurs annoncé hier qu’il pourrait se rendre à Jérusalem pour l’ouverture de l’ambassade américaine, annoncée en décembre dernier.


(Lire aussi : Pompeo confirmé au poste de secrétaire d’État)

Objectif personnel
Au-delà des considérations diplomatiques, la visite de M. Pompeo dans la région doit lui permettre de se démarquer de son prédécesseur, Rex Tillerson, limogé en mars dernier par le président américain. Considéré comme un « faucon », il a l’avantage d’avoir l’oreille du locataire de la Maison-Blanche avec qui il partage les mêmes idées en matière de politique étrangère ; là où MM. Tillerson et Trump n’ont cessé de se contredire publiquement. L’ancien secrétaire d’État américain se trouvait dans une position délicate face à une institution lui étant hostile, disposant d’une voix affaiblie et ayant peu de portée pour contrer la diplomatie du tweet du président américain.
D’autant plus que « jusqu’ici, c’était Jared Kushner (le gendre de M. Trump) qui menait en réalité la politique américaine au Moyen-Orient », note M. Sellin. M. Kushner connaît cependant des troubles avec la justice américaine ces derniers mois concernant les finances de l’empire familial. Celui qui échangeait directement par WhatsApp avec le prince héritier saoudien Mohammad ben Salmane et dont les parents sont des amis de longue date des Netanyahu n’a par ailleurs plus accès aux documents américains classés top secret. Marginalisé, il se trouve en difficulté pour la gestion des affaires américaines au Moyen-Orient. Dans ce cadre, « l’un des objectifs prioritaires et personnels de Pompeo est de réaffirmer l’autorité du département d’État américain et ainsi de reprendre la main », ajoute-t-il.
L’ancien chef de la CIA dispose déjà de nombreux atouts alors qu’il entretient de bonnes relations avec le Premier ministre israélien. Toutefois, « M. Pompeo devra prendre compte des difficultés que connaissent M. Netanyahu et MBS sur le plan interne » dans le cadre des discussions avec eux, précise M. Sellin. Le Premier ministre israélien est affaibli sur la scène politique israélienne alors qu’il est mêlé à des affaires de corruption, tandis que le prince héritier saoudien s’emploie à réformer le royaume, autant de facteurs pouvant influencer les prises de position de ces derniers en matière de politique régionale.


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Seulement deux jours après avoir officiellement enfilé le costume de secrétaire d’État des États-Unis, Mike Pompeo débute sa nouvelle carrière au pas de course. Après s’être rendu hier à Bruxelles pour rencontrer ses homologues de l’OTAN pour la première fois, il poursuit sa lancée en mettant les voiles en direction du Moyen-Orient. Au programme de ce week-end : l’Arabie...

commentaires (2)

A peine au poste il réclame plus d'argent aux Européens, lol.

FRIK-A-FRAK

17 h 49, le 28 avril 2018

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Commentaires (2)

  • A peine au poste il réclame plus d'argent aux Européens, lol.

    FRIK-A-FRAK

    17 h 49, le 28 avril 2018

  • DES FAUCONS SANS AILES !

    LA LIBRE EXPRESSION

    12 h 49, le 28 avril 2018

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