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Moyen Orient et Monde - Corée du Nord

Fin des essais nucléaires : scepticisme après les annonces de Pyongyang

L’annonce samedi par la Corée du Nord de la fin des essais nucléaires et des tests de missiles intercontinentaux laisse certains experts sceptiques sur les intentions réelles de Kim Jong-un et sur l’influence qu’aurait eu la politique du président américain sur cette décision.
La déclaration surprise samedi du dirigeant nord-coréen intervient avant un sommet historique qui devrait avoir lieu entre MM. Kim et Trump, en principe début juin. Il y a moins d’un an seulement, le président américain promettait « le feu et la colère » au numéro un nord-coréen qui menaçait de tirer des missiles à proximité du territoire américain de Guam. Plusieurs spécialistes de la question accueillent l’annonce de Kim Jong-un avec scepticisme. Ils notent que le dirigeant n’a pas donné de signe d’un prochain désarmement et s’interrogent sur les concessions américaines en échange. Le locataire de la Maison-Blanche Donald Trump a affirmé hier n’avoir « rien cédé » à la Corée du Nord. « Nous n’avons rien cédé et ils ont accepté la dénucléarisation (très bien pour le monde), la fermeture de sites et la fin des essais », a écrit M. Trump sur Twitter, répondant apparemment aux commentaires d’un journaliste de la chaîne télévisée NBC News. « La route est longue avant une conclusion sur la Corée du Nord, ça va peut-être marcher, ou pas – l’avenir le dira... Mais ce que je fais maintenant aurait dû être fait il y a longtemps ! » a-t-il ajouté.
 « Toutes les décisions prises par Kim sont réversibles et ne sont que des mots et des promesses dans le vide, alors que la Corée du Nord n’est pas connue pour tenir ses promesses », affirme Harry Kazianis, spécialiste des questions de défense au centre de réflexion conservateur Center for the National Interest. Même si le dernier essai nucléaire nord-coréen remonte à septembre 2017, et le dernier lancement de missile balistique à novembre, M. Kazianis rappelle que Kim Jong-un pourrait rapidement relancer ces programmes s’il n’obtient pas ce qu’il veut lors du sommet avec le président sud-coréen Moon Jae-in, le 27 avril, puis dans ses discussions avec Donald Trump.
« La communauté internationale devrait espérer, mais ne pas être stupide », assure l’expert. Plusieurs autres analystes minimisent l’impact de l’annonce de Pyongyang, soulignant que si la Corée du Nord offre une pause dans les essais, elle réaffirme son statut de puissance nucléaire et ne va pas vers une dénucléarisation de la péninsule, la priorité américaine. Les observateurs marquent aussi leur méfiance à l’égard de la Corée du Nord, après des décennies de fausses promesses sur son programme nucléaire. D’autres, comme Joel Wit, de l’Institut américano-coréen à l’Université Johns Hopkins, se disent au contraire frustrés par cette vague de scepticisme.

« Gâteux » contre « Petit homme-fusée »
Selon lui, Kim Jong-un a montré clairement qu’il abandonnait son programme nucléaire pour moderniser l’économie. Le pays doit « maintenant se concentrer sur le développement de l’économie socialiste », a dit samedi le dirigeant nord-coréen. « Je ne sais pas ce qu’il faut aux gens pour être convaincus que c’est sérieux », dit M. Wit. « Ce sont des choses que personne n’attendait », ajoute-t-il, rappelant les insultes mutuelles en septembre entre Donald Trump traité de « gâteux » par Kim Jong-un, lui-même qualifié de « petit homme-fusée » en « mission suicide » par le président américain.
Joel Wit estime également que l’administration américaine a « certainement joué un rôle dans les événements récents », mais note que Pyongyang a un plan à long terme plus clair que Washington. Si l’annonce nord-coréenne réchauffe l’ambiance avant les sommets avec le Sud et M. Trump, elle déplace la pression sur l’administration américaine pour négocier sérieusement et tenter de trouver une issue positive, ajoute M. Wit. Washington veut une dénucléarisation complète, vérifiable et irréversible du Nord alors que, selon le Sud, Pyongyang souhaite des garanties sur sa sécurité, un sujet à hauts risques de désaccords. Le Nord réclame notamment le retrait des troupes américaines de la péninsule coréenne et l’abrogation des accords de sécurité avec Séoul, deux choses inacceptables pour Washington.
 Thomas WATKINS / AFP

L’annonce samedi par la Corée du Nord de la fin des essais nucléaires et des tests de missiles intercontinentaux laisse certains experts sceptiques sur les intentions réelles de Kim Jong-un et sur l’influence qu’aurait eu la politique du président américain sur cette décision.La déclaration surprise samedi du dirigeant nord-coréen intervient avant un sommet historique qui devrait...

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