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Culture - Récompense

Christine Tohmé, récipiendaire triplement heureuse d’un prix « humain et humaniste »

La fondatrice de Ashkal Alwan est lauréate, avec une ONG argentine, du 15e prix Unesco-Sharjah pour la culture arabe.

Christine Tohmé, fondatrice et directrice de Ashkal Alwan.Photo Gilbert Hage

Qu’on la désigne comme étant curatrice, animatrice culturelle, conservatrice ou activiste, Christine Tohmé reste avant tout, indéniablement, un catalyseur de compétences artistiques.
La fondatrice (en 1993) et directrice de l’Association libanaise pour les arts plastiques, Ashkal Alwan, lutte, depuis trois décennies au moins, pour soutenir une production artistique variée et multidisciplinaire. Œuvrant avec rigueur, ténacité et engagement, elle a tissé un solide réseau de partenariat pour la réflexion, le dialogue et l’échange tant sur le plan local que régional ou international. Ses années de travail acharné viennent d’être récompensées par la 15e édition du Prix Unesco-Sharjah pour la culture arabe – conjointement avec l’ONG argentine Asociación Civil del Creciente Cine Fértil para la Promoción de la Diversidad Cultural qui promeut la culture arabe en Amérique latine à travers des festivals de films arabes, des productions audiovisuelles. Cette récompense lui a été attribuée pour son soutien à « la recherche, au débat et aux partenariats, ainsi qu’à la mise en réseau aux niveaux régional et international », selon le communiqué de l’Unesco qui ajoute : « En établissant des liens entre les artistes de sa région avec le reste du monde, elle (NDLR: Christine Tohmé) contribue à créer un environnement favorable pour que les jeunes générations s’engagent dans une production locale. »


« Je suis très contente de recevoir ce prix, c’est un moment spécial », a réagi la lauréate au cours d’un entretien téléphonique avec L’Orient-Le Jour. « Le Prix Unesco-Sharjah pour la culture arabe récompense des personnes ayant œuvré à la diffusion d’une meilleure connaissance de l’art et de la culture arabes. Cela implique une reconnaissance non seulement pour l’art en tant que tel, mais aussi et surtout pour le dialogue des cultures et la liberté d’expression. »
Et Tohmé d’enchaîner : « Ce qui me fait doublement plaisir, c’est que l’institution qui la décerne, l’Unesco, nourrit le monde de l’art et œuvre pour les droits de l’homme, pour l’expression libre de contraintes et l’échange des cultures. Mon troisième plaisir vient du fait que je vais aller à Paris, le 15 mai, pour recevoir le prix des mains de la directrice générale de l’Unesco, Audrey Azoulay ». Le prix, doté d’un montant de 60 000 dollars, est réparti à parts égales entre les deux lauréats. Christine Tohmé ajoute en riant, pour son plaisir numéro 3, qu’elle puisera sans doute dans cette somme pour s’offrir quelques jours de vacances, chose qu’elle n’a pu faire depuis des années. Sur un ton plus sérieux, elle affirme qu’elle en profitera pour prendre soin d’elle-même, de sa maison, de sa fille.

Christine Tohmé avait reçu en 2006 le Prix Prince Claus « pour sa contribution à la culture libanaise » et le Prix Audrey Irmas en 2015 pour le commissariat d’excellence – conjointement avec l’artiste Martha Wilson – décerné chaque année par le Centre d’études curatoriales du Bard College (Center for Curatorial Studies – Bard, Annandale-on-Hudson, NY).
 « Chaque prix est différent, souligne-t-elle. Le prince Klaus récompensait mon action culturelle sur la scène libanaise, celui du Bard College soulignait l’innovation et la réussite en tant que commissaire /curateur d’expositions. Celui de l’Unesco a une portée humaine et humaniste qui s’intéresse non seulement à l’art, mais aussi à l’être humain en général dans sa dignité et sa relation avec l’autre ». « Tout mon travail, toute mon action culturelle sont dirigés vers un but primordial : rendre meilleure la vie des générations futures. »

Pour la jeune femme, ce prix comprend également un message : « Par les temps difficiles sur les plans politique et social, à force de se heurter à des obstacles, il arrive parfois que l’on remette en question son travail et que l’on se demande s’il faut penser différemment ce qu’on est en train de faire. Mais voilà, recevoir un prix pareil, cela vous redonne confiance et vous fait comprendre qu’il y a des gens qui apprécient, qui tâtent la différence. Cela ne résout pas nos problèmes, mais cela nous fait savoir qu’il y a quelqu’un qui voit et qui nous dit merci pour ce que nous faisons. »
Tohmé tient également à remercier ses collègues et son comité de direction à Ashkal Alwan, association qui soufflera ses 25 bougies en décembre 2018. Outre les festivités (culturelles évidemment) qu’elle prépare pour l’occasion, elle mijote le programme de Home Works 2019, forum réunissant des artistes, écrivains, cinéastes et chorégraphes pour une programmation publique comprenant des expositions, des tables rondes, des projections de films et des spectacles.
Forte de cette reconnaissance internationale, Christine Tohmé poursuit donc son engagement en faveur de l’écriture, de l’édition, de la documentation et de l’archivage, et dédie son prix à la ville de Beyrouth. « Cette ville pour laquelle je travaille depuis toujours. »


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